Antoine Picon, "Le temps du cyborg dans la ville territoire Vers de nouvelles métaphores de l'urbain", in Les Annales de la Recherche Urbaine, n° 77, décembre 1997, pp. 72-77. (original) (raw)

Antoine Picon, "Villes et systèmes d'information : de la naissance de l'urbanisme moderne à la smart city", Flux, "Systèmes d'information et gestion de l'urbain (XVIIIe-XXIe siècles)", n° 111-112, 2018, pp. 80-93.

La montée en puissance récente de la thématique de la ville intelligente ne doit pas faire oublier l’ancienneté des relations entre villes et systèmes d’information. Cet article entreprend du même coup de replacer cette montée en puis- sance dans le cadre d’une histoire plus étendue qui débute à la charnière des XIXe et XXe siècles avec l’avènement de so- ciétés ayant recours à des quantités de plus en plus massives de données pour fonctionner. Il évoque ensuite le moment cybernétique et systémique des décennies 1950-1970 avant d’en venir aux questions soulevées par la thématique de la ville intelligente. À chacune de ces étapes, doctrines et pra- tiques urbaines se modifient en relation directe avec la ques- tion de la ville comme ensemble de systèmes d’informations. This article shows how the recent rise of the smart city approach is actually rooted in a long history of the relations between cities and information systems. This history begins at the end of the 19th century, with the development of information-based societies. It continues during the period of cybernetics and systems theory which proved to be especially​ influential from the 1950s to the early 1970s. The issues raised by the smart city approach are discussed in the last part of the article. At each of these stages, doctrines and urban practices evolve in direct relation with the issue of the city as a set of information systems.

Gwiazdzinski L., 2014, « Face aux nouveaux régimes temporels métropolitains. Les pistes du chrono-urbanisme pour une ville malléable », Urbia n°16, Observatoire universitaire de la ville et du Développement durable, Lausanne, p.179-192

Revue Urbia, 2014

L'effacement progressif de l'unité de temps, de lieux et d'action des institutions, le big bang des organisations et des territoires poussent les individus et les organisations sous pression à s'adapter, entraînent de nouvelles recompositions, d'autres alliances, hybridations ou coalitions temporaires. Au-delà des adaptations en cours, les mutations obligent les acteurs de la fabrique urbaine à prendre enfin en compte le temps, dimension essentielle de la dynamique des villes. Cette sensibilité nouvelle permet d'imaginer les contours d'un « urbanisme augmenté » à la fois temporel et temporaire et des formes inédites de régulation d'une « ville malléable », flexible, souple et adaptable dans ses espaces et dans ses temps. En mettant l'homme et les usages au centre, elle permet de passer du hardware au software, du matériel à l'intelligence collective, du béton à une architecture temporelle des villes et des territoires. The progressive elimination of temporal unity, space and institutional actions, the big bang of organizations and space pressures individuals and organizations to adapt, bringing about new structures, other temporal alliances, hybrids or coalitions. Beyond the adaptations in progress the changes require actors of the urban factory to finally take into consideration time as an essential dimension of urban dynamics. This new awareness allows imagining the outline of a new "augmented urbanism" that is both temporal and temporary and unthought-of regulation, of a "city malleable", flexible, supple and adaptable in its space and time. To focus on human being and use makes it possible to pass from hardware to software, from material to collective intelligence, from concrete to a temporal architecture of cities and space.

La commune au temps de l'urbain

Pouvoirs locaux

Malmenée par l’urbanisation de la société, la commune reste solidement ancrée dans l’administration territoriale des différents pays de l’Union européenne. Débordée par des dynamiques sociodémographiques et économiques, elle est toujours magnifiée comme un échelon de proximité incontournable. Pourtant, elle n’échappe pas aux velléités réformatrices visant à spécifier les territoires urbains. Elle doit faire face à la résurgence de réformes institutionnelles, remises au goût du jour en France avec la dernière réforme territoriale et l’émergence du statut de « métropole ». Plusieurs pays se sont ainsi engagés, avec un succès limité, dans la mise en place d’institutions urbaines et métropolitaines. Au-delà d’une révision institutionnelle de grande ampleur, les communes urbaines françaises se recomposent et se décomposent autour d’une diversité de périmètres qui, ne se superposant pas, compliquent le fonctionnement démocratique local. Par ces biais, le fait urbain s’inscrit progressivement dans l’ordre juridico-politique.

Titre : Anatomie d'une utopie urbaine : le plan général de la ville de St-Pétersbourg de 1717

Août 1716. Alexandre Le Blond, architecte « moderne », polyvalent et aventureux, arrive à Saint-Pétersbourg au terme d'un voyage de 3 mois au cours duquel il rencontre le tsar Pierre Le Grand qui l'a engagé à son service 6 mois plus tôt sur la foi de sa réputation. Il est le seul de sa corporation à Paris à avoir accepté l'offre du tsar pourtant généreusement rétribuée : une rente annuelle double de celle du premier architecte du roi de France. Dès son arrivée sur le chantier de la future capitale russe, Le Blond réalise l'étendue du fossé culturel et technique séparant le royaume de France de l'empire de Moscovie, ainsi qu'on désignait à l'époque la Russie. Malgré cela, il se met au travail pour répondre aux rêves urbanistiques démesurés du tsar et rend dans les premiers jours de 1717 un plan de grandes dimensions dessiné à l'encre de Chine et lavé à l'aquarelle.

Les " mystères urbains ", expression d'une modernité énigmatique

La vogue mondiale des mystères urbains au XIXe siècle est révélatrice des transformations affectant la société et des difficultés des contemporains à les interpréter. Le sentiment d'une plus grande promiscuité sociale (et les inquiétudes qui l'accompagnent), l'évidence d'une violence urbaine, la mise en crise d'un modèle social hérité des siècles précédents, les transformations du paysage urbain sont métaphorisées dans ces oeuvres évoquant inlassablement un sens fuyant à travers un réseau de métaphores cohérentes.Si le genre affirme sa dynamique de dévoilement, il s'inscrit bien davantage dans l'expression d'un obscurcissement du sens et des terreurs qu'il suscite.