Composition en triplées : Nicolas de Staël, René Char, et Friedrich Nietzsche (original) (raw)
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Nicolas De Staël -peinture et destin
société dans lesquelles il a vu le jour et sur lesquelles il a agi. Il n'est pas le résultat de la société puisqu'il est avant tout un produit de l'imagination de l'homme et il peut même, en tant que langage innovateur, en devenir un modèle de pensée en intervenant ainsi sur la façon d'agir et de penser des collectivités humaines. Cependant, dans de différentes périodes de son Histoire et dans leur tissu complexe de rapports sociaux, l'art porte toujours en soi le signe de l'Homme, sa vie et son destin. Évidemment, en parlant de vie et destin, je ne peux que penser au célèbre roman de Vassili Grossman 1 , un des chefs-d'oeuvre qui nous sont parvenus du siècle dernier. Et de rapprocher l'auteur, né à Berditchev (actuelle Ukraine), en 1905, du peintre dont l'oeuvre est actuellement exposée à la Fondation de l'Hermitage à Lausanne, Nicolas De Staël. Celui-ci, né à Saint Pétersbourg en 1914, s'est donné la mort le 16 mars 1955, dans son atelier à Antibes, au sud de la France. De son côté, Vassili Grossman est décédé à peine quelques années plus tard, le 14 septembre 1964, à Moscou. En apparence, tout semble les séparer : De Staël, né au sein de la haute aristocratie, Grossman de la bourgeoisie juive cultivée. Nicolas De Staël a été exilé et spolié à cause de la révolution russe. Vassili Grossman, après un court séjour en Suisse de 1912 à 1914, où il a vécu avec sa mère, a étudié en Russie. Il a fait des études de chimie, puis, comme écrivain, a appartenu à la nomenklatura (même s'il n'a jamais été inscrit au parti communiste). Il fut ensuite correspondant de guerre et ce fut là, exilé dans son propre pays, que sa vie bascula. Celle de Nicolas De Staël a dévié dès l'âge de cinq ans lorsque lui et sa famille ont dû quitter définitivement la Russie pour s'enfuir en Pologne. À cette tragédie initiatique s'ensuivirent la mort de son père, le général Vladmir De Staël Von Holstein en 1921, et de sa mère, Lubov Von Holstein en 1922. Puis, Nicolas De Staël et ses deux soeurs, spoliés de tous leurs biens par des tuteurs pas très scrupuleux, ont été envoyés dans une famille d'accueil à Bruxelles appartenant à la haute bourgeoisie. Étudiant dans un collège, Nicolas De Staël aurait eu la promesse d'une vie aisée s'il avait suivi des études d'ingénieur comme l'auraient souhaité ses nouveaux tuteurs. Cependant, dès son jeune âge il est poursuivi par le démon de la peinture. « Toute ma vie », dira-t-il, « j'ai eu besoin de penser peinture, de voir des tableaux, de faire de la peinture pour m'aider à vivre, me libérer de toutes les impressions, toutes les sensations, toutes les inquiétudes auxquelles je n'ai jamais trouvé d'autres issues que la peinture » 2. Il est entré à l'école des Beaux-Arts de Saint-Gilles-lez-Bruxelles puis, en 1938, s'est installé à Paris. L'année suivante, il s'est engagé dans la Légion étrangère. Il fut démobilisé en septembre 1940. Il a vécu à Nice avec sa compagne Jeanine Guillou jusqu'en septembre 1943, date à laquelle ils se sont transférés à Paris. Dans la même période, Vassili Grossman, qui avait abandonné la chimie
Amat Matthieu, 2017/2. Nietzsche et Simmel.
Pour comprendre Nietzsche, écrit Georg Simmel en 1896, il faut éviter deux partis : celui des « penseurs de profession », incapables de dégager la « substance intellectuelle » derrière le contenu aphoristique du texte et celui des « partisans inconditionnels », fascinés par la figure de Nietzsche et voyant en lui une sorte de « causa sui intellectuelle ». Il faut s’en prendre en particulier aux interprétations « à la mode », selon lesquelles Nietzsche défendrait l’égoïsme, le cynisme ou l’eudémonisme. Lorsque l’on dégage la substance philosophique du texte, on découvre au contraire que toutes ses préoccupations sont d’ordre moral est qu’il est même « le moraliste par excellence ». Selon Simmel, Nietzsche défend un « idéal éthique objectif » avec une rigueur qui en fait un « parent de Platon ». Pour le comprendre, il faut reconstruire sa « théorie de la valeur », son « concept systématique de valeur ». C’est cette lecture de Simmel, méconnue et fort originale, surtout si on la replace dans le contexte de la première réception de Nietzsche, que nous allons présenter.
Sur la Trinité dans l'art d'occident un duo théologique
Revue des sciences religieuses, 2006
Ce document a été généré automatiquement le 2 octobre 2016. © RSR Sur la Trinité dans l'art d'occident un duo théologique Christoph Theobald et François Boespflug En l'an 2000, paraissait aux Presses Universitaires de Strasbourg le livre de notre collègue François Boespflug intitulé La Trinité dans l'art d'Occident (1400-1460). Sept chefs-d'oeuvre de la peinture. Issu d'une série de cours, il fit l'objet, le 24 novembre 2001, là-même où ces cours avaient été tenus, au Centre Sèvres (Facultés jésuites de Paris), d'une matinée de présentation au cours de laquelle Christoph Theobald s.j. prit longuement la parole. Traduit en allemand dès l'année suivante, le livre fut rapidement épuisé en langue française. Il vient d'être réédité avec une postface de l'auteur. À l'occasion de cette réédition, nous sommes heureux de publier le débat entre lui et Christoph Theobald (CT). Ce dernier a repris les questions et arguments de son texte de 2001, et François Boespflug (FB) lui répond pas à pas. Leur « duo » a paru suffisamment vivant et instructif pour que nous le communiquions intégralement aux lecteurs de la Revue. La Rédaction 1 CT : Dans un article publié en 1999 dans la Revue de théologie et de philosophie de Lausanne, sur « L'Art chrétien comme 'lieu théologique' », tu fais le constat que « les 'grands théologiens' de ce siècle dit 'siècle de l'image' ne lui ont consacré, c'est paradoxal, qu'une portion infime de leur travail. [...] Nous plaidons pour que les théologiens soient encouragés à acquérir une véritable culture d'image, qui leur fasse admettre l'existence d'une 'théologie figurative' 1 ». Je voudrais donc tenter de relever ce défi lancé par toi. Sur la Trinité dans l'art d'occident un duo théologique Revue des sciences religieuses, 80/4 | 2008 Sur la Trinité dans l'art d'occident un duo théologique Revue des sciences religieuses, 80/4 | 2008 Sur la Trinité dans l'art d'occident un duo théologique Revue des sciences religieuses, 80/4 | 2008
« Pour une synthèse des trois évangiles de l’Occident »
Klèsis, n°10, 2008
Il s’agit, au départ, d’essayer de comprendre ce qui a fait la puissance fulgurante de la pensée grecque, à laquelle Ernest Renan avait associé la fameuse expression de « miracle grec » — expression insatisfaisante et étrangère à la culture grecque. Certes, la formule veut décrire la puissance quasi surhumaine d’un déploiement, mais, trop globale, trop magique, elle dispense d’en analyser les causes et les éléments. Par ailleurs, il ne semble pas que les remarques critiques de Jean-Pierre Vernant envers le propos de Renan aient définitivement résolu la question. Comment rendre compte du développement absolument sidérant de la philosophie grecque ? L’auteur propose de mettre en comparaison la philosophie grecque avec deux autres grands mouvements de pensée. D’une part, le christianisme, à l’origine un mouvement religieux à caractère marginal devenant par la suite religion d’État et religion dominante de l’Occident, pour s’étendre partout dans le monde, paraît du même ordre. D’autre part, un autre phénomène dynamique semble lui aussi comparable par son ampleur : c’est le mouvement du modernisme, issu du cartésianisme, répandu maintenant partout dans le monde, ayant tout bouleversé sur son passage. On remarque alors qu’il y a des points communs entre ces trois mouvements : (a) une phase d’enthousiasme, correspondant à une révélation originaire, qui génère alors (b) un vaste processus d’expansion et de libération relativement au donné préalable : le monde terrifiant livré à des puissances obscures et insaisissables, propageant les misères, la maladie, la mort et les superstitions — monde qu’il s’agit de dépasser. Cette libération relativement au donné est apportée par (c) l’annonce d’une "bonne nouvelle", générant une foi et une nouvelle espérance. Or, contrairement au terme « miracle », le mot évangile (evangelion) est bien d’origine grecque, remontant même à Homère. Ces trois grands mouvements de libération de l’Occident (philosophie grecque, christianisme, modernisme) peuvent dès lors être considérés comme des « évangiles » au sens large. Dans le passé, ces trois « évangiles » se sont souvent âprement combattus. En réalité, ils se complètent les uns les autres. On s’en aperçoit maintenant d'autant plus du fait que « l’évangile de l’ingénieur », source de la croyance au progrès, pose beaucoup plus de problèmes qu’il n’en résout : la techno-science, libératrice au départ, devient de plus en plus mortifère dès lors que plus rien ne la limite. Dans cet article qui se veut philosophique, historique et sociologique, il ne s’agit pas d’évaluer les éléments de vérité ou d’illusion impliqués dans les différentes croyances propagées par ces trois mouvements, mais de montrer en quoi ces éléments génèrent des dynamiques comparables, pouvant s’équilibrer.
Figures du poète-traducteur: Friedrich Hölderlin et Gérard de Nerval
Australian Journal of French Studies, 2018
In the wake of recent discussions on the status of literary translation, poets who have also committed themselves to the practice of translation become increasingly important. This article aims to examine, from a comparative perspective, the double role of translation as an art and a science. To this end, I will closely examine two case studies which deal with this fundamental question. Poet-translators such as Friedrich Hölderlin (1770-1843) and Gérard de Nerval (1808-1855) will constitute the main focus of this article. Their attitude towards what came to be known as the challenge of the other (fr: l'épreuve de l'autre) will be discussed. Through an analysis of their literary translations, this article proposes a new theoretical approach to the study of poetic language, which will be seen as a space rather than an instrument. In this context, it will be possible to illustrate the various interconnections between French and German literature in the early nineteenth century. Moreover, it will be possible to forge new pathways towards a better understanding of the artistic value of literary translation and to respond to the crucial question of fidelity to the original text. Résumé À la lumière des discussions approfondies sur le statut de la traduction littéraire, les noms de poètes-traducteurs tels que Friedrich Hölderlin et Gérard de Nerval acquièrent une importance décisive. Cet article se propose d'examiner, dans une perspective comparatiste, la double posture de la traduction en tant qu'art et science. Dans cet objectif, nous poserons certaines
Philosopher avec la littérature romantique. Le sublime chez Nerval, un concept "à l’œuvre"
Comparatismes en Sorbonne, 2018
Résumé Cet article tente de développer une approche philosophique de l’œuvre littéraire qui éviterait tout surplomb pour penser « avec » la littérature. Quelques prémisses méthodologiques dirigent une telle entreprise vers la rencontre d'une œuvre singulière, le roman Aurélia de Gérard de Nerval, et d'un concept de la tradition esthétique, le sublime. L'enjeu de cette mise en relation est triple : il s'agit d'abord de montrer qu’une analyse de l’œuvre à travers le prisme du sublime révèle l'existence d'un questionnement métaphysique en jeu dans le récit, nourrissant une autre lecture d’Aurélia. Ensuite, c’est le concept du sublime lui-même qui se trouve transformé dans son essence par une certaine incarnation dans l'écriture nervalienne. La dernière partie a pour objectif de faire apparaître en quoi cet enrichissement réciproque de l’œuvre et du concept aboutit à une réflexion sur la performativité du régime littéraire du langage, rendant compte philosophiquement, mais grâce à la littérature, d'une puissance de sens propre à celle-ci. Abstract This paper aims to develop a philosophical approach to the literary work which thinks “with” the work. A methodological introduction shapes the meeting between Gérard de Nerval’s Aurélia and the concept of the sublime. The challenges are many: we must first show that an analysis of the novel through the lens of the concept of sublime reveals the existence of a metaphysical reflexion in the narrative and gives rise to another way of reading Aurélia. Then the concept itself is transformed by its embodiment in Nerval’s writing. The last part aims to show how the reciprocal enrichment of the work and the concept leads to a reflexion on the performativity of the literary mode of language, showing philosophically, but through the literature, the power of the work’s meaning.
Nietzsche, Pascal et le sort du christianisme
Courrier Blaise Pascal, 43, 2021
L’attachement amical La première rencontre avec Pascal Nietzsche, lecteur des Pensées « Pascal als Typus » « Odium humani generis » « Quid est veritas ? » Conclusion