Être gendarme en Belgique occupée. Droits et devoirs d’une profession au regard de la répression pénale d’après-guerre (1944-1950) (original) (raw)
Droits et devoirs d'une profession au regard de la répression pénale d 'après-guerre (1944-1950) en termes humain, matériel et struCturel, la gendarmerie sort profondément marquée de la seConde guerre mondiale. À la liBération, elle ne BénéfiCie que d'un Crédit limité, alors qu'elle fait faCe À une ConCurrenCe exaCerBée sur le plan de l'ordre (mouvements de résistanCe, armées alliées). une réorganisation s'impose donC pour rétaBlir la légalité poliCière de l'arme et lui permettre d'exerCer ses missions traditionnelles et nouvelles en Belgique liBérée. À Ce titre, les gendarmes doivent revenir sur les valeurs Constitutives de leur identité professionnelle, après les trouBles induits par l'état d'oCCupation. À son niveau, la répression de la CollaBoration partiCipe À la redéfinition du "métier de gendarme". L a gendarmerie est une institution militaire de police qui se définit par son organisation, les missions qui lui sont confiées ou le profil sociologique de ses membres. Elle se définit également par un ensemble de pratiques et de valeurs professionnelles partagées. Inscrites dans la durée et déclinées dans la vie de l'institution, elles en constituent l'habitus 1 . Au cours du 19 e et de la première moitié du 20 e siècle, ce sont des valeurs d'obéissance, d'efficacité professionnelle, de respect de la Loi 2 , mais aussi de neutralité du service de l'État qui se sont ancrées au sein du corps, en corollaire de son extension, du renforcement de son identité corporative et de l'apparition d'une expertise propre à l'appareil d'État et aux forces de police 3 . En période de tensions politiques ou sociales, l'identité institutionnelle est soumise à de fortes interrogations : l'anormalité de la crise trouble les frontières entre légalité et légitimité des pratiques professionnelles. Entre mai 1940 et septembre 1944, l'occupation de la Belgique constitue par sa durée, son caractère total et idéologique, ainsi que par ses conséquences sociétales, un paroxysme dans le questionnement du "métier de gendarme" ainsi que des droits et devoirs qui en découlent. 1 Pour une perspective sociologique sur cette question, françois dieu, La gendarmerie, secrets d'un corps, Bruxelles, Complexe, 2002. Pour sa transposition historique pour la gendarmerie nationale française, voir le récent arnaud-dominique houte, Le métier de gendarme national au XIXe siècle, Rennes, PUR, 2010, ainsi que Jean-noël luC (dir.), Soldats de la loi. La gendarmerie au 20 e siècle, Paris, PUPS, 2010. Pour une perspective européenne, lire le pionnier Clive emsley, Gendarmes and the State in Nineteenth-Century Europe, Oxford, Oxford University Press, 1999. 2 À son entrée en fonction, le gendarme jure depuis l'indépendance du pays, "obéissance au Roi, à la Constitution et aux lois du peuple belge". 3 Phénomène qui subit une accélération majeure durant l'entre-deux-guerres. Voir notamment BénédiCte roChet, "L'impact de la Seconde Guerre mondiale sur les pratiques administratives", in Pyramides, Revue du Laboratoire d'Études et de Recherches en administration publique, n° 10, Bruxelles, Hiver 2005, p. 167-188. Pour le degré d'expertise des forces de police, se reporter à René Lévy, "Savoir et compétences : du policier à la police", in Jean-marC Berlière, Catherine denys, dominique Kalifa, vinCent milliot (dir.), Métiers de police. Être policier en Europe, XVIIIe-XXe siècle, Rennes, PUR, 2008, p. 229-235.