Antoine Picon, La ville territoire des cyborgs, Paris, Les Editions de l'Imprimeur, 1998, 113 p. (original) (raw)

La grande ville contemporaine, cette nappe d'infrastructures et d'équipements qui s'étend à perte de vue, désoriente. On la dit chaotique. Mais elle est en même temps le résultat de logiques socio-économiques et techniques qui ne doivent pas grand chose au hasard. Est-elle aussi désordonnée que cela ? Ne serait-ce pas plutôt qu'elle échappe aux grilles de lecture traditionnelles de l'urbanité ? Un autre point de vue, un nouveau type de regard s'avèrent nécessaires afin de l'apprivoiser. Tout regard présuppose un sujet. La ville idéale de la Renaissance était inséparable de cet homme générique, animal doué de raison, microcosme ordonnateur, dont la perspective cherchait à codifier la vision. Dans cet essai, le cyborg tient un rôle comparable, s'agissant cette fois d'explorer les complexités de la ville territoire d'aujourd'hui. Hybride d'homme et de machine, individu parfait parce que rendu pleinement autonome par la technologie, le cyborg est bien sûr une fiction. Cette fiction n'en permet pas moins d'analyser des essentiels de la grande ville d'aujourd'hui, avant de se pencher sur certains aspects de son architecture. L'essai comprend quatre chapitres. Le premier porte sur les caractéristiques générales de la ville territoire et sur le type de sociabilité qu'elle implique entre les hommes, ces cyborgs en puissance. Un second chapitre traite des liens étroits qui unissent la ville et l'univers de la technologie contemporaine. Ces liens sont à l'origine du choix de la figure du cyborg dans cet essai. Le troisième chapitre est centré sur la transformation progressive de l'univers technologique en un environnement, une sorte de paysage fondamentalement différent de celui auquel nous avait habitué la révolution industrielle. Le quatrième chapitre, de loin le plus important, se recentre sur les question d'aménagement et d'architecture au travers de démarches et d'oeuvres comme celles de Renzo Piano, Rem Koolhaas ou Jean Nouvel. / Contemporary cities, these seamless webs of infrastructures, plants and housings, are disconcerting. They are often said to be chaotic. But they are also the result of social, economical and technological processes that are in no way uncertain. Given these premises, one may very well wonder whether they are really disordered and chaotic. The basic assumption of this essay is that they simply cannot be understood in a traditional frame of thought. A new vision is necessary in order to decipher them. A new vision is generally synonymous with a new type of subject. The ideal Renaissance city was designed for a generic human being, whose way of seeing things was codified by perspective. In this essay, the cyborg is supposed to play the same role in relation to the complexities of contemporary cities, boundless cities that look more and more like urban territories. As an hybrid between man and machine, cyborg is of course fictional. Already used by philosophers and historians such as Donna Haraway or Paul Edwards, this fiction is nevertheless revealing. The essay is divided in four parts. The first one deals with the general characteristics of contemporary urban territories and the type of sociability they imply. The second one is devoted to the links between cities and contemporary technology, from computers to videogames. Those links explain the choice made of the cyborg as the prototype of a new urban figure. The third part is centered on the gradual transformation of technology into a kind of environment, a landscape very different indeed from the traditional industrial context. The fourth part, by far the most important, deals with some contemporary trends in urban planning and architecture.