La « galerie au Jardin » du palais ducal de Nancy (1603) et les Métamorphoses de Bellange (1610-1612), in Le Pays lorrain, mars 2018, p. 73-90 (original) (raw)

Vuillemin A. dir., Mulhouse (Haut-Rhin) – Cour de Lorraine, rapport de fouille préventive, Sélestat : Archéologie Alsace, 2019, 2 volumes

MULHOUSE (Haut-Rhin), Cour de Lorraine, Volume 1. Texte : Un fossé du Bas Empire, l’enceinte urbaine médiévale et ses abords (13e - 18e s.), un site industriel textile (2e moitié du 18e s. - 1876 ca), l’école de la Cour de Lorraine, son gymnase et sa tranchée de défense passive (1876 à nos jours)

Le projet de restructuration de l’école élémentaire de la Cour de Lorraine et de construction d’une salle de sport dans la cour de l’école, sur une surface de 1 380 m², a motivé la prescription d’une fouille archéologique préventive. Elle devait permettre, en premier lieu, de saisir les modalités du développement topo-chronologique de l’occupation des abords intérieurs de l’enceinte urbaine, dans ce secteur de la ville, aux périodes médiévales et modernes, et dans un second temps d’étudier la nature, la fonction et le développement topo-chronologique des installations industrielles de la Cour de Lorraine. L’opération archéologique a ainsi permis de caractériser plusieurs phases d’occupation, qui s’étirent entre le 4e s. et le 21e s. La mise en place du substrat géologique s’effectue en trois temps, entre la Protohistoire et le 13e s. (phase 0). Le site se trouvait possiblement en position de fond de chenal, étant soumis à des écoulements dynamiques d’eau. Après les 6e-5e s.av. J.-C., il a été progressivement comblé par des limons traduisant des inondations répétées (phase 0a). S’ensuit une stabilisation sans doute pluriséculaire de la zone, marquée par l’absence de crues et le développement d’un sol. Ce sol a été entaillé par le creusement d’un fossé, sans doute à vocation parcellaire, au 4e s. ap. J.-C. (phase 0b). Le comblement de ce dernier, riches en résidus scoriacés et en fragments de terre cuites, suggère une occupation de type habitat et/ou artisanat à proximité immédiate. Cette occupation antique à la périphérie septentrionale de la ville médiévale et moderne est inédite. Après le 4e s., les crues reprennent avec le dépôt de limons sableux (phase 0d). Le mur d’enceinte de la ville de Mulhouse est érigé durant la première moitié du 13e s. (Phase 1). Il a englobé un espace qui semble avoir été à l’origine vide de toutes constructions. Quelques rares structures en creux, parmi lesquelles au moins une fosse de stockage, sont installées aux abords intérieurs de la muraille dans le courant des 13e-14e s. La rareté des vestiges n’exclut pas la possibilité que cet espace ait été dévolu à des activités agro-pastorales, voire artisanales dans un environnement proche, eu égard à la présence de déchets de production métallurgique dans le comblement d’une fosse. Le système défensif a été complété par la construction d’une fausse-braie revêtue en maçonnerie, sans doute à la fin du 14e s. L’occupation du secteur se densifie légèrement entre la seconde moitié du 15e s. et la seconde moitié du 16e s. (phase 2a). Des maçonneries se recoupant et conservées de manière trop lacunaires pour permettre d’en proposer une identification, sont édifiées aux abords immédiats du mur d’enceinte. Outre quelques fosses et trous de poteaux, deux fossés sont creusés sur la parcelle dont l’un est prolongé par une canalisation creusée en sape à la base du mur d’enceinte (sans doute pour rejoindre le canal du Traenkbach au nord). Un foyer est contemporain de ces structures fossoyées. Un radier de fondation, se déployant parallèlement à l’actuelle rue des Franciscains, quelques mètres au nord de celle-ci, témoigne sans doute d’un bâtiment donnant sur la rue (zone 2). Ce dernier est détruit entre le 16e s. et la première moitié du 18e s. pour laisser placer à un nouveau bâtiment doté d’un sol dallé, et à l’ouest duquel a été construit à un petit four en briques circulaire (phase 2b). Dans le courant du 18e s. (entre 1728 et 1765), un bâtiment de plan en équerre, avec une aile principale dont les étages avaient une vocation d’habitation et une aile secondaire à vocation économique, est édifié dans l’angle sud-est de la Cour de Lorraine. Cette aile secondaire (et le bâtiment en général) a soit été construite durant le 2e quart du 18e s. pour stocker les biens d’un négociant, soit durant le 3e quart du 18e s. pour accueillir une activité manufacturière d’impression sur étoffes (phase 3a). Avant 1797, un bâtiment annexe, à la fonction initiale indéterminée, complète le bâtiment en équerre. Le bâtiment annexe a subi au moins deux extensions consécutives entre 1797 et 1811 (phase 3b). Vers 1820, est édifiée une filature, à savoir un bâtiment de plan rectangulaire allongé, avec sa salle des machines, comportant chaudière et machine à vapeur (phase 3c). La construction de ces bâtiments a nécessité l’arasement de la muraille médiévale qui fermait jusqu’alors la Cour de Lorraine au nord, ainsi que la destruction de la pièce la plus septentrionale des annexes. Le creusement d’un puits pour alimenter la chaudière et le remaniement des bâtiments annexes interviennent à la même période. Entre 1829 et 1842, les différents bâtiments « annexes » qui occupaient le milieu de la cour sont détruits (phase 3d). La phase 4 s’étire entre le deuxième tiers du 19e s. et le début du 20e s. (1842 – 1939). La cour de Lorraine est divisée en deux entités séparées par un mur de clôture en 1842 : l’aile principale et la moitié sud de l’aile secondaire du bâtiment en équerre, avec la cour attenante, n’ont désormais plus qu’une fonction d’immeuble d’habitation (et ce jusqu’en 1876), tandis que la moitié nord de l’aile secondaire, la filature et les bâtiments associés sont toujours exploités par l’industrie textile. Un bâtiment rectangulaire est appuyé contre le mur de clôture, au nord, entre 1856 et 1859. Il accueillait peut-être les bureaux de l’usine. Le bâtiment de la filature subit un incendie en 1870, qui d’après les sources écrites l’a complètement ruiné. Cette catastrophe, dont aucune trace n’a été observée dans l’emprise fouillée, ne semble toutefois pas avoir marqué la fin de l’établissement textile de la Cour de Lorraine. Une nouvelle machine à vapeur et son axe de transmission du mouvement ont été mis en place pour actionner des machines situées dans la moitié nord de l’aile secondaire du bâtiment en équerre. L’activité textile ne cesse définitivement sur le site qu’en 1876, date à laquelle la ville de Mulhouse acquiert la Cour de Lorraine pour y établir une école. La destruction des bâtiments industriels, hormis l’aile principale et la moitié méridionale de l’aile secondaire du bâtiment en équerre, intervient entre 1870 et 1891. Un gymnase est construit dans la cour vers 1891, tandis que la charpente du bâtiment de plan en équerre fait l’objet d’une réfection complète. Durant l’hiver 1939-1940, une tranchée de défense passive au tracé en zig-zag, coffrée en bois, est installée dans la cour de l’école pour offrir un abri aux écoliers en cas de bombardement (phase 5). À l’issue du conflit, peut-être déjà en 1945, les matériaux de construction de l’abri sont en grande partie récupérés et la tranchée est comblée, notamment par l’apport de rejets détritiques. Parmi ces derniers, deux plaques commémoratives en terre cuite avec le portrait d’un autonomiste alsacien, proche des nazis, renvoient aux années d’Occupation. En 1981, un préau est édifié dans la cour de l’école, reliant le gymnase à l’aile nord-sud de l’école. Il est démonté en 2014-2015, peu de temps après la déconstruction du gymnase (opérée en 2012), préalablement aux travaux de construction d’une nouvelle salle de sport.