Une islamophobie sécuritaire (Article produit pour le rapport 2017 du CCIF) (original) (raw)

CNT-AIT- L'islamophobie une invention.pdf

«Islamophobie», le terme a envahi le discours politique. Sa datation a été l'occasion d'une belle polémique. Observatrice attentive des dynamiques religieuses actuelles, Caroline Fourest avait cru qu'il était apparu fin années 70 / début années 80. En fait, il avait été forgé au tout début du XX e siècle. Cette erreur de datation, les islamobaratineurs n'ont pas manqué d'en faire des gorges chaudes. Fouillant les archives (plusieurs sont universitaires et donc payés pour ça), ils ont en effet fini par découvrir que c'est vers 1910 qu'un certain Alain Quellien avait forgé ce néologisme 1 . Ensuite, le terme a été repris vers 1912 par d'autres auteurs, il aurait circulé quelque peu jusqu'au milieu des années 1920, avant semble-til, de disparaître totalement de la circulation.

L'islamophobie déconstruite

La vie des idées, , 2010

Aurélien ROBERT À travers une étude minutieuse de la controverse déclenchée en 2008 par le livre de Sylvain Gouguenheim, un ouvrage collectif décortique les ressorts de l'islamophobie savante et ses usages politiques. Recensé : Philippe Büttgen, Alain de Libera, Marwan Rashed, Irène Rosier-Catach (dir.), Les Grecs, les Arabes et nous. Enquête sur l'islamophobie savante, Paris, Fayard, 2009. Plus d'un an après la publication du livre de Sylvain Gouguenheim Aristote au Mont Saint-Michel paraissait Les Grecs, les Arabes et nous, un volume collectif qui non seulement constitue une réponse aux thèses et aux arguments de Gouguenheim, mais montre aussi de quoi son livre était le nom. Car au-delà de la fausseté historique avérée de nombreuses thèses centrales de cet ouvrage, on peut y voir le reflet d'enjeux qui dépassent largement la querelle d'érudits. À l'heure des débats sur l'identité nationale et sur le port de la burqa, il semble nécessaire de se pencher de près sur le discours des « racines grecques de l'Europe chrétienne », surtout quand celui-ci comporte un jugement comparatif sur les valeurs et les mérites de l'Europe et du monde arabe, des chrétiens et des musulmans, des langues sémitiques et des langues indo-européennes.

L’islamophobie en France : le déni d’un phénomène bien réel

Racismes de France (Slaouti - LeCour Grandmaison), 2020

Table des matières de Racismes de Franec, La Découverte, 2020 Introduction. La France, raciste ? par Omar Slaouti et Olivier Le Cour Grandmaison I. Quand le racisme structure nos vies Le racisme dans tous ses États, par Olivier Le Cour Grandmaison et Omar Slaouti Police, justice, État : discriminations raciales, par Omar Slaouti et Fabien Jobard La fabrique du droit contre les étrangers,par Karine Parrot Les services de santé : lieu d’un racisme méconnu, par Marguerite Cognet Dans les marges de l’école, par Omar Slaouti Du plancher pourri au plafond de verre du monde du travail, par Verveine Angeli La presse à l’épreuve du racisme, par Nedjma Bouakra II. Prendre nos corps : les multiples incarnations du racisme Aux sources du racisme d’État, par Nacira Guénif-Souilamas Des particularités françaises de la négrophobie, par Mame-Fatou Niang L’islamophobie en France : le déni d’un phénomène bien réel, par Houda Asal L’antitsiganisme : une tradition française, par Saimir Mile Le racisme anti-Asiatiques, entre oubli et mépris, par Ya-Han Chuang Antisionisme = antisémitisme ? par Dominique Vidal Être blanc, ou le privilège de l’ignorance, par Mélusine III. Tous ces nous qui résistent Communautarisme : « un spectre hante la France », par Saïd Bouamama Penser les marges ensemble grâce à l’intersectionnalité, par Hourya Bentouhami Parole noire/Noire parole, par Maboula Soumahoro « Nos plumes, nos voix » ? par Karim Hammou et Kaoutar Harchi Être sportif et racisé, entre essentialisation et émancipation, par Akim Oualhaci Féminisme décolonial et antiraciste, par Françoise Vergès La laïcité, garante du pluralisme culturel et religieux, par Philippe Marlière Reconnaître, réparer, restituer, par Magali Bessone Compter pour combattre, par Patrick Simon Conclusion. « La prochaine fois, le feu », par Olivier Le Cour Grandmaison et Omar Slaouti

Quand la recherche en islamologie sert l’islamophobie

Confluences en Méditerranée, 2022

L’analyse philologique de la formation du Coran, pourtant limitée à des cercles érudits et universitaires, a été réutilisée depuis 2005 par des réseaux proches du catholicisme fondamentaliste afin de démontrer l’inanité de l’islam. Très présents sur Internet, ces groupes simplifient certaines thèses scientifiques et les diffusent sous forme polémique, prélude à des missions d’évangélisation, dont l’Église officielle se démarque mal.

Les négationnistes de l'islamophobie (Ricochet, 26 mars 2017) FDD

Ricochet, 2017

Je commence à avoir un certain âge — j’ai fait la Guerre froide, moi ! — et j’essaie de me souvenir du contenu des journaux québécois des années 1980. Si ma mémoire est bonne, on trouvait à l’époque bien moins de chroniqueurs dont le fonds de commerce était l’anticommunisme qu’il n’y a aujourd’hui de chroniqueurs qui suggèrent, chronique après chronique, que l’immigration musulmane représente une menace pour le Québec (ou la France, ou l’Occident), sa population et ses valeurs. Pourtant, les Soviétiques pointaient des milliers de missiles nucléaires intercontinentaux vers le «monde libre». Imaginons qu’un chroniqueur à l’époque de la Guerre froide eût signé des centaines de chroniques présentant les communistes d’ici et d’ailleurs comme une menace pour la société québécoise et ses valeurs......... POUR LA SUITE, VOIR LE TEXTE

Mémoire présenté au Comité permanent de la justice et des droits de la personne, Audiences sur l'islamophobie 2024

Parlement du Canada, Comité permanent de la justice et des droits de la personne, 2024

Zeinab Diab, doctorante en sciences des religions, Université de Montréal Je m'adresse à vous à titre personnel en tant qu'experte sur les effets de la loi québécoise sur la laïcité de l'État (loi 21). Je suis en quatrième et dernière année de doctorat en sciences des religions à l'Institut d'études religieuses de l'Université de Montréal et j'ai fait partie du comité-conseil du National Council of Canadian Muslims (NCCM) pour une recherche de grande envergure sur le sujet de la loi 21 1 .

De l’usage réactionnaire de la notion d’ « islamophobie » par certains sociologues de gauche et… Amnesty International (2015)

Ni patrie ni frontières, 2015

Cet article évite d'utiliser le mot «islamophobie» et préfère employer des expressions comme «la paranoïa antimusulmane»», le racisme «anti-arabes», «anti-Africains» ou le «racisme antimusulmans» puisque Sacha Ismail en a proposé une définition pertinente 1 . Dans d'autres textes 2 , j'ai déjà formulé certaines critiques vis-à-vis du terme «islamophobie» : d'une part, ce phénomène n'est pas une simple phobie (une peur), mais plutôt une paranoïa qui pose un problème beaucoup plus grave qu'une simple peur ; d'autre part, ce concept est manipulé par les islamistes et les 57 États de l'Organisation pour la Conférence islamique afin d'empêcher toute critique de l'islam politique mais aussi de la religion musulmane. Cette annexe se limitera à souligner deux conséquences dangereuses du terme «islamophobie» dans la littérature dite savante (sociologique pour l'essentiel) et aussi par ricochet dans la propagande d'extrême gauche ou libertaire. La première concerne le refus de critiquer les religions et la seconde les dangers de la comparaison avec l'antisémitisme ou plutôt la sous-estimation de celui-ci. I. Le terme d'islamophobie est utilisé par certains militants et spécialistes des sciences sociales qui refusent (implicitement le plus souvent, explicitement parfois) de critiquer la religion: par exemple, Clive D. Field 3 considère le refus d'accepter l'établissements de tribunaux de la charia en Grande-Bretagne comme un préjugé «islamophobe»! Olivier Esteves, lui, va beaucoup plus loin 4 . Dès la première ligne de son introduction (De l'invisibilité à l'islamophobie. Les musulmans britanniques 1945-2010, Presses de Sciences Po, 2011, p. 21), il place en exergue une sourate banale du Coran sur la bienveillance d'Allah envers ceux qui ont subi l'épreuve de l'émigration, comme si ce texte religieux pouvait avoir la moindre pertinence pour analyser de façon scientifique la situation des «musulmans britanniques» au XX e et XXI e siècles ! Il s'auto-congratule en nous expliquant qu'on l'a méchamment accusé d'être un «islamogauchiste», mais qu'il se rassure : il n'est ni gauchiste, ni «islamo»-quelque-chose : il fait seulement partie de cette gauche théophile 5 , ou théocompatible très complaisante envers les religions -notamment l'islam -et qui refuse de défendre une séparation stricte entre les Églises et l'État au nom de la «liberté d'expression» des croyants dans l'espace public. Apparemment la ségrégation des sexes ne dérange pas Olivier Esteves, il ne s'interroge pas sur la «multiplication du nombre de mosquées souvent réservées aux hommes» (op. cit., p. 93) ; il n'a rien à dire sur le fait qu'il est impossible «pour beaucoup de familles, d'avoir un enfant qui se 1 «Qu'est-ce que le racisme antimusulmans. ? », . 2 Cf. «Islamophobie. Mythes et réalités. A propos des arguments d'un obscurantiste "radical"», ; entrée « Islamophobie » in Inventaire de la confusion (2011), pp. 93-95, . 3 «Revisiting Islamophobia in contemporary Britain, 2007-2010», in Islamophobia in Western Europe and North America, Marc Helbling (dir.), Routledge, 2011. 4 Malgré toutes les critiques formulées dans les lignes qui suivent, son livre est un ouvrage indispensable pour comprendre la situation des musulmans en Grande-Bretagne.