Ecrire, lire, d'après Blanchot (original) (raw)
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Écrire après Blanchot selon Tanguy Viel
Maurice Blanchot : "La littérature encore une fois", 2017
« Continuer Blanchot d'imprévisibles manières » : voilà l'invitation de Dominique Rabaté, dans un article où il se demandait que faire aujourd'hui de Blanchot, avec Blanchot. C'est cette scène d'héritage qu'il s'attachait à déplier, pour dire comment l'écrivain contemporain qui écrit après Blanchot, s'affronte non seulement à son ambition spéculative, mais se confronte aussi aux apories romanesques qu'il a dénouées dans sa pratique du récit. Entre emprise et rejet, continuation fascinée et bilan critique, une ligne blanchottienne traverse la littérature de la fin du XX e siècle, qui trouve selon lui une tierce voie en faisant de Blanchot un support de fiction, de Paul Auster à Enrique Vila-Matas.
L'écriture chez Maurice Blanchot
L’écriture chez Maurice Blanchot renvoie d’abord à sa propre écriture. Jeune écrivain dans les années quarante, il publie romans (Thomas l’obscur, Aminadab, Le Très-haut), récits (L’Arrêt de mort, La Folie du jour), articles de critique littéraire dans le Journal des débats (Chroniques littéraires du Journal des Débats : avril 1941 – août 1944) et recueils d’articles (Faux pas, La Part du feu), qui lui fourniront l’expérience et les connaissances, la familiarité avec les œuvres de Mallarmé et Kafka, la lecture des premiers livres de Levinas, qui furent nécessaires à l’élaboration de sa propre pensée de l’écriture à partir des années cinquante dans L’Espace littéraire et Le Livre à venir, l’ultime article de La Part du feu, « La littérature et le droit à la mort », en constituant la première ébauche.
Blanchot, Proust et le livre à venir
Revue d'études proustiennes, 2017
Maurice Blanchot est certainement parmi les premiers de sa génération, en France, à lire Proust, et ce dès le début des années 1920, quand il fait ses études à Strasbourg. Quelques années plus tard, entre 1925 et 1930, il fait découvrir Proust à Emmanuel Levinas, son condisciple et ami 1. Dans l'immense oeuvre critique de Blanchot, seuls deux essais sont explicitement consacrés à Proust (dans Faux pas et dans Le livre à venir) mais ce n'est là que le proverbial sommet de l'iceberg, car la Recherchebien que le plus souvent tue-irrigue profondément l'oeuvre entière de Blanchot et en oriente le questionnement principal. Cet impact de Proust, peu de commentateurs l'ont signalé, et le rapport à la Recherche n'est pas des plus débattus parmi les blanchotiens 2. C'est un critique anglo-saxon, angliciste de surcroît, William Flesh, qui a observé que « Blanchot [is] one of Proust's major disciples » et que Proust est « his most important precursor » 3. A une génération de distance, Maurice Blanchot a pu se reconnaître en Proust, ne fûtce qu'au niveau élémentaire de la biographie. Comme Proust, Blanchot est, dès sa prime jeunesse, un grand malade : souffrant d'asthme, de tuberculose, d'affections nerveuses et d'insomnie 4 , il connaît la souffrance physique et est confronté plus d'une fois à la mort imminente. En même temps, comme Proust, il est doué d'une grande énergie et ténacité quand il s'agit de son oeuvre : c'est un « survivant » 5. Cette expérience de la maladie et de la mort s'avère déterminante pour son oeuvre critique et elle est fortement mise en scène dans ses récits, comme dans L'Arrêt de mort. Mais restons-en un instant encore au niveau de la biographie : Proust et Blanchot ont en partage leur santé fragile et par la même, leur réputation de solitaire et de reclus de la société. Je dis bien réputation, car il s'agit bien évidemment d'un mythe, qu'ils ont eux-mêmes contribué à créer : celui de Proust qui s'enferme dans sa chambre tapissée de liège et celui de Blanchot vivant longuement si à l'écart de la société que, de son vivant, le public ne connaissait guère ses traits physiques. Audelà de ce mythe un peu simpliste, chez les deux écrivains, on trouve une existence à la fois passionnément vouée au 'monde' (jeunesse mondaine de Proust, engagement politique du jeune Blanchot) et se détournant à un certain moment de lui pour se vouer entièrement à l'écriture, mais à une écriture qu'il serait trop facile de considérer comme tournant le dos au 'monde' puisqu'elle est, par son essence même de langage, communication intense avec celui-ci. Avec ce paradoxe, nous sommes au coeur du questionnement de Blanchot tel qu'il se pose dans Faux pas, son premier volume d'essais : « comment la littérature est-elle
Le texte de l'écrivain et du lecteur : Maurice Blanchot et Jacques Derrida
Divus Thomas , 2019
Le texte vit car il est fait par des vivants – l’écrivain et le lecteur – qui trouvent en lui ses formes expressives : ils vivent dans le texte. Nous allons exposer le fonctionnement du jeu vie/survie dans l’organisation textuelle à partir de la pensée de Jacques Derrida (1930-2004) qui valorise l’idée de survie comme le genre de relation existant entre la vie et la mort au-delà de leur stricte délimitation. À ce propos il affirme : « la vie est survie » . Ce faisant nous pouvons étendre ce rapport au texte et au récit : la textualité vit dans l’écriture et dans la lecture, elle intéresse sa narration et son commentaire. Nous suivons les pas de Derrida dans Survivre vers le récit de Maurice Blanchot (1907-2003), La folie du jour. Il s’agit de montrer un texte à l’œuvre dans un autre texte, selon un double mouvement d’envoi.
Maurice Blanchot et la question de la lecture
La question de la lecture chez Blanchot renvoie d'abord à sa propre manière de lire. Blanchot est un grand lecteur, qui aura passé sa vie à lire les écrivains et les philosophes de son temps. La question de la lecture intervient aussi dans les romans et récits, où les personnages sont souvent des lecteurs. Dans Thomas l'obscur, Thomas, pendant sa lecture, est persécuté par des mots qui se mettent à le regarder. Celui qui ne m'accompagnait pas est tout entier consacré à la communauté que forment l'écrivain et le lecteur. Les pages que Blanchot consacre à la lecture dans les écrits théoriques sont très rares, alors que celles consacrées à l'écriture sont innombrables. Elles n'en sont pas moins essentielles, et les articles parus en mai et décembre 1953 dans la Nouvelle nouvelle revue française, « Lire » et « La communication », repris dans L'Espace littéraire, constituent une authentique phénoménologie de la lecture qui, comme les passages sur l'écriture demandent ce que c'est qu'écrire, cherchent à penser ce que c'est que lire quand il s'agit de lire une oeuvre littéraire, dans un dialogue implicite avec la pensée de la lecture que développe Sartre dans Qu'est-ce que la littérature ?, à savoir une entente de l'appel que la liberté de l'écrivain lance à la liberté du lecteur, en lui présentant un monde qui est le sien et en lui révélant sa responsabilité à l'égard de ce monde qu'il doit transformer. Blanchot affirme que contrairement aux oeuvres matérielles, qui ont une existence objective dans l'espace, par exemple une statue, l'oeuvre littéraire n'est nulle part et, à proprement parler, elle n'est que si un lecteur la fait être.
Fabula / Les colloques, Goethe, le mythe et la science. Regards croisés dans les littératures européennes, 2019
« Goethe, le mythe et la science. Regards croisés dans les littératures européennes », URL : https://www.fabula.org/ colloques/document6203.php, article mis en ligne le 19 Avril 2019, consulté le 20 Mars 2024 Ce document a été généré automatiquement le 20 Mars 2024 Le Goethe de Blanchot Jérémie Majorel L'intérêt que Blanchot porte à Goethe s'inscrit dans le contexte plus large de ses réflexions sur le romantisme, qui ont fait l'objet d'un colloque à Oxford en 2009. On a pu ainsi mesurer la place qu'occupent dans L'Entretien infini (1969) le romantisme d'Iéna, l'Athenaeum, les frères Schlegel, Novalis, Schleiermacher, l'écriture fragmentaire, et l'importance que ce livre a eu pour Philippe Lacoue-Labarthe et Jean-Luc Nancy lorsqu'ils ont écrit L'Absolu littéraire. Théorie de la littérature du romantisme allemand (1978). Dans leur substantielle introduction aux actes du colloque, les deux organisateurs, John McKeane et Hannes Opelz, soulignent l'intérêt jamais démenti de Blanchot, dès les années 1940, non seulement pour des romantiques marginaux comme Hölderlin et Jean-Paul mais aussi « Hamann, Goethe,