SPIESSER et PETIT 2018 Lorganisation des campagnes gallo romaines conservees sous la foret de La Londe Rouvray, Journées thématiques: "Le temps des territoires", Archéologie et gestion forestière, Amiens, 4-5 octobre 2018 (original) (raw)
Les massifs forestiers actuels, dits « anciens » préservent sous de grandes superficies l'organisation des campagnes gallo-romaine (habitats, parcellaires, voiries), épargnés par les labours de l'époque Moderne et Contemporaine. Situé à 12 km de l'agglomération de Rouen, le massif forestier de La Londe-Rouvray, implantée dans un méandre de la basse vallée de la Seine, a été documenté par un survol Lidar en 2010 et la fouille de quelques sites laténiens et gallo-romains. D'une superficie de 75 km2, cet espace est occupé par une forêt ancienne, dont la présence est attestée avec certitude par plusieurs cartes du XVII e siècle et il est probable ce secteur était déjà boisé au début du X e siècle ; L'évolution de l'organisation du paysage peut être retracée à partir d'une analyse régressive des trames parcellaires, qu'elles soient toujours actives ou fossilisées sous le couvert forestier. Deux trames parcellaires se distinguent dans cette zone. La première est comprise entre 48 ° et 78 ° et forme un corridor le long de la voie fossilisée sous forêt qui reliait l'agglomération de Rotomagus (Rouen) à Uggate (Caudebec-lès-Elbeuf). L'existence de cette structure à la période antique est attestée par la présence de sites gallo-romains fonctionnant avec cet axe de circulation et par sa fouille en divers points. La seconde trame isocline, bornée entre 12 ° et 34 ° est présente de parts et d'autres du corridor organisé le long de la voie Rotomagus/Uggate. Plusieurs sites gallo-romains de même orientation s'inscrivent dans ce réseau parcellaire. Il peut par ailleurs être attribué à l'Antiquité. Plusieurs indices laissent donc supposer que les réseaux de parcelles de ce secteur d'étude apparaissent au plus tard à la période augustéenne (date de fondation des agglomérations de Rotomagus et d'Uggate), voire dès La Tène finale. Ceux-ci semblent se développer durant le Haut-Empire, en particulier le long de la voie Rotomagus/Uggate où l'on constate une réorganisation parcellaire, et dans les espaces à fort rendement agricole, avant d'être abandonnés et reboisés. Ce phénomène attesté en 911 dans le Traité de Saint-Clairsur-Epte, a peut-être eu lieu au III e siècle, date de l'abandon de l'ensemble des sites gallo-romains fouillés dans cette zone. Les absences d'habitats de l'Antiquité tardive et du Haut-Moyen-âge, ainsi que de stigmate lié aux labours sur le sommet des maçonneries du « Grésil », pourtant situées à 5 cm sous le sol actuel, viennent conforter cette hypothèse. Si ces structures archéologiques sont ténues, difficiles à protéger et à mettre en valeur sous couvert forestier, ils constituent les témoins exceptionnels de l'évolution des campagnes laténiennes et galloromaines. Le cas de la forêt de La Londe/Rouvray et en particulier de la fouille archéologique du « Grésil » illustre à merveille comment une politique conjointe entre l'ONF et les archéologues peut aboutir à la connaissance de l'histoire forestière tout en libérant la gestion sylvicole de certaines contraintes archéologiques. 1 Doctorant, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR 7041 ArScAn, équipe Archéologies Environnementales. 2 Professeur à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR 7041 ArScAn, équipe Archéologies Environnementales.