Francesca Musiani, Nains sans géants : architecture décentralisée et services Internet (original) (raw)
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Messageries fédérées : des « résistances numériques » par l’architecture ?
Possibles, 2021
Les technologies de chiffrement, « invisibles » pour la plupart des internautes, ont des implications fondamentales pour nos libertés individuelles et notre présence collective sur Internet. Alors que certains outils numériques très populaires, comme WhatsApp, utilisent le chiffrement dit « de bout en bout » (voir le Glossaire à la suite de l’article), de nombreuses tentatives de régulation nationale et supranationale appellent aujourd’hui à neutraliser ces technologies. Le chiffrement des outils de communication à la disposition des internautes est devenu l’un des principaux champs de bataille (DeNardis, 2014) de la gouvernance de l’Internet. Cette « bataille » a lieu entre plusieurs acteurs, des organisations internationales de standardisation qui forgent et normalisent les protocoles de chiffrement aux grandes entreprises du numérique (« GAFAM »), en passant par les institutions, les universitaires et développeurs, et des communautés d’enthousiastes venus de l’univers du logiciel libre, prônant la « re-décentralisation » d’Internet. En contribuant à éclairer ce mouvement vers la re-décentralisation, notre article présente l’état actuel du développement de projets qui font le choix de « fédérer » les réseaux de communication, à l’opposition des applications dites « centralisées » comme Signal ou Whatsapp. Ces dernières, tout en proposant un chiffrement de bout en bout de haute qualité, dépendent d’un point central où les données des usagers sont traitées (et parfois stockées), ou collaborent avec les GAFAM (en partageant, par exemple, des méta-données des utilisateurs). Les auteurs des applications fédérées proposent une autre vision des libertés numériques selon laquelle il n’est pas suffisant de chiffrer le contenu des messages échangés, mais il est crucial de repenser l’architecture même de nos réseaux, revendiquer la propriété de nos données, en garantir la portabilité. L’article montre comment, entre développement technique et revendications idéologiques, ces messageries structurent des formes de « résistance numérique » autour de ce qu’on a appelé les « 4 C » de la fédération : communauté, compatibilité, customisation et care.
2016
The integration of digital tool in architectural design process has opened morphological fields and encouraged the emergence of non-standard architecture. This paper identifies the main practice and reflexive upheavals related to the emergence of this renewed architecture. It sums up three ruptures between the different phases of the project-object and between the project stakeholders. Finally parametric modeling is considered as one of the tools of a renewed control of the process of generating the shape and also the form itself.
La recherche sur le patrimoine et les outils numériques à l'épreuve de l'expérimentation, Journée d'étude de la SFR « Numérique & Patrimoine » Nicolas Asseray (dir.), jeudi 12 septembre 2019, Université de Lille., 2019
Depuis une vingtaine d’années, les technologies du numérique se sont imposées dans l’étude du patrimoine, qu’il soit bâti, archéologique, muséal ou écrit, matériel ou immatériel, invitant les chercheurs à redéfinir leurs méthodes et leurs stratégies et les laboratoires à investir dans l’équipement et la formation. En plus de constituer un terrain propice à la coopération entre chercheurs de disciplines différentes, ces technologies sont désormais au coeur des projets de valorisation et de conservation du patrimoine. Si l’accès du chercheur à ces outils couteux est soumis aux aléas du financement de la recherche, la mutualisation des moyens et les collaborations académiques ont su installer solidement des technologies comme la photogrammétrie, la lasergrammétrie, la modélisation ou la gestion numérique des données dans les programmes de recherche en histoire, histoire de l’art, archéologie, histoire des textes ou encore dans les sciences de l’informatique. Débutant à 40 m de hauteur et culminant à 80 mètres, la flèche de la cathédrale de Senlis a depuis longtemps suscité l’admiration, sans pouvoir bénéficier d’une étude archéologique précise en raison de sa position abrupte. La numérisation de la tour au moyen d’un scanner laser en 2015 a permis d’ouvrir la voie à une analyse détaillée de la structure et de son mode d’édification. Pour s’accorder avec les préceptes de l’archéologie du bâti, les outils numériques et l’interprétation des résultats doivent se faire dans la prudence et être constamment croisés avec les observations in situ. À l’appui de quelques exemples, nous illustrerons ce mariage délicat mais fructueux entre numérique et patrimoine.