PROGRAMME 2e et 3e journée du colloque Les manuscrits hagiographiques du nord de la France et de la Belgique actuelle à la fin du Moyen Âge (XIVe -XVIe s.) : fabrication, fonctions et usages (original) (raw)
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La basilique Saint-Sernin de Toulouse s'enorgueillit depuis le XIV e siècle de posséder le corps entier de Jacques le Majeur. En 1389, le marchand florentin Bonacorso Pitti, lors d'un séjour toulousain en compagnie de Charles VI, rapporte une rumeur selon laquelle Charlemagne « envoyait toutes les saintes reliques qu'il pouvait trouver à Toulouse », dont les corps de saint Jacques et de cinq autres apôtres (Simon, Jude, Jacques le mineur, Philippe et Barnabé). Le copieux dossier documentaire qui documente ces reliques toulousaines comportant nombre d'incertitudes, l'autorisation de faire ouvrir la châsse et le chef-reliquaire de saint Jacques a été sollicitée afin de vérifier authentiques, ossements et objets conservés. Ce type d'opération, qui a eu lieu lors d'une cérémonie solennelle le 1er mars 2018, nécessitait une exploitation des données et des résultats d'analyses étagée dans le temps. Après un premier séminaire préparatoire le 11 mars 2019 à l'UT2J (Vraies et fausses reliques : un vrai faux problème), une journée d'études s'est tenue le 10 décembre 2021 (Les reliques toulousaines de Jacques le Majeur), centrée sur les aspects matériels (examen des ossements, des reliquaires, des authentiques). Dans une dernière étape, les résultats de ces analyses doivent être mis en perspective lors d'une rencontre qui déboucherait sur la rédaction d'une monographie rassemblant tous les travaux menés autour des reliques de saint Jacques à Toulouse. Toute contribution susceptible d'éclairer dans le temps long l'histoire de cette relique toulousaine est la bienvenue.
« Le dossier hagiographique de sainte Hunégonde (seconde moitié du X e siècle) : efficacité et limites d'un discours monastique ? » La biographie de sainte Hunégonde (qui serait née au VII e siècle à Lambais, en Vermandois) n'est connue que par un ensemble de textes hagiographiques probablement composés dans les années 950-960 par Bernier (949/954-982), premier abbé bénédictin du monastère d'Homblières (diocèse de Noyon) 1. Le dossier, qui comporte une Vita (BHL 4046), une Translatio prima (BHL 4047) (racontant la découverte et l'élévation des reliques en 946 par l'abbesse Berthe) et un recueil de miracles (BHL 4048-4049), a été utilisé pour son apport sur la sainte mais pas vraiment pour lui-même 2. Tout au plus lit-on brièvement, depuis une vingtaine d'années, que tous ces textes auraient vaguement servi à justifier l'expulsion des religieuses, à susciter l'intérêt des populations locales pour sainte Hunégonde ou encore des manifestations de générosité envers la nouvelle communauté monastique 3. Ces interprétations, présentées comme des évidences, ignorent la complexité et l'hétérogénéité internes du dossier (analyses qui restent à faire) ainsi que la profondeur de la psychologie de l'auteur. En réalité, une relecture fouillée de l'oeuvre de l'abbé Bernier permet d'y voir un ensemble de stratégies défensives et didactiques dont il faut révéler la diversité. Une telle enquête se heurte tout d'abord aux faiblesses documentaires inhérentes à notre dossier hagiographique. On peut déplorer la disparition des manuscrits originaux (aucun témoin antérieur au XI e siècle n'a été conservé). Il s'avère difficile de s'assurer de l'identité de l'hagiographe même si l'organisation interne du corpus et certaines particularités de style plaident en faveur de l'abbé Bernier dont la paternité littéraire n'en reste pas moins explicitement indiquée que dans la 1 D'après la tradition érudite, sainte Hunégonde aurait été la fondatrice et la première abbesse du monastère d'Homblières, précisions pourtant absentes des textes hagiographiques ici étudiés. 2 Fernand VERCAUTEREN, « Note sur un texte du cartulaire d'Homblières et sur un passage de la Vita altera sanctae Hunegundis », dans Recueil de travaux offert à M. Clovis Brunel par ses amis, collègues et élèves,
La basilique Saint-Sernin de Toulouse s'enorgueillit depuis le XIV e siècle de posséder le corps entier de Jacques le Majeur. En 1389, le marchand florentin Bonacorso Pitti, lors d'un séjour toulousain en compagnie de Charles VI, rapporte une rumeur selon laquelle Charlemagne « envoyait toutes les saintes reliques qu'il pouvait trouver à Toulouse », dont les corps de saint Jacques et de cinq autres apôtres (Simon, Jude, Jacques le mineur, Philippe et Barnabé). Le copieux dossier documentaire qui documente ces reliques toulousaines comportant nombre d'incertitudes, l'autorisation de faire ouvrir la châsse et le chef-reliquaire de saint Jacques a été sollicitée afin de vérifier authentiques, ossements et objets conservés. Ce type d'opération, qui a eu lieu lors d'une cérémonie solennelle le 1 er mars 2018, nécessitait une exploitation des données et des résultats d'analyses étagée dans le temps. Après un premier séminaire préparatoire le 11 mars 2019 à l'UT2J (Vraies et fausses reliques : un vrai faux problème), une journée d'études s'est tenue le 10 décembre 2021 (Les reliques toulousaines de Jacques le Majeur), centrée sur les aspects matériels (examen des ossements, des reliquaires, des authentiques). Dans une dernière étape, les résultats de ces analyses doivent être mis en perspective lors d'une rencontre qui déboucherait sur la rédaction d'une monographie rassemblant tous les travaux menés autour des reliques de saint Jacques à Toulouse. Toute contribution susceptible d'éclairer dans le temps long l'histoire de cette relique toulousaine est la bienvenue. Quatre axes apparaissent comme prioritaires, sans prétention à l'exhaustivité.