Atelier "Le monde musulman médiéval par les cartes" présenté par Sylvie Denoix, Eva Collet, Marie Favereau, William Henckel et Hélène Renel (26 mai 2018), Les Rendez-Vous de l'Histoire du monde arabe, 25-27 mai 2018 (Institut du Monde arabe, Paris) (original) (raw)
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Dominique de Courcelles (ed.). Parcourir le monde. Les voyages d’Orient, 2013
FRANCO SÁNCHEZ, Francisco. “Les deux chemins opposés de la cartographie arabo-islamique médiévale: la mappemonde «islamique» («L'école d’al-Balḫī», Xe siècle) ou le monde en sa diversité (al-Šarīf al Idrīsī, XIIe siècle)”. En: Parcourir le monde, les voyages d'Orient / études réunies par Dominique de Courcelles. Paris : École des Chartes, 2013, pp. 29-49; 191-199 | ISBN 978-2-35723-032-3 | Resumen: Las últimas aportaciones al conocimiento en el ámbito de la geografía árabe islámica medieval, presentadas bajo la óptica de una doble línea evolutiva: Por un lado se presentan los textos de geografía que suponen un desarrollo de la geografía griega y helenística, en especial desde las aportaciones de la geografía astronómica y cartografía propiciadas por Claudio Ptolomeo (s. II e.C.), desarrollados en la corte abbasí en los ss. VIII-X y cuyo cénit es el Mapamundi de al-Mamún. En parelelo, en el Iraq abbasí se gestó la que se ha dado en llamar por sus textos la “escuela de al-Baljî” y por su cartografía la “escuela del atlas del islam” en los ss. IX-X, estos textos y cartografía se desvelan como una clara manipulación tendente a la consecución de una “islamización de la geografía”. Como corolario, se presenta al gran al-Idrīsī (m. 1175 e.C.), ceutí que trabajó en la corte de Sicilia al servicio del rey normando Roger II como la última evolución de la geografía y cartografía científica de raíces helenísticas; esta grandeza fue marginada por los sabios musulmanes coetáneos por haber sido generada y puesta al servicio de un rey cristiano como Roger II. Es tan importante la obra que, tras el Corán, fue la segunda obra árabe que se tradujo en roma en el s. XVI. | Abstrct: The latest contributions to knowledge in the field of medieval Arab Islamic geography are presented from the perspective of a double evolutionary line: on the one hand, geography texts are presented which represent a development of Greek and Hellenistic geography, especially from the contributions of astronomical geography and cartography promoted by Claudius Ptolemy (2nd century BC), developed at the Abbasid court in the 8th-10th centuries and whose zenith is the Mapamundi of al-Mamun. At the same time, in Abbasid Iraq, what has come to be known as the "al-Baljî school" for its texts and the "Islamic Atlas school" for its cartography in the 9th-10th centuries, these texts and cartography reveal themselves to be a clear manipulation aimed at achieving an "Islamisation of geography". As a corollary, the great al-Idrīsī (d. 1175 CE), a Ceutan who worked at the court of Sicily in the service of the Norman king Roger II, is presented as the ultimate evolution of scientific geography and cartography with Hellenistic roots; this greatness was marginalised by contemporary Muslim scholars because it was generated and put at the service of a Christian king like Roger II. The work is so important that, after the Qur'an, it was the second Arabic work to be translated in Rome in the 16th century. | Link for downloading: http://hdl.handle.net/10045/31796 Link: http://www.enc.sorbonne.fr/content/parcourir-le-monde
Atelier 64 Salle : 216 Bousculer le lecteur dans la littérature arabe médiévale À bien entendre la conception du livre avancée par Ğāḥiẓ (m. 867) dans l'introduction du Kitāb al-Ḥayawān, on se demande si le fait que la littérature arabe classique soit aujourd'hui réputée difficile d'accès ne tiendrait pas à ce qu'elle a toujours fait en sorte de l'être -et en particulier la littérature d'adab, littérature visant à l'édification culturelle et morale du lecteur. « Quel excellent compagnon que le livre ! s'exclame Ğāḥiẓ. Qui donc nous est à la fois un moraliste divertissant, un censeur poussant à la faute, un ascète débauché, un parleur muet, un froid chaud ? ». Devenue par la suite un lieu commun de la littérature arabe classique, cette conception du livre esquissée à travers une série d'antithèses annonce déjà que nous avons affaire à une littérature de fragments, une littérature qui se garderait par principe de la continuité d'un exposé, de l'unité d'un style, de l'égalité de ton, du développement explicite d'un argumentaire, et fait écho à la célèbre expression antithétique promue par le même Ğāḥiẓ au rang de leitmotiv de la littérature d'adab : l'alliance du sérieux et du plaisant (al-jidd wa-l-lahw) ; elle lui fait écho non seulement sur le plan des sujets abordés, mais surtout sur celui de la forme même des textes, des lois de leur composition, des règles de leur jeu. En se ressaisissant d'une manière originale de ce couple déterminant de la littérature arabe médiévale (sérieux / frivole ; sage / plaisant), cet atelier se propose d'étudier comment il a pesé sur les formes mêmes des oeuvres, l'organisation de leur contenu, et leurs modes de lectures. Il s'agit donc de montrer que ce qui malmène le lecteur, ce qui le pique, le bouscule ou le dérange, ne réside pas seulement dans les thématiques de l'adab, mais dans la manière même d'écrire les textes et de composer les oeuvres.
Atelier 59 Date : 8 juillet 9h00 – midi. Salle : 3.15 Thème : Écriture et mémoire des origines dans les sociétés musulmanes la vie du Prophète Muḥammad La vie du Prophète a très tôt été écrite par les musulmans, jusqu'à être considérée comme une catégorie classificatoire importante des bibliographies des savants de l'Islam et des orientalistes : la sīra, qui, si elle n'est pas un genre littéraire stricto sensu, regroupe un large éventail d'écrits consacrés au Prophète, depuis les primitifs récits de batailles (maġāzī) jusqu'aux monographies, à l'instar de la célèbre sīra d'Ibn Isḥāq transmise par Ibn Hišām, et, à l'époque contemporaine, traverse toute l'épaisseur de la production littéraire, de l'essai savant à la prose artistique, du feuilleton publié dans la presse, au théâtre. La sīra fut donc toujours remise sur le métier et récrite dans les formes littéraires à la disposition des religieux, longtemps détenteurs d'un monopole sur la production d'écrits religieux, puis, à partir de la fin du XIXe siècle, des laïcs éduqués des nouvelles couches intellectuelles du monde musulman, journalistes, professeurs ou avocats. La mémoire des origines fut ainsi au long des siècles avivée et informée par ces écrits (pas seulement par eux, bien entendu), qui nous ouvrent en retour une compréhension de leur temps : s'y lisent les transformations politiques et sociales des sociétés musulmanes, sans en être pour autant le simple reflet ni l'expression purement phantasmée ; réciproquement, ce sont aussi des actes illocutoires par lesquels leurs auteurs agissent sur le réel et donnent sens à leur action spirituelle, intellectuelle ou politique. La sīra peut donc servir de prisme pour étudier comment, à travers les âges, les producteurs d'écrits ont pensé leurs sociétés, leur fondement originaire et leur propre situation dans ce complexe imaginaire et vécu.
– « La patrimonialisation, privation de l’espace privé ? Le cas du projet d’inscription de l’île de Djerba sur la liste du patrimoine mondial», 2021
Cette communication propose d’étudier en quoi un projet d’inscription sur la liste du patrimoine mondial permet de rendre compte des pratiques et représentations des espaces dans un contexte postrévolutionnaire. L’étude de cas dont il est question ici est celle du projet d’inscription de l’île de Djerba à l’Unesco, projet initié en 2012 conjointement par l’État tunisien à travers l’Institut National du Patrimoine et par l’Association pour la Sauvegarde de l’Île de Djerba (Assidje). L’argumentaire central de ce projet se concentre autour des propriétés privées que sont les menzels et houchs1. Leur implantation dans l’espace insulaire étant considéré comme unique au monde. Cependant, ce mode d’habitat et de vie est structuré selon la parenté patrilinéaire2 et l’espace domestique est organisé d’une telle manière qu’il est protégé du regard par des éléments physiques (murs du houch, tabias3). Or, la problématique ici est que les processus de patrimonialisation sont connus pour transformer les espaces privés en espaces publics (Gravari-Barbas, 2002). Ainsi, puisque le menzel et le houch sont les espaces de la domesticité et que le coeur du projet Djerba-Unesco est d’amener une mise en lumière de ces lieux à l’échelle internationale, dans cette vision des choses, on comprend assez aisément qu’il est perçu comme une menace pour le respect des usages de ces espaces domestiques, puisque les habitants craignent une intrusion dans leur espace privé. Surtout dans un territoire où patrimoine est synonyme de tourisme (Cousin, 2008 ; Lazzarotti, 2000). Ainsi la problématique majeure du projet d’inscription est en ce qui est exposé aux regards de l’« autre » n’est pas en adéquation avec ce que les habitants mettraient dans la « vitrine patrimoniale » (Bosredon, 2014). De ce fait, ma recherche appuie l’idée que les espaces sont un réel point d’étude des enchevêtrements entre public et privé dans les sociétés maghrébines (Kerrou, 2002). Cette étude de cas soulève bien la portée problématique de la confrontation des espaces privés et publics, notamment celle d’une gouvernance étatique dans l’espace privé, et celle des libertés individuelles (Moussaoui, 2002). Après la révolution, nous sommes au coeur du débat. En effet, on ressent qu’à travers l’inscription des menzels et houchs, il y a une réelle crainte de la part des propriétaires de perdre la main sur leur terre. Les exemples de destructions volontaires de biens privés par les possesseurs eux-mêmes et le débat de la remise en place des habous entrent également dans ces peurs de pertes des libertés individuelles. La crainte de ce qui a été acquis par la révolution soit de nouveau retirée par l’État.