L'harmonie originaire entre hommes et animaux, sa couture et sa restauration à la fin des temps chez Philon d'Alexandrie, in : Cutino, I. Iribarren, F. Vinel (éd), La restauration de la création. Quelle place pour les animaux? Brill, Leiden-Boston 2018, pp. 81-101 (original) (raw)
À partir de l'idée partagée avec les stoïciens de l'absence de raison dans les animaux, Philon pense à une impossibilité d'amitié entre hommes et animaux. L'hostilité des bêtes sauvages provient d'une "anthipatie" naturelle, n'est pas le fruit de délibération. Cette absence d'amitié et de relations de justice entre eux continuera aussi à la fin des temps. Il y aura quand-même une harmonie, cette même harmonie qu'il y avait au debûts du monde. En effet il y a une stricte relation entre hommes et animaux, une parenté entre toutes les choses du monde de sorte que, quand il y a des mutations dans une sphère du réel, elles se répercutent sur les autres. On peut le voir en relation aux conséquences payées par les animaux à cause des transgressions humaines même s'ils n y ont pas eu part. On le voit aussi en relation à la fin des temps quand la nature entière sera bouleversée et les conditions du vivre changeront complètement. Ces changements et le retour à une situation presque édénique à la fin des temps sont abordés ici. Les thèmes dont je parle sont: 1) l'harmonie de la nature. Son ordre est continu, mais il y a des coupures. Dans cette situation ordonné, l' hostilité des animaux sauvages envers l'homme est un fait naturel; 2) les conséquences des fautes des hommes sont payées aussi par les animaux: éxpulsion du Paradis, déluge; 3) c'est peut être dans ce même cadre qu'on peut insérer le thème des châtiments administrées aux hommes avec la contribution des animaux, tels que l'action des guêpes qui combattront pour les justes pendant la guerre eschatologique, des moustiques, des grenouilles, des sauterelles en Egypte. Afin de perdre les impies Dieu utilise les éléments de l'univers, ces mêmes éléments dont le monde a été constitué. La nature prend donc part au châtiment; 4) une restauration aura lieu à la fin des temps et concernera tous les vivants, hommes et animaux. Les animaux deviendront pacifiques et non plus nuisibles. Dans le climat de pacification génèrale, on n'aura plus guerre entre les hommes, ni antre hommes et animaux qui resteront quand même soumis. Ils seront inoffensifs et amis des hommes même en leur étant toujours soumis, exactement comme c'était au débûts de la création, au moment où Dieu chargea Adam de donner les noms aux bêtes et établi une relation de maîtrise pour l'homme. Crocodiles, mangeurs d'hommes, hippopotames, bêtes terribles et dangereuses, animaux qui vivent dans ou près du Nyle ou dans les océans n'attaqueront plus l'homme qui passerait sacré et indemne, devenu inviolable pour sa vertu; les animaux, mangeurs d'hommes, seront converties à la paix. Le discours sur les animaux rentre dans la conception philonienne de l'universalisme et de l'accord qui règne non seulement entre les nations, mais dans toute la nature. Tout le monde est une unité gouvernée par la loi établie au debûts de la création par Dieu qui a décidé les liens entre les differentes parties, les δεσμοί cosmiques. À la fin des temps il y aura une réstauration dans tout le monde, voir une conciliation entre les parties.