« Modélisation de la lecture chez Virginia Woolf : lecture du théâtre, lecture et théâtre, lecture en théâtre », Woolf lectrice / Woolf critique, eds. Bernard, Catherine & Catherine Lanone, Études britanniques contemporaines, n° hors-série : 33-41. (2007) (original) (raw)

« De l’essai à la scène : sur deux récentes adaptations à la scène française de A Room of One’s Own de Virginia Woolf : une chambre à nous ? », Le Texte pris dans les enjeux, Bulletin de la Société de Stylistique Anglaise 33, Université Paris Ouest-Nanterre La Défense : 121-135. (2010)

L'hybridité de A Room of One's Own, récriture pour publication de deux conférences données par Virginia Woolf l'année précédente sur le thème des femmes et de la littérature de fiction, semble en faire un texte naturellement transposable à la scène. À partir de récentes adaptations de cet essai sur la scène française : Une Chambre à soi dans deux mises en scène d'Anne Bérélowitch (2003 ; 2009) et Une Chambre à soi dans une mise en scène d'Anne-Marie Lazarini (2008), cet article montre que c'est justement le dispositif énonciatif que met en place l'essai qui résiste à la mise en théâtre. Néanmoins, l'adaptation théâtrale, en ce qu'elle est représentation, c'est-à-dire, actualisation, est un lieu pertinent où explorer l'historicité et le devenir d'une oeuvre qui cherche à demeurer contemporaine. Dans la contemporanéité de l'adaptation se joue un rapport au texte et à la littérature que thématise le décor de la bibliothèque comme représentation du « common ground » woolfien. Publié en 1929, A Room of One's Own se présente comme la récriture pour publication de deux conférences données par Virginia Woolf l'année précédente devant les étudiantes de Cambridge sur le thème des femmes et de la littérature de fiction. J'étudierai deux récentes adaptations de cet essai sur la scène française : Une Chambre à soi par la Compagnie 'L'instant même' dirigée par Anne Bérélowitch donnée en décembre 2003 au centre culturel Les Trois Pierrot à Saint-Cloud puis en juin 2004 à la Maison du développement culturel de Gennevillers et Une Chambre à soi dans une mise en scène d'Anne-Marie Lazarini programmée au Théâtre Artistic Athévains à l'automne 2008 et reprise en février 2009. Depuis, à l'automne 2009, Anne Bérélowitch a rejoué ce spectacle, dans une mise en scène retravaillée, au Théâtre du Temps, à Paris. Consciente des difficultés théoriques que pose l'analyse de spectacles, dont le texte et les traces sont parcellaires et nécessairement filtrées par la mémoire du spectateur-chercheur, je défendrai l'hypothèse que les partis pris radicalement différents de ces deux adaptations-Anne-Marie Lazarini fait monologuer une actrice célèbre tandis qu'Anne Bérélowitch fait circuler la parole entre trois actrices moins célèbresque viennent encore souligner les choix de mise en scène, invitent à faire de l'énonciation le lieu où interroger les enjeux de la transmédiation de l'essai à la scène. J'ajouterai aussitôt, précaution qui n'a rien d'oratoire, que mon propos ne consistera en rien à juger ou à établir une hiérarchie entre ces mises en scène, ni même entre les genres de l'essai et du théâtre-je ne demanderai ni s'il vaut mieux lire l'essai ou voir son adaptation, ni quelle adaptation est la plus fidèle à l'essai source. Je ferai l'hypothèse que l'adaptation théâtrale, en ce qu'elle est représentation, c'est-à-dire, actualisation, est un lieu pertinent où explorer l'historicité et le devenir d'une oeuvre qui, selon Ingeborg Bachmann, « refuse d'être datée et rendue inoffensive » (Bachmann 1986, 127), mais cherche à demeurer contemporaine. Si l'hybridité de ce long essai qui conserve des traces de la conférence originelle, entre oralité et écriture, éphémère et transmission, semble le désigner comme éminemment adaptable à la scène, je voudrais montrer que, loin de constituer le point de passage « naturel » d'un médium à l'autre, le dispositif énonciatif que construit l'essai woolfien constitue un point de résistance à l'adaptation. Il fait l'objet d'une (re)mise en voix, qui est aussi une (re)mise en jeu, et donc une problématisation, de son autorité, de sa force polémique et de sa contemporanéité ; il est le point critique où chaque adaptation négocie sa pertinence, mais aussi le point critique où l'essai résiste à l'adaptation et, donc, le lieu où la maîtrise du discours a pour enjeu la réactivation ou la neutralisation de A Room of One's Own. Du dispositif énonciatif de l'essai : « One cannot hope to tell the truth » La force énonciative de l'essai se distribue entre deux instances qui se répartissent les rôles : le pronom « I » correspond à une narratrice à qui il a été demandé de prononcer une conférence sur les femmes et la fiction et qui rapporte le cheminement géographique et intellectuel qui l'a menée à produire le texte que nous lisons : « But, you may say, we asked you to speak about women and fiction-what has that got to do with a room of one's own? I will try to explain. When you asked me to speak about women and fiction I sat down on the banks of a river and began to wonder what the words meant. » (Woolf 1993, 3) L'écriture ménage bientôt une transition de « I » vers une nouvelle instance énonciative, « one », qui correspond à la voix de l'essai comme genre, transition de la voix de l'écrivain (de sa figure et non de la Woolf historique) vers la voix de l'écriture : But in order to make some amends I am going to do what I can to show you how I arrived at this opinion about the room and the money. I am going to develop in your presence as fully and freely as I can the train of thought which led me to think this. Perhaps if I lay bare the ideas, the prejudices, that lie behind this statement you will find that they have some bearing upon women and some upon fiction. At any rate, when a subject is highly controversial-and any question about sex is that-one cannot hope to tell the truth. One can only show how one came to hold whatever opinion one does hold. One can only give one's audience the chance of drawing their own conclusions as they observe the limitations, the prejudices, the idiosyncrasies of the speaker. (4) Cette distinction se voit bientôt brouillée par un flottement poétique, lorsque la narratrice fait de « I » le lieu d'une existence fictive et non biographique : « 'I' is only a convenient term for somebody who has no real being. » (4) La voix énonciative est bien ce tourbillon entre discours particulier et discours collectif, qui n'épargne pas le lecteur, figure écartelée entre « you » et « they », dont Pierre Glaudes et Jean-François Louette font la caractéristique de la poétique de l'essai : « L'essai serait ainsi le lieu d'un tourniquet entre le collectif et l'individuel 1. Dire la vérité d'un moment, mais en s'appuyant sur l'instinct, les entrailles, la fiction : ainsi se dessine le voeu contradictoire de l'essayiste. » (Glaudes & Louette 1999, 147) La scène est le lieu où interroger les questions de la personnalité ou de l'impersonnalité énonciatives (on aurait envie de forger le néologisme « impersonnalisation » énonciative) que travaille l'écriture dans A Room of One's Own. De la mise en scène d'Anne-Marie Lazarini : « The letter 'I' » La mise en scène d'Anne-Marie Lazarini revient au dispositif énonciatif de la conférence à l'origine de l'essai : Édith Scob, dont la ressemblance physique avec Virginia Woolf est accentuée par le costume très inspiré de la mode des années 1930-1940 tout en évoquant le chic intemporel de la figure idéalisée de la conférencière du vingt et unième siècle, s'adresse frontalement au public, depuis une bibliothèque, sur un ton qui mêle l'espièglerie 2 et une pointe de dogmatisme, l'actrice accentuant encore la diction très frappée qui est la sienne. Cette mise en scène fait moins confiance, pour convaincre, au texte qu'à la voix qui se revendique comme celle de Virginia Woolf, choix que rend explicite, dans le dossier de presse, le récit de la genèse du projet suite à la publication de la traduction française des journaux de Woolf qui invite à relire l'essai « à la lumière d'éléments biographiques » 3. De brefs extraits de la voix enregistrée de la romancière lisant 'Craftsmanship' à la BBC en avril 1937 ponctuent la prise de parole d'Édith Scob sans que le rapport entre les deux essais semble faire l'objet d'une problématisation ni d'aucune explication. La voix fonctionne comme élément purement sonore et spectaculaire, même pour un spectateur anglophone puisque le choix des extraits comme leur articulation au texte dramatique semblent arbitraires ; pour autant, elle est loin de se résumer à une Adorno, Theodor, 2004. « L'essai comme forme ». In Notes sur la littérature, trad. Sibylle Muller,

Les Vanités chez Virginia Woolf et Sidonie Gabrielle Colette: les Tableaux Littéraires

Recherches en Langue et Littérature Françaises, 2018

Le thème des Vanités en peinture est utilisé dans la littérature afin d'enrichir les récits et de refléter les préoccupations des personnages. Les Vanités suscitent une méditation sur la mort, sur le passage du temps et la nature éphémère de l'existence. Elles comportaient souvent une ambiance sensuelle et certains symboles récurrents. Vénus ou n'importe quelle femme coquette à sa toilette qui s'admire devant un miroir à main, un sablier qui montre le passage du temps, et un crâne qui symbolise la mort sont les images qu'on trouve dans beaucoup de peintures des Vanités. Dans cet article, on étudie l'adaptation littéraire des motifs empruntés aux Vanités dans quelques récits de Virginia Woolf et de Sidonie Gabrielle Colette. Chez les personnages de Woolf et Colette, la méditation sur l'âge et sur la mort face à la fugacité des plaisirs est toujours présente. On mettra l'accent sur la sensibilité des personnages principaux au passage du temps, pour découvrir comment Woolf et Colette ont mis en scène et dépeint leurs tableaux modernes de Vanités dans leurs textes. Mots clés: Les Vanités, la mort, le passage du temps, Virginia Woolf, Sidonie Gabrielle Colette

Adriana Lunardi, lectrice de Virginia Woolf, de Clarice Lispector, de Julia da Costa et de Colette, dans Vésperas

Revue Étudiante des Expressions Lusophones | 111

Cet article porte sur la question de l'intertextualité dans Vésperas, oeuvre de l'écrivaine brésilienne Adriana Lunardi, paru en 2002 au Brésil, traduite chez Gallimard, en 2005. Hantée par les rapports entre vie et mort, fiction et réalité, Lunardi essaie de reconstituer dans ce recueil les derniers moments de la vie de neuf écrivaines, dont cinq anglophones, trois brésiliens (lusophones) et un francophone français, respectivement :

« Un libertin au vaudeville : les adaptations théâtrales des Amours du Chevalier de Faublas», D’un genre à l’autre : la transmodalisation dramatique, dir. Clara Debard, Presses Universitaires de Lorraine, 2014, p. 29-45

et des extraiß inédiß de la mße en scène /ø Frères Kararnuov þar Jøcques Coþeau. Illustration de couverture : L Opéra de Budapest, Jean-FÉdéric Debard, cliché 2013, IIilXXililUilililil ISBN : 978-2-8143-021 5-0 9 PRIX:15€ Un libertin au vaudeville : les adaptations théâtrales des Amours du Chevalier de Faublas Valentina PONZETTO Séduisant, irrésistible, doué d'une énergie hors du commun pour tout corps à corps d'armes ou d'alcôve, le chevalier de Faublas rivalise avec Don Juan.