Provenance d’artefacts en rhyolite corse : évaluation des méthodes d’analyse géochimique (original) (raw)

Analyse géochimique et provenance des grenats ornant les chefs-d’oeuvre de l’orfèvrerie mérovingienne conservés au département des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France et au musée des Beaux-Arts et d’archéologie de Troyes

Antiquités Nationales, 2022

Cet article rapporte l’étude des grenats ornant des objets mérovingiens en style cloisonné conservés au département des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France et au musée des Beaux- Arts et d’archéologie de Troyes. La composition chimique des grenats a été déterminée in situ et sans contact par fluorescence de rayons X, à l’aide d’un équipement mobile et d’un protocole analytique spécialement mis au point pour l’occasion. Les mesures sont interprétées à la lumière des résultats obtenus précédemment sur un vaste corpus d’objets d’Europe qui ont permis de distinguer cinq types de grenats correspondant à différentes sources d’Europe et d’Asie du Sud-Est. Les objets du début de la période mérovingienne (Ve-VIe siècles) étudiés ici comportent très majoritairement des grenats pyraldins de type III provenant du Sri Lanka (Ceylan), en association, pour certains objets, avec de petits cabochons en pyropes chromifères de type V provenant des gisements de Bohême (République tchèque). Les objets étudiés datés de la fin de la période mérovingienne (VIIe siècle) sont quant à eux ornés de grenats pyropes de type IV provenant de la mine de Monte Suímo, au Portugal (Lusitanie), déjà mentionnée par Pline l’Ancien. Ces résultats corroborent et complètent le schéma d’approvisionnement en grenats et son évolution établi au cours de nos travaux précédents. Si, durant la période mérovingienne, l’emploi de grenats provenant d’Inde (types I et II) était la règle, dans la période tardive les orfèvres ont eu recours à des grenats d’Europe, du fait du tarissement des sources asiatiques, pour des raisons encore discutées. Cette étude montre aussi qu’au début de la période mérovingienne, des grenats provenaient du Sri Lanka (Ceylan), en continuité avec ceux employé pour la glyptique dans l’Antiquité, et confirme aussi que les gisements de Bohême, en République tchèque, étaient exploités bien plus précocement qu’il est communément admis. This paper reports the study of garnets adorning Merovingian objects in cloisonné style conserved at the département des Monnaies, médailles et antiques of the Bibliothèque nationale de France and at the musée des Beaux-Arts et d’archéologie de Troyes. The chemical composition of garnets has been determined in situ and without contact by X-ray fluorescence, using a mobile equipment and a suitable analytical protocol The measurements are interpreted in the light of the results obtained on a large body of objects from France and Europe, which have made it possible to distinguish five types of garnets corresponding to several sources in Europe and South-East Asia. The objects from the beginning of the Merovingian period (5th century AD) studied here mainly bear type III pyraldine garnets from Sri Lanka (Ceylon), supplemented for some objects by small type V pyrope cabochons from the Bohemian deposits (Czech Republic). Objects dating to the end of the Merovingian period (7th century AD) are adorned with type IV pyrope garnets from the Monte Suímo mine in Portugal (Lusitania), already mentioned by Pliny the Ancient. These results corroborate and complete the garnets supply picture and its evolution previously established. While in the main Merovingian period the use of type I and type II garnets from India was the rule, in the late period, because of the drying up of this source for reasons still discussed, the goldsmiths had recourse to garnets from Europe. But it also appears that at the beginning of the Merovingian period, garnets came from Sri Lanka, in continuity with those employed in Antiquity for glyptic, and that Bohemian placers were already exploited at that time, much earlier than thought.