Husserl. L’Idée de la phénoménologie (1907), à la croisée des chemins (original) (raw)
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La phénoménologie s'annonce dès son invention comme le titre d'une nouvelle tâche philosophique : celle d'une nouvelle fondation de la logique. La logique désigne donc la tâche même de la phénoménologie et se dédouble alors en deux acceptions : (1) la logique traditionnelle infondée qui pêche, soit par son psychologisme-n'assurant pas l'objectivité de ses concepts et de ses lois-, soit par son objectivisme naïf-n'interrogeant pas son propre rapport à l'objet ; (2) et la logique phénoménologique fondatrice qui vise, soit à assurer l'objectivité idéale des lois de la logique contre le psychologisme pour se faire « logique pure », soit à interroger son rapport à l'objet contre l'objectivisme naïf pour se faire « logique de la vérité ». C'est en ces deux derniers sens, comme « logique pure » et comme « logique de la vérité » que la logique vient donc se confondre avec la phénoménologie-la tâche fondationnelle de la phénoménologie devenant la tâche même de la logique. Seulement, comme en témoigne d'ores et déjà cette première scission, la logique phénoménologique se trouve divisée entre deux aspirations : sa tendance à la pureté des lois logiques au fondement de toute connaissance, et son attirance irrépressible pour ses domaines fondateurs concrets. La logique phénoménologique tend donc tout autant à se défaire de ce qui peut entacher son idéalité, qu'à venir se loger au coeur des choses mêmes, au risque de perdre sa pureté. De même se voit-elle de nouveau divisée en ses différents lieux de fondation qui, de la logique-du-monde à la logique transcendantale, témoignent de l'équivocité de sa tâche fondationnelle. La logique s'ouvre tout autant à l'analyse « logique » des vécus psychiques, qu'à l’analyse « logique » du monde et des lois structurelles de son apparaître. C’est en ces différents sens que les articles de ce dossier entendent interroger la logique phénoménologique : comme logique du vécu, comme logique du monde et, finalement, comme logique de l’expérience.
Le surcroît d’imagination dans le récit. Comment Husserl apporte un complément aux vues de Ricœur
Études Ricoeuriennes / Ricoeur Studies
J’examine pourquoi et dans quel sens l’imagination est présente dans un récit portant sur des faits ou des événements réels. Je présente le problème tel qu’il est énoncé par Paul Ricœur lorsqu’il introduit les trois genres du « Même », de « l’Autre » et de « l’Analogue » afin d’expliquer comment un récit peut rendre des faits et des événements « tels qu’ils se sont réellement passés ». J’en appelle, pour la solution, à la notion de « phantasma » d’Edmund Husserl, qu’il considère comme le support de l’imagination pure, comme lorsque j’imagine un centaure. Le phantasma joue dans l’imagination pure le même rôle que les sensations dans la perception. Je soutiens qu’un récit comporte un phantasma – ce qu’il nous permet de visualiser et d’expérimenter à la lecture d’un récit – et que ce phantasma est analogue aux sensations de perceptions que les premiers observateurs avaient de ces faits et événements. Il n’y a donc pas, premièrement, de différence radicale entre la perception et l’imagi...
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De la logique au monde : un chemin dans la phénoménologie husserlienne
Cette étude se propose de retracer le chemin qui mène, dans l’œuvre de Husserl, de la logique au monde, et plus précisément, du projet de « logique pure » formulé dès 1900 dans les Prolégomènes à la logique pure, à celui d’une « logique-du-monde » annoncé en 1929 en conclusion de Logique formelle et logique transcendantale. Il s’agira moins toutefois de retracer ce cheminement historique, que de dévoiler la nécessité logique de ce glissement, depuis un seul et unique projet fondationnel. C’est afin d’accomplir sa propre tâche fondationnelle comme « théorie de la science » ou « théorie de la connaissance », que la logique doit se faire « logos du monde esthétique ». Et c’est donc un même concept de « logique », défini depuis cette tâche elle-même, qui subsiste tout au long de ce déplacement. Ainsi s’agira-t-il de retracer les différences étapes « logiques » de ce cheminement, au sens non-historique des différents déplacements conceptuels qu’il implique : du relativisme psychologique à la logique pure, de l’apophantique à l’ontologie, et de l’ontologie formelle à la logique-du-monde comme « ontologie mondaine authentique ». La logique restant une discipline apriorique, le concept d’ « a priori » se verra redéfini au gré de chaque déplacement jusqu’à venir désigner l’a priori matériel du monde lui-même. D’un monde dont nous finirons donc seulement, au terme de ce parcours, par entrevoir la logique.