Poétique du lointain et du proche dans La Marche de Radetzky de Joseph Roth (original) (raw)

2015, Romans de la fin d’un monde, sous la direction d’Anna Saignes et d’Agathe Salha, Presses Universitaires de Rouen et du Havre, p. 83-102.

Joseph Roth dessine dans La Marche de Radetzky (1932) une carte souterraine que le lecteur est invité à reconstituer, à l’aide d’indications spatiales parfois très précises, parfois au contraire vagues ou tronquées ou encore délibérément modifiées – une carte subjective, donc, plus émotive que topographique, traversée de tensions et fortement polarisée entre centre et périphérie. Il se crée là un réseau de sens relevant de ce savoir, de cette « connaissance du cœur humain » dont Freud veut que les œuvres d’imagination soient plus aptes à témoigner que la science. C’est à cette géographie transfigurée, entre réalité objective et paysage de l’âme, que cet article s’intéresse.