Les exilés du Second Empire en Belgique : défiance, échanges et influences croisées (original) (raw)
2018, L’étranger, ami ou ennemi ? Tensions, échanges et sensibilités de l’Antiquité à nos jours. XIe universités d’hiver de Saint-Mihiel 2018, (Saint-Mihiel, France), 22-24 novembre 2018
Parmi les nombreux étrangers résidant en Belgique au 19e siècle, la communauté des émigrés français est une minorité importante, en représentant approximativement 25 à 32% jusqu’en 1914. Cette présence française en Belgique, si elle reste numériquement stable, est toutefois directement influencée par les soubresauts de la politique intérieure française, et en corollaire à l’état plus ou moins bon des relations franco-belges. À cet égard, le Second Empire est sans conteste une période des plus troublées, tant par la détérioration des relations entre les deux États, que par l’arrivée en Belgique de nombreux proscrits, venus y trouver un refuge où continuer leur lutte. Mais quel regard les populations belges jettent elles sur ces réfugiés français venus trouver asile en Belgique ? Les relations qui se tissent entre belges et proscrits du Second Empire, au sein desquels les intellectuels, écrivains, publicistes et éditeurs, occupent une place importante, ne manquent pas d’intriguer. S’ils suscitent généralement la sympathie des élites libérales belges, avec qui ils partagent une culture politique commune, l’arrivée de ces proscrits n’est toutefois pas toujours des plus paisible. Si certains Français s’amusent des belgicismes et autres spécificités langagières du plat pays, d’autres ont plus de mal à s’accommoder à leur nouvelle vie d’exilés. De même, la mainmise que les réfugiés français exercent dans quelques secteurs tels que la presse ou le théâtre n’est que modérément appréciée par certains Belges, qui y voient les prémisses d’une invasion culturelle, dans un climat géopolitique tendu lui aussi par la menace d’une invasion militaire. Les tensions qui en découlent ne dépassent pourtant jamais le stade des mots, en dépit de la violence de ceux-ci. Loin d’être à sens unique, les échanges entre ces proscrits et les populations belges ont considérablement influencé et enrichi la vision respective des uns et des autres. Ces influences croisées sont donc d’une importance capitale pour la bonne compréhension de la dialectique nous/autres, que cette communication se propose d’aborder.