Le genre institutionnalisé, une machine antipolitique (original) (raw)
2018, Revue Esquisses- Regards et perspectives, Laboratoire les Afriques dans le monde
Depuis la fin de la colonisation, en Afrique du Sud comme au Sénégal, les mécanismes de l’institutionnalisation du genre se sont multipliés. Ils se sont concentrés sur les questions d’égalité des droits entre les hommes et les femmes. Cette option traduit les choix des dirigeants des États qui, dans le premier pays, donnent la priorité aux questions de race et de classe et à un antiféminisme fort, et, dans le deuxième, alimentent un paternalisme et un féminisme d’État sophistiqué. Les options des politiques nationales, soutenues par les politiques internationales, ont eu des impacts directs sur les mobilisations des organisations de femmes ou féministes, qui ont eu à choisir entre alliance et rupture avec les institutions gouvernementales. Les actions des organisations qui ont choisi l’alliance sont dépolitisées au sens où elles s’éloignent de la question du pouvoir politique. Par ailleurs, on assiste à une « ONGisation » des luttes, qui biaise la représentation des rapports sociaux de genre et les éloigne de la déconstruction des rapports de domination.