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Le bruit et le silence

Liberte, 2011

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La rumeur du silence-Prologue.pdf

Comme toujours, le regard de mes compagnons de terrain a hanté mon écriture. Leur regard est l'aune à laquelle j'ai choisi chaque mot, chaque tournure. Celui, toujours sérieux et un peu triste, de Josecito fut celui qui accompagna la première version de ce livre. Du haut de ses presque deux ans à l'époque, il m'encouragea à raconter son histoire de peur et de violence. Trois ans plus tard, c'est cette fois le regard de sa mère, Fabiola, qui m'a hantée ; un regard dans lequel j'ai vu les rêves s'éteindre au fil des années, systématiquement brisés par les violences. Progressivement, la détermination et la malice y ont cédé la place à un découragement douloureux. « Est-ce que tu crois que c'est le destin ou c'est nous qui brisons nos rêves ? », me demande-t-elle un jour de janvier 2018. Cette petite phrase, et mon silence désemparé, ne cesse depuis de me tourner dans la tête. Pourtant, je me suis longtemps refusée à accorder une place à part entière à la violence dans ma recherche. Le risque de réduire mon terrain et les personnes qui le font vivre à la violence qui les frappe et de tomber ainsi dans une recherche « à sensation » me semblait trop difficile à éviter. Pour être tout à fait honnête, cette réalité à décrire me remuait plus que je n'étais prête à l'admettre, me rendant incapable de trouver l'angle et les mots justes pour l'aborder et la dire. Ainsi qu'a pu le démontrer Georges Devereux (2012 : 30), « le chercheur est émotionnellement impliqué dans son matériau, auquel il s'identifie ; ce qui, en dernière analyse, rend l'angoisse inévitable ». Cette angoisse fut chez moi, comme chez tant d'autres, à l'origine de bien des déformations et ce depuis la récolte jusqu'à l'écriture. Je me suis ainsi efforcée tout au long du terrain d'investiguer d'autres questions, d'élaborer d'autres problématiques. Toutefois, la violence revenait toujours d'une manière ou d'une autre, hors-champ (Laplantine, 2005 : 81 – 85) incontournable et omniprésent. Quel que soit l'angle que j'adoptais, elle était là, embusquée dans chaque recoin du quotidien. Je ne pouvais l'évacuer mais quelle place lui donner ? Derrière les tours et détours empruntés pour éviter de l'aborder de front, perspective qui ne m'a jamais intéressée, grandissait pourtant en moi une interrogation qui allait répondre à cette question. Finalement mise au pied du mur par la nécessité de démarrer la rédaction, j'ai réalisé que, depuis le jour où j'ai pour la première fois posé le pied à Quiriguá jusqu'au dernier, trois ans plus tard, une question ne m'a jamais quittée, orientant mon regard et mes questions. Il me fallait comprendre ce vivre-ensemble, si particulier à mes yeux, que construisent les habitants de la région de Quiriguá. Identifier, enfin, dans toute leur minutie, les règles et les ressorts qui le font fonctionner. Tapie dans l'ombre de cette interrogation, en attendait patiemment une autre que la reconnaissance et la formulation de la première permit de sortir à la lumière. Derrière cette forme de vivre-ensemble, ce sont en effet des sujets qui le construisent et le font vivre. Qu'en était-il, alors, de ces sujets et des formes de subjectivités

Les gestes du silence1

Social Anthropology, 2007

Strike the viol, touch the lute, wake the harp, inspire the flute, sing... (H. Purcell : Come ye sons of Art, 1694) Les bons cuisiniers doivent changer de couteau chaque année parce qu'ils taillent dans la chair. Le commun des cuisiniers en changent tous les mois parce qu'ils taillent au hasard. Mais avec ce couteau, qui lui sert depuis dix-neuf ans, votre serviteur a dépecé plusieurs milliers de boeufs et pourtant la lame est encore tranchante comme au premier jour. Car il y a des interstices dans les parties de l'animal, et le fil de ma lame, n'ayant pas d'épaisseur, y trouve tout l'espace qu'il lui faut pour évoluer. (ZhuangZi, III 2 ) La musique peut-elle offrir une voie d'accès à la compréhension sociologique ? Il faut pour cela dépasser la démarche esthétique, qui place à distance d'une conscience individuelle un objet bien délimité : d'un point de vue sociologique l'art n'est pas objectivable, il déborde les cadres, nulle perspective ne peut se l'approprier parce que l'observateur fait partie du tableau. L'étude des silences dans la musique de notre civilisation met en évidence un long travail de mise à distance visuelleobjective de l'objet musical. Cette mise à distance a coïncidé avec une mise entre silences.

Le poète et le silence

Of all their literary genres, poetry is, without any doubt, the one that the Tuareg hold in highest esteem. The men are fond of well-crafted verses, and are all capable of versifying a few lines. Being known for one’s poetic talents is an accomplishment to which many aspire. The most talented are esteemed by the public. Like the poets of ancient Arabia said to be haunted by evil spirits, the figure of the prestigious Tuareg poet has a more somber side. The ambiguity of poets is the subject treated herein.