Chaput, E. (2012) « Fischbach, F. (dir.), Marx - Relire Le Capital », Ithaque, 11, p. 81-85. (original) (raw)

Recension: Comment lire le Capital de Marx ?

Lire Marx, 2023

Dans la préface de la première édition du livre I du Capital, Karl Marx écrit : « En toute science, c’est toujours le début qui est difficile. C’est donc la compréhension du premier chapitre, notamment de la section qui contient l ‘analyse de la marchandise, qui causera le plus de difficulté ». Il n’est donc pas étonnant que face à ce début difficile, Louis Althusser ait, comme il est bien connu, encouragé le premier lecteur à mettre de côté la première section sur « Les marchandises et la monnaie » et à n’y revenir qu’après avoir lu le reste de l’ouvrage. Et même alors, de le faire « avec d’infinies précautions, […], en sachant qu’elle restera toujours extrêmement difficile à comprendre, même après plusieurs lectures des autres sections, sans le secours d’un certain nombre d’explications approfondies ».

Chaput, E (2016), "Hegel, la propriété et le libéralisme", Phares, 16, p.219-238.

Nombreux sont les lecteurs de Hegel à avoir souligné l'intérêt et la perspicacité du philosophe au sujet des bouleversements de la société à l'ère du capitalisme naissant : « Dès le début du siècle, à une époque donc où triomphaient les " harmonies économiques " , Hegel qui a lu et commenté Stewart et Adam Smith, décrit avec une stupéfiante perspicacité les contradictions qui déchirent ce qu'il appelle la " civilisation industrielle " 1 ». Malgré ces analyses qui anticipent et recoupent certains aspects de la critique marxienne, Marx et ces continuateurs verront principalement dans la philosophie politique hégélienne centrée autour de son concept d'État la promotion d'« une idée mystique d'unité qui voile la réalité empirique des divisions de la société bourgeoise 2 ». Hegel, en tant qu'il omettrait le conflit social au coeur du capitalisme, serait ainsi, à leurs yeux, un apologue de l'état de fait, de l'immobilisme et du consensus abstrait. Si l'enjeu est donc de situer la pensée rien de moins que complexe d'un philosophe comme Hegel par rapport aux développements sociétaux de son époque, force est de constater que nous faisons face à une position fort ambiguë. Hegel est-il un précurseur de la critique du capitalisme naissant en soulignant les contradictions du libéralisme ou n'est-il pas plutôt, à travers son concept d'État, le théoricien du despotisme prussien ? Tout en prétendant décrire le réel 3 , ne trace-t-il pas, comme le prétendait la critique marxienne, un portrait mensonger du monde politique dans lequel il vit, en omettant les tensions internes de la société allemande pour souligner l'unité de l'Un et du Multiple, du pour soi individuel et de l'en soi commun dans la figure de l'État ? Le présent texte se veut une contribution à ce genre de réflexion sur la nature de la pensée politique de Hegel. On tentera ainsi, à travers l'analyse du concept de propriété chez Hegel, de questionner le rapport que ce dernier entretenait avec le libéralisme.

Le Capital au XXIe siècle. Volume II. A propos de : Thomas Piketty, Capital et idéologie, Paris, Seuil, 2019

Sens public, 2020

Dans cet ouvrage de presque 1200 pages, l’économiste Thomas Piketty explore, en une perspective historique et comparée, les soubassements idéologiques et politiques des structures économiques et sociales. Il s’agit de percer, dans le temps et l’espace, les ressorts de la relation entre la politique et l’économie, afin de comprendre comment les « régimes inégalitaires » s’établissent, se transforment ou se perpétuent. Étayant le constat d’une exacerbation des inégalités socioéconomiques depuis une trentaine d’années, le chercheur propose des pistes de réflexion en faveur d’un modèle de développement socialement plus juste.