CHRISTOPHE GRELLARD * LE PHILOSOPHE ET LE GLOUTON. LE PLAISIR DE BOIRE ET DE MANGER DANS LES COMMENTAIRES DE L'ÉTHIQUE À NICOMAQUE (original) (raw)
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On ne peut pas reprocher à Guillaume d’ignorer les résultats de la recherche archéologique, anthropologique et historique des dernières vingt années. On peut et on doit cependant clairement montrer les contradictions formelles que ces leçons contiennent. Gustave Guillaume pour des raisons qui nous échappent fonctionnait avec deux modèles formels ; un modèle binaire surprenant mais très rhétorique, j’entends digne de la classe de rhétorique du lycée qu’il avait du suivre : « thèse + antithèse = synthèse », formulation largement reprise par Saussure et sa formule « langage = langue + parole » que Guillaume ne fait que transformer en « langage = langue + discours ». Cependant dès qu’il entre, à la suite de Meillet fréquemment cité, « chaque langue forme un système où tout se tient et a un plan d’une merveilleuse rigueur. » (256), dans les (sous-)systèmes qui composent le système global d’une langue ou le système encore plus global du langage, il emploie un modèle ternaire très systématique : les trois chronothèses de la chronogenèse, les trois aires de la glossogénie, etc. Il insère cette triade mentale dans le tenseur binaire ce qui donne « langage puissanciel || effection || langage effectif » (285) mais cette effection qui est bien une opération en soi est réduite à un seuil ou centre d’inversion qu’il ne compte alors plus comme une opération ternarisant le tenseur binaire qu’il s’obstine à définir comme binaire. Cela est étrange mais plus de cinquante ans après le délivrance de ces leçons il est bien sûr impossible de faire l’impasse sur la recherche qui a eu lieu pendant ce demi-siècle et on se doit d’appliquer les trois consignes de Guillaume sans oublier la deuxième de l’exploration de l’effection (« 2. explorer l’effection »). Les linguistes ont du pain sur la planche mais ils se doivent de devenir anthropologues et archéologues s’ils veulent comprendre la langue. La question cruciale est : QUELLE EST L’ORIGINE DU LANGAGE ? Cette immense recherche vaut bien un désagréable désagrément avec les créationnistes d’inspiration religieuse ou les innéistes d’inspiration chomskyenne. Cela permettrait aussi d’ailleurs de comprendre que la Singularité de Ray Kurzweil est, comme son nom l’indique, un peu courte ou singulière.
PHILOSOPHE-ROI CHEZ POÈTE-EMPEREUR : LA RÉCEPTION DE PLATON DANS LE CERCLE DE STEFAN GEORGE
At the beginning of the twentieth-century, Germany witnessed the emergence of the ‘George-Kreis’, a creative, intellectual association led by the poet Stefan George (1868-1933). Conceived in defiance of, and as a radical alternative to the University milieu, the Circle (forming part of a broader ‘spiritual movement’ championed by George) promoted Plato as its political and educative model. Between 1910 and 1933, the ‘Georgeans’ published six monographs on Plato, as well as numerous articles and translations, some of which are still reedited today. This article charts the development of Georgean platonism (in part, drawing on archival materials) in order to analyse the hermeneutic principles of the Circle’s ‘platonistic cult’ elaborated in reaction to the readings of University-based philosophers and philologists (notably, Paul Natorp and Ulrich von Wilamowitz-Moellendorff). Deliberately anachronistic, the Georgeans practised a sort of self-justificatory ‘fusion of horizons’. They believed that, by frequenting the Circle and conversing with George, esteemed as the most genuine and faithful inheritor of the Platonic spirit, they were better qualified than their academic peers to interpret the ancient philosopher’s mind. By way of conclusion, the article reviews the impact of Georgean Platonism on contemporary and subsequent Platonic studies.
FRENCH STUDIES IN SOUTHERN AFRICA, 2004
: Long roman épistolaire consacré aux amours contrariées des deux héros éponymes, Aline et Valcour ou le roman philosophique de Sade constitue aussi une sévère condamnation de la noirceur des âmes et des actions des gens de la bonne société de la fin du dix-huitième siècle. L’interminable “Lettre trente-cinquième” que Déterville adresse à Valcour, et qui narre l’histoire des amours de Sainville et de Léonore, permet à Sade de déplacer le cadre de son roman dans des contrées exotiques. Cependant, elle a moins pour finalité de dépayser le lecteur que de lui donner à voir, via l’anti-utopie de Butua, un monde qui fonctionne à la fois comme miroir et envers du monde civilisé.
LA COHÉRENCE DES IMAGES DE HE 5,1-10 ET LE CONCEPT DE εὐλάβεια CHEZ PLATON, PLUTARQUE ET PORPHYRE
Revue biblique, 2016
SOMMAIRE L'interprétation de He 5,1-10, le célèbre passage qui attribue au messie l'ap-prentissage de l'obéissance par « ce dont il a pâti », tourne autour des oppositions παθεῖν / μαθεῖν, εἰσακούω / ὑπακούω, comme des mots εὐλάβεια et σωτηρία. Un fil rouge semble lier ce langage aux réflexions de deux érudits qui s'inté-ressaient à l'origine des rites et des sacrifices : Plutarque et Porphyre. Le coeur du traité De abstinentia de ce dernier dépend d'un texte de Platon traitant de la mesure que la similitude impose entre le sacrificateur et la divinité. Peut-on placer Hébreux dans ce courant de pensée ? SUMMARY The interpretation of Heb. 5:1-10, the famous passage about the messiah learning the obedience by "what he suffered," is built on the oppositions παθεῖν / μαθεῖν, εἰσακούω / ὑπακούω and on the words εὐλάβεια and σωτηρία. A red thread seems to link this language to the reflections of Plutarch and Porphyry, two ancient philosophers interested in the origin of rites and sacrifices. Porphyry's treatise De abstinentia depends on a text of Plato dealing with the measure drawn by the similarity between priest and deity. Is it possible to locate Hebrews in this line of thinking ? Les commentateurs opposent habituellement la sym-pathie du Christ grand prêtre en He 4,15 à la métrio-pathie, compassion mesurée, attribuée à « tout grand prêtre » dans les versets immédiatement suivants (He 5,2).
PHILOLOGIE ET CRITIQUE GÉNÉTIQUE. ENJEUX THÉORIQUES DE L'ÉDITION DES MANUSCRITS DE SAUSSURE
Compte rendu de la journée d’études internationale Philologie et critique génétique. Enjeux théoriques de l’édition des manuscrits de Saussure », organisée à l'Université de Liège le 1er avril 2011 par Estanislao Sofía et Sémir Badir, avec le concours de l’Université de Liège et du Fonds National belge pour la Recherche Scientifique (FNRS), sous le patronat du Cercle Ferdinand de Saussure.
Gerard of Bologna -Prior General of the Carmelite order during twenty-one years at the beginning of the 14th century- is the first Parisian theologian of his order (1295). His intellectual personality still remains relatively unknown. The goal of this study is to present the figure of Gerard of Bologna, as well as his conception of the doctrina sacra and of the power of God, and to propose a critical edition of some of his major texts treating the potentia Dei. The proposed methodology is that of rereading within context some of the questions raised by Gerard of Bologna, especially in light of the connection between philosophy and theology. This connection is, in fact, representative of the transformations of medieval thought in the first two decades of the 14th century, the epoch in which Gerard taught and wrote. The conception of the sacra doctrina and the doctrine of the potentia Dei are two excellent view points from which to identify the tensions between theology and philosophical rationality at the beginning of the 14th century. Following a century of historiography, of research and of editions, this study also proposes an evaluation and a renewed and updated monograph of the Carmelite theologian, author of Quodlibeta defended in Paris and in Avignon before 1312, as well as a Summa theologiae, written between 1313 and 1317. Relegated to the status of a “history of the states of reason” (Paul Vignaux), the thought of Gerard of Bologna represents an original form of rationality, which does not depend simply upon natural reason, a theological rationality which insists upon the relation to the light of faith and to Revelation.
COCUS ET PHILOSOPHES (AUX ÉCOLES DE MOLIÈRE)
Actes de la journée d'étude organisée par Laetitia DION et Cyril CHERVET « Mariage des Corps, Mariage des Esprits dans la Littérature Française de la Renaissance à l'Âge classique », 2009
Le « raisonneur » de L'École des Femmes, Chrysalde, tient sur l'infidélité conjugale des propos troublants. Pour répondre à l'obsession d'Arnolphe, il expose les avantages du cocuage et engage à accueillir celui-ci avec patience, et même plaisir. La critique s'est montrée désemparée devant une telle démonstration. Certains s'en sont indignés, d'autres n'y ont vu que matière à plaisanterie, d'autres enfin décèlent dans ces propos une philosophie de la sociabilité, essentielle à Molière. Cette étude met l'accent sur les éléments stoïciens des thèses de Chrysalde et tente, à cette lumière, d'apprécier leur statut philosophique. Plutôt qu'un tenant du juste milieu, le « raisonneur » apparaît alors comme le représentant d'une prétendue sagesse, excessive à sa manière, et ridiculisée par la pièce au nom de valeurs qui échappent à la philosophie.