« Odeurs, senteurs, parfums ». Ponti/Ponts. Langues, littératures et civilisations des Pays Francophones, 16, 2016, 252 pp. (original) (raw)
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Le numéro 15 de la revue Ponti/Ponts, centré sur le thème «Bars, cafés, bu-vettes», prend en considération les différentes facettes des lieux publiques qui servent à boire des boissons alcoolisées et leur fonction dans certains contextes francophones. Les interventions qui composent ce numéro de la revue de l'Université de Milan se proposent de tracer un portrait 'litté-raire' des débits de boissons, conçus comme des espaces pluriels où plu-sieurs idées et univers se croisent. Le lecteur est ainsi invité à une tournée des bars atypique, entre littérature et sociolinguistique, un parcours qui touche l'Afrique Équatoriale, l'Océan Indien, les Caraïbes et le Québec. La contribution d'Achille Carlos Zango, «Quand le bar devient miroir des mutations sociales post-coloniales dans Temps de chien de Patrice Nga-nang», est consacrée à l'image du bar à l'intérieur du roman de l'auteur camerounais. En proposant une lecture du texte littéraire par le moyen de la sociocritique, ce premier article envisage le bar comme un lieu ré-vélateur des «mutations sociales et même linguistiques du Cameroun» (11) des années 1990. Le bar en question, Le Client est Roi, est un micro-cosme où les couches de la société se croisent, les clients partagent les rumeurs du quartier et les langues se mélangent, mettant ainsi en scène le métissage linguistique qui caractérise le Cameroun. À travers les yeux du chien Mboudjak, narrateur du récit, qui passe ses journées devant le bar de son patron, tous les enjeux de la société camerounaise post-coloniale se montrent et confirment que le bar représente, dans ce roman, le «miroir de la vie des sous-quartiers» (26). Eva Pich-Ponce, dans son article «De la " Taverne du Chat Dansant " à l' " Underground " : l'importance du bar comme espace de socialisation dans les romans de Marie-Claire Blais», prend en considération le bar dans sa fonction d'«espace intermédiaire» (30) à l'intérieur de deux romans qui se déroulent dans la ville de Montréal dans les années 1970. Pich-Ponche analyse le rôle attribué au bar dans Un Joualonais sa Joualonie (1973) et Les nuits de l'Underground (1978). Il désigne un lieu de sociabilité, où des communautés se réunissent, un «endroit où existe une liberté inaccessible
« Grammaire olfactive : les parfums au pluriel », Littérature, n°185, mars 2017
2017
The mix of perfumes which pervades the warmth of balls and theatres crystallizes the fears of the hygienists and the moralists of the second half of the 19th century as far as crowding and social mix are concerned. The mix of perfumes, which is perceived as unpleasant, even dangerous, generates, however, a poetics of olfactory composition which echoes the harmonies created by perfumers. Then how can perfume be conceived in the plural, both in its uses and in its representations ? Se répandant dans la chaleur des bals et des salles de spectacle, la combinaison de parfums cristallise les craintes des hygiénistes et des moralistes du second XIXe siècle quant à la promiscuité et au mélange social. Jugé désagréable, voire dangereux, le mélange des parfums donne cependant lieu à une poétique de la composition olfactive faisant écho aux harmonies créées par les parfumeurs. Dès lors, comment le parfum se pense-t-il au pluriel, dans ses usages comme dans ses représentations ?
2018
Résumé : Depuis les années 1990, la dimension olfactive de l’art contemporain, souvent tributaire des technologies permettant la production et la diffusion des odeurs, n’a cessé de s’affirmer. Or, en dépit de son inscription manifeste dans l’actualité, l’art olfactif contemporain entre en résonnance avec plusieurs fictions de la période fin-de-siècle, dont les auteurs ont formulé l’idée d’un rapport au parfum qui dépasse son caractère utile ou agréable pour placer l’olfaction au cœur d’une expérience esthétique. Dans À rebours par exemple, Huysmans évoque les expériences menées par un esthète convaincu du potentiel artistique du parfum. Si la diffusion des compositions produites est ici réalisée par des vaporisateurs (dont l’invention date environ de 1825) et par des éventails, d’autres fictions convoquent des techniques imaginaires, voire anticipatives. Elles envisagent alors non seulement la possibilité d’un art olfactif, mais aussi les moyens de sa mise en œuvre. Ainsi, dans L’Ève future, le personnage d’Edison mis en scène par Villiers de L’Isle-Adam présente de façon très détaillée les procédés techniques grâce auxquels son Andréide exhale une odeur caractéristique captée à partir du corps d’une femme bien réelle. L’attention portée à la dimension médiatique de la culture olfactive révèle ainsi l’enracinement de l’art olfactif dans une histoire bien plus ancienne et établit un pont entre deux fins de siècles. Abstract : Depending on technologies of diffusion and production of smells, the olfactory dimension of contemporary art increased in importance since the 1990. Despite its contemporaneity, olfactory art echoes with several fin-de-siècle fictions, where authors have imagined uses of perfume overcoming the categories of the useful or the pleasant, and thought about perfume in terms of aesthetical experience. For instance, in his novel Against The Grain, Huysmans describes the experiments of an aesthete convinced of the artistic potential of perfume. In this case, the olfactory compositions are diffused by spray bottles (invented around 1825) and fans, but some other fictions picture imaginary or anticipative technologies, foreseeing not only an olfactory art but also the way to implement it. Thus, in Villiers de L’Isle-Adam’s The Future Eve, the main character, Edison, details the technical devices allowing Alicia, the android of his creation, to exhale the characteristic smell captured from a real woman. The focus on the mediality of smells stresses how olfactory art is grounded in a much older history, drawing a bridge between two fin-de-siècle.
Sur les traces du voyageur-écrivain : témoignages croisés d’une histoire, dir. Grace Baillet, Shaker Verlag, 2021, p. 73-86., 2021
Issu des rencontres jeunes chercheurs qui se sont tenues à l'Université Littoral Côte d'Opale (Boulogne-sur-Mer) les 20 mars et 4 décembre 2019, le présent ouvrage se voudrait un espace de réflexion sur l'écriture du voyage en se centrant sur deux figures du voyageur, l'écrivain-voyageur d'une part, le voyageur-écrivain d'autre part. En prenant en compte cette distinction ainsi que la multiformité des témoi-gnages au cours des siècles, il vise à appréhender les motivations qui poussent les voyageurs à écrire, le conditionnement de leur écriture et la place qu'ils occupent dans leurs écrits à travers la reconstitution de leur voyage. La première partie de ce recueil réunit les contributions évaluant l'intérêt des informations dispensées dans les récits de voyage, jugeant leur validité en tant que source historique et appréhendant la culture de l'autre au moyen d'un système de représentation. Elle est complétée, dans la seconde partie, par les articles qui se centrent sur des portraits de voyageurs, sur leur écriture lors de leurs pérégrinations, réelles ou fictives, et sur la portée symbolique de leur voyage. Ils mesurent également le changement de perception pouvant exister dans le processus d'écriture et parfois rendent compte d'une oscillation d'un auteur entre deux figures, l'écrivain-voyageur et le voyageur-écrivain, au cours d'un voyage.