La régulation des liens d'hospitalité entre Grecs et Perses au début du IVe siècle a.C. d'après Xénophon (original) (raw)
Les liens d'hospitalité (ξενία) dans le monde grec sont traditionnellement noués entre deux individus, généralement des personnages en vue dans leurs cités, et se transmettent de génération en génération, créant ainsi des réseaux familiaux puissants. Avec l'avènement de la cité isonomique à Athènes l'hospitalité devient ambiguë : établie entre des grandes familles de différentes cités, ou avec des barbares, elle donne aux hôtes (ξένοι) une influence qui va à l'encontre de l'égalité de pouvoir entre les citoyens, que ce soit à Athènes ou dans d'autres cités comme Sparte. L'oeuvre de Xénophon écrite au début du IVe siècle met particulièrement bien en lumière ce rôle ambivalent de l'hospitalité et les différentes stratégies individuelles employées pour la justifier. En effet, la ξενία n'est pas supprimée même après les coups de force oligarchiques et la restauration démocratique mais utilisée comme outil diplomatique par la cité. Un subtil équilibre s'établit donc entre liens communautaires et individuels mais il est sans cesse menacé par les conflits incessants que connaissent les Grecs et les peuples qui les entourent dans la première moitié du IVe siècle. On s'interrogera particulièrement dans cette communication sur la nature des relations d'hospitalité entre Grecs et Perses qui posent un certain nombre de problèmes aux cités des protagonistes grecs de ces relations puisqu'elles donnent à ces Grecs un pouvoir politique très supérieur à leurs concitoyens. En même temps, les cités ne peuvent pas se passer de ces individus capables de nouer des relations avec l'élite perse. Ainsi étant donné la tension observée dans l'oeuvre de Xénophon entre la xenia aristocratique et la répartition égale des pouvoirs entre citoyens, nous allons donner quelques pistes pour essayer de mettre en lumière le fonctionnement de ces relations entre Grecs et Perses, en montrant qu'elles sortent du cadre mis progressivement en place par la cité. Nous verrons ensuite les difficultés de la cité pour réguler ces relations, en analysant les moyens de contrôle qu'a la cité sur ces elles, avant de voir jusqu'à quel point les cités s'accommodent de ces relations avec les Perses qui leur sont nécessaires.
Sign up for access to the world's latest research.
checkGet notified about relevant papers
checkSave papers to use in your research
checkJoin the discussion with peers
checkTrack your impact
Related papers
Les malentendus culturels entre Grecs et Perses (VIe-IVe siècle av. J.-C.)
Revue des Sciences Sociales 50, 2013, p. 36-41., 2013
"Abstract. Some thoughts on how modern historians sometimes use the notion of misunderstanding to interpret relations between Greeks and Persians and why it is in some cases questionable. Résumé. On propose ici quelques observations sur l’usage de la notion de malentendu par les historiens modernes s’agissant des relations entre Grecs et Perses et sur les difficultés que cet usage peut soulever dans certains cas. "
2014
Pour la plupart des chercheurs qui ont travaillé sur la révolte judéenne contre Antiochos IV depuis E. J. Bickerman, les événements qui précèdent la révolte se déroulent en deux temps bien distincts 1 . Une première phase se situerait au retour de la campagne d'Égypte d'Antiochos IV en 169 ou en 168 a. C. : le roi, croyant, à tort ou à raison, que la Judée est en révolte, prend alors Jérusalem d'assaut ; cette phase de répression militaire s'accompagnerait de remaniements politiques et administratifs 2 . La deuxième phase, soidisant séparée de la première par un intervalle de deux ans, serait marquée par une persécution religieuse, ou, selon la formule désormais consacrée, par une interdiction des coutumes juives. Selon E. J. Bickerman, ce second épisode serait indépendant du premier 3 . Récemment, R. Doran et, à sa suite J. Ma ont avancé la thèse selon laquelle l'interdiction des coutumes juives serait la conséquence quasi-automatique des réformes administratives imposées par • Université de Rennes, ArScAn-Haroc. •• Tel Aviv University. 1 Nous tenons à remercier L. Graslin-Thomé qui a relu le présent article. Ses commentaires détaillés nous ont permis de corriger de nombreuses erreurs. Celles qui subsistent malgré tout sont de notre fait. Nous remercions également le lecteur anonyme de notre article pour sa relecture attentive de notre texte. 2 Bickerman (1979), p. 46-53. Voir notamment p. 46 : « The royal government, on its side, considered the rebellion a purely political enterprise. » 3 Bickerman (1979), p. 53-58.
“Pan / Panoptes”, Revue des Études Grecques 136 (2023), ps. 161-172.
L’étude des sources mythographiques fournit des informations intéressantes concernant l’évolution du mythe d’Argos Panoptès. Ce personnage est défini comme natif d’Arcadie, où il entretient une relation étroite avec le dieu Pan, mais il a été attiré très tôt dans l’orbite argienne. Cependant nous verrons qu’en dépit de ce déracinement, les témoignages littéraires et iconographiques maintiennent une définition « panique » du personnage.
In order to restablish Seleucid authority over the Upper Satrapies, Antiochos IV would have sought the support of the king of Media Atropatene. This alliance would have been ratified with a dynastic marriage between a Seleucid princess and one of the king's sons, Ariobarzanes. An analysis of the available sources, leads to the hypothesis that the child born from this marriage was the "Antiochos son of king Ariobarzanes" mentioned in several Babylonian astronomical diaries and who played a short but significant role during the Parthian conquest of Mesopotamia.
A. D. Rizakis, F. Camia et S. Zoumbaki, Social dynamics under Roman rule. Mobility and status change in the provinces of Achaia and Macedonia. Proceedings of a conference held in Athens, May 30th-31st 2014, 2017
From 200 BC to approximately 200 AD, almost every holder of the Apollo Pythios’ priesthood in Delphi is known from the inscriptions. We have considered those 40 individuals as the appropriate observation panel to uncover the social evolution of the Delphian upper classes. Throughout those 4 centuries, an effective, yet not linear, process of oligarchisation and aristocratisation has occured which nevertheless did not produce social immobilism. The observation of the institutional, ideological, and social phenomena which took place during that period led us to establish no less than 4 different phases in the history of Delphi from the Hellenistic period to the imperial era. The article particularly examines the social dynamics which transformed the self-centered democratic Delphi under Roman protectorate, into an open city, partly renewed by features specific to the Roman Empire, such as Roman citizenship and provincial élite.
Loading Preview
Sorry, preview is currently unavailable. You can download the paper by clicking the button above.