Esthétique du virtuel - Esthétique de l'expérience (original) (raw)
INHA, Paris, 28-30 mars 2018 - IRCAV, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
Dans le contexte expographique de l’art contemporain, la mise en scène d’hypothèses expérientielles est, de plus en plus, l’objectif à atteindre. À l’intérieur d’espaces d’exposition hybrides et à l’issue de propositions artistiques qui ont trait à l’expérience esthétique du spectateur, l’espace se fait un « lieu potentiel d’action » (Fleury, 2002 : 36). De même, l’oeuvre, l’exposition, étant assimilées aux dynamiques de leur réalisation, conduisent le spectateur à « chorégraphier » sa position dans l’espace, en faisant de l’acte d’appréhender un exercice de création esthétique. L’expérience, quant à elle, non plus limitée au simple artefact, serait ainsi à voir comme une forme de rencontre, « […] une relation sensorielle que quelqu’un maintien avec l’espace environnant. » (Massin, 2013 : 28). Dans ce contexte, les expérimentations artistiques ou muséographiques en réalité augmentée mobilisent les enjeux et les débats sur l’ontologie de l’idée de virtuel et d’expérience esthétique, à l’intérieur d’une dynamique hybride où divers niveaux spatiaux « coexistent pacifiquement » (Cauquelin, 2006). En tant qu’« espace sans lieu » dans un « temps aboli » (Cauquelin, 2006 a : 121), le virtuel demande une reconsidération de l’idée d’expérience esthétique, d’actualisation et de temporalité ; cela ouvre vers une approche polysensorielle (évoquant le phénomène de la parallaxe) qui vient modifier non seulement les dispositifs artistiques et leur mise en oeuvre, mais aussi le mouvement corporel entendu comme continuité du corps du spectateur explorant « l’infinie richesse de ses propres états virtuels » (Delseaux, Weber, 2006 : 190). L’exposition WeARinMoMA (2010) au MoMA, le projet ARtours (2010) du Stedelijk Museum, et l’oeuvre The Alter Bahnhof Video Walk du couple d’artistes Cardiff et Bures Miller (Documenta 12, 2012, Kassel), nous permettrons de sonder la relation au virtuel du corps spectatoriel. En effet, ces trois exemples – une exposition muséale en réalité augmentée, une APP qui permet d’expérimenter virtuellement l’espace d’exposition et une oeuvre qui spatialise deux temporalités narratives dans un espace public – offrent l’occasion d’approfondir les implications du virtuel dans la reconfiguration des rapports entre spectateur et art et entre les procédés de création, de mise en exposition et d’appréhension esthétique. Il s’agira, en résumé, d’approfondir le concept d’esthétique du virtuel à travers le filtre du spectateur lorsqu’il est invité à pénétrer à l’intérieur de ces espaces virtuels, dits de « troisième génération » (Davallon, 2003 : 28), qui reconfigurent les dynamiques de perception et de réception environnementale.