"Écrire sur la ville, écrire dans la ville: Hardy et l'espace urbain parisien", In: P. Bastien, S. Juratic et D. Roche (dir.), Siméon-Prosper Hardy. Mes Loisirs ou Journal d'événemens tels qu'ils paraissent à ma connoissance (1753-1789), vol. VI (1779-1780). Paris, Hermann, 2017, p. 1-30. (original) (raw)

« Entre tradition et modernité : Hardy et la police de Paris, présentation de Siméon-Prosper Hardy », In : P. Bastien, S. Juratic et D. Roche (dir.), Mes loisirs ou Journal d'événemens tels qu'ils paraissent à ma connaissance (1753-1789), Vol. IV (1775-1776). Paris : Hermann, 2013, p. 1-36

En collaboration avec Pascal Brouillet, introduction au vol. IV (1775-1776) du Journal du libraire parisien Siméon Prosper Hardy, publication annontée réalisée sous la direction de P. Bastien, S. Juratic, D. Roche.

Poésie, topographie et épigraphie à l'époque augustéenne, in Lire la Ville. Fragments d'une archéologie littéraire de Rome antique, éd. D. Nelis & M. Royo, Bordeaux 2014, 125-158.

Lorsque l'on s'intéresse à la topographie, à l'architecture et aux monuments d'une ville antique comme ceux de la Rome impériale, une cité palimpseste que chacun des empereurs a marquée à sa manière de son empreinte, on se doit de prendre en compte, dans la mesure du possible, les différents composants relatifs au contexte dans lequel les édifices ont été conçus et perçus par les Romains. Durant la période charnière que représente l'époque augustéenne, on observe un phénomène d'une intensité jusque-là inédite qui, exalté par l'exercice d'un pouvoir impérial mis en place par le princeps, a largement contribué à transformer la topographie de l'Vrbs. Parallèlement à l'oeuvre de reconstruction de la Ville par Auguste se développe l'utilisation massive de l'épigraphie, dans un processus que Géza Alföldy a caractérisé comme une sorte de furor epigraphicus, et qui marque la création d'une véritable culture épigraphique 2 . Cette profusion d'inscriptions monumentales qui commencèrent à se déployer dans la ville de Rome durant la période augustéenne a aussi largement contribué à la transformation du paysage visuel. L'épigraphie monumentale de la Rome augustéenne représente l'un des éléments les plus remarquables de la révolution culturelle instaurée sous l'instigation du prince et constitue en quelque sorte l'un des composants d'un discours impérial qui s'affiche dans le paysage urbain contemporain et qui se présente aussi comme un vecteur de mémoire pour la postérité 3 . Elle va du reste servir de modèle aux inscriptions commémorant les divers efforts de reconstruction, et notamment ceux qui furent menés sous l'autorité papale, à partir du début du xv e s., une période qui coïncide précisément avec les premiers relevés des inscriptions de la Ville 4 . Un bâtiment, ou un monument au sens large du terme, est en effet un signifiant, un porteur de sens dans le cadre d'un message qu'il véhicule, mais qui le dépasse aussi, puisqu'il est basé sur d'autres formes d'expression artistique. Sa forme, son type d'architecture, son décor iconographique, le lieu où il est érigé, les autres monuments ou bâtiments qui l'entourent, ou même ceux qui ont été détruits sur l'emplacement qui lui est désormais affecté, tout cela constitue un ensemble d'éléments qui entrent dans sa composition. En outre, à travers l'épigraphie monumentale,

« Toposinschriften. Écriture et usages de l’espace urbain », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik 202, 2017, p. 125-154.

Le mot allemand Toposinschrift est d'usage commode pour désigner des textes parfois très courts, qui peuvent comporter ou sous-entendre le terme τόπος et qui associent un emplacement à un individu ou à un groupe, sans être pour autant des inscriptions funéraires. Comme il est à la fois plus court et moins ambigu que ne le serait en français «inscription topique», nous l'adoptons ici. La localisation de ces Topos inschriften permet de distinguer trois grands groupes: les Toposinschriften gymnasiales, dont les plus connues sont celles de Priène 2 ; les Toposinschriften d'édifi ces de spectacle, dont l'intérêt a été mis en lumière par les travaux de Charlotte Roueché 3 ; et enfi n celles qui se trouvent un peu partout dans les lieux et espaces accessibles au public, qui constituent une source potentielle sur les usages de ces espaces, et qui sont l'objet du présent essai. En 1961, Henri Seyrig, à propos de textes inscrits et peints du sanctuaire de Jupiter Héliopolitain à Baalbek, notait que leur fonction était sans doute de réserver des emplacements pour les communautés des environs, précisait que cet usage était habituel, donnait quelques exemples de textes trouvés ailleurs qu'à Baalbek ayant cette fonction, et concluait que les «inscriptions qui réservent un topos forment une série plus nombreuse que cohérente» 4

« De la cour à la ville. Art du résumé et usage des textes dans le catalogue de Perot de Neele (Paris, BnF, fr. 375) », dans Littérature urbaine. Donnée culturelle médiévale ou concept de l'histoire littéraire ?, dir. L. Evdokimova et F. Laurent, Paris, Classique Garnier, 2022, p. 507-524.

De la cour à la ville : art du résumé et usage des textes dans le catalogue de Perot de Neele (Paris, BnF, fr. 375) Le manuscrit Paris, BnF fr. 375 est l'un des représentants de la vogue des manuscritsrecueils qui se développe dans la seconde moitié du XIII e siècle 1. Il doit sa célébrité au succès de bon nombre des oeuvres qu'il contient : les romans d'Antiquité, les récits consacrés à Alexandre ou encore certains romans de Chrétien de Troyes. Il a été copié dans le Nord de la France à la fin du XIII e siècle, autour de 1289 ou après cette date, selon l'interprétation que l'on donne du colophon indiquant le nom du scribe Jean Madot, neveu d'Adam de la Halle (f o 119v o). Si la localisation précise de production du codex n'est pas assurée 2 , ce manuscrit se caractérise par de nombreux autres indices de son ancrage dans le milieu arrageois : en atteste par exemple la présence d'oeuvres attribuées à Jean Bodel et Robert le Clerc d'Arras, ou encore la suppression d'une dédicace qui rattache Ille et Galeron de Gautier d'Arras à une autre région 3. Les folios 34r o à 35 r o comportent une série de courts textes en octosyllabes à rimes plates, traditionnellement appelés sommaires rimés, dont le début est perdu, et qui présentent les pièces contenues dans la seconde unité codicologique du recueil, probablement réuni dans sa forme actuelle au XIV e ou au XV e siècle 4. Cet ensemble, attribué à Perot de Neele, constitue un autre témoignage du lien avec Arras 5 : leur auteur est en effet une figure des « communautés 6 » culturelles caractéristiques de cet univers urbain et il est recensé parmi les poètes du Puy, en tant que partenaire de jeux-partis de Jean Bretel : les pièces LXIX et LXX du Recueil général des jeux-partis l'identifient comme le poète répondant à la question dilemmatique posée par Jean Bretel, tout comme la pièce LXXI, d'attribution probable, tandis que dans le jeu-parti XCII, Perot pose la question 7. Il a composé aussi une chanson en l'honneur de la Vierge (« Douce vierge, roïne nete et pure 8 »), faisant écho, comme plusieurs des textes copiés dans le manuscrit BnF fr. 375, au rôle joué par le culte marial à Arras au XIII e siècle 9 .

«Promenades et flâneries à Paris du XVIIIe au XXIe siècles. La marche comme construction d'une identité urbaine», Marcher en ville. Faire corps, prendre corps, donner corps aux ambiances urbaines. sous la direction de Rachel Thomas, Paris, Ed. des Archives Contemporaines, 2010, p. 65-84.

Marcher en ville. Faire corps, prendre corps, donner …

RÉSUMÉ (français) Le XVIIe et XVIIIe siècles voient se constituer la figure urbaine qu’est le promeneur parisien. Rendu possible par la construction de promenades publiques, d’une littérature de voyage qui incite à la promenade et de tout un contexte social qui favorise la déambulation à même à la ville, ce promeneur donne à la Capitale française une part de son identité et, en retour, se définit par elle. Ce que nous proposons d’analyser dans la présente contribution est la fortune de cette figure urbaine. À travers des textes littéraires, Louis-Sébastien Mercier et Rétif de la Bretonne pour le XVIIIe siècle, Baudelaire pour le XIXe siècle et Pierre Sansot ou Guy Debord pour le XXe siècle, pour ne citer que les plus connus, nous entendons proposer une lecture croisée de l’oeuvre de ces écrivains afin de comprendre comment ils transmettent leur manière de flâner dans la ville. Si on assiste à une individualisation de figure du promeneur au XVIIIe siècle, le flâneur du XIXe siècle penche plutôt vers l’intériorité, il s’éloigne de la foule pour mieux la contempler. Enfin, le personnage du flâneur au XXe et XXIe siècle se conjuge au pluriel puisque cette identité devient multiple, il y a des flâneurs de tout types, de l’homme des foules au penseur solitaire en passant par le militant politique de la marche. Il convient ici de tracer un lien entre ces définitions pour comprendre les transformations qui (re)fondent cette figure du flâneur parisien. Mots-clefs Paris, Histoire littéraire, Promeneur, Flâneur RÉSUMÉ (Anglais) From the 17th to the 18th century, Paris saw the constitution of the urban stroller. It’swas made possible with new strolling conditions. Unlike the public gardens - closed, gated, and inaccessible - the Boulevards and the Champs Élysées open up, becoming integral parts of the city, open spaces in the urban landscape. By allowing pedestrians to wander in safety, these spaces begin to encourage liberal promenade, unconstrained physically and socially. The following paper aims to shed light on the functions, motivations, and consequences of this new urban promenade in the French capital under the Ancien Régime, but also how this urban figure was transformed throughout the 19th to the 21th century. The works of Louis-Sébastien Mercier and Nicolas-Edmé Rétif de la Bretonne for the 18th century, Charles Baudelaire for the 19th century and Pierre Sansot and Guy Debord for the 20th century are analysed to understand how the urban figure of the stroller became plural. Aside from the individual stroller, there are numerous models of individual stroller troughout the modern period: man of the crowd or the solitary walker. The act of promenading allows the stroller to take in the city all the while granting a sense of autonomy. There is an individualization of both the practice of promenading and of the urban space. This allows us to understand the genesis of the urban behavior of the stroller.

Valérie Fromentin/Pascale Derron (éds) : Écrire l’histoire de son temps, de Thucydide à Ammien Marcellin (J. Kennedy), Museum Helveticum, 80, 2, 2023, p. 340-341.

Les 67 e entretiens sur l'Antiquité classique de la Fondation Hardt questionnent la manière dont l'historien ancien regarde l'histoire de son temps. Reliés par les stimulantes pages de discussion, les neuf exposés qui structurent l'ouvrage prouvent que l'historiographie antique ne peut être réduite à un «problème purement littéraire et philologique (p. 190)». L'histoire du temps présent est souvent cantonnée au modèle hérité de Thucydide, fondé sur une pratique autoptique et le recours aux sources. R. Nicolai démontre toutefois que Thucydide a puisé dans la poésie épique des micro-structures narratives, des motifs empruntés à l'Iliade (p. 113). Cette histoire n'est donc pas réductible à un seul type de source. N. Luraghi interprète ainsi les décrets athéniens gravés sur des stèles comme des textes au «narrative potential (p. 213)» exploités durant les IV e et III e s. av. J.-C. pour donner un sens athénien à l'histoire récente et E.-M. Becker conçoit les Évangiles comme une memoria soucieuse de maîtriser le temps (p. 244). Le enjeux liés à l'histoire contemporaine varient selon les contextes. A. M. Kemezis voit par exemple dans le modèle d'écriture du temps présent de Velleius Paterculus une valorisation de la figure du successeur subordonné mais actif, pourtant inexistante dans les années 30 ap. J.-C. (p. 300). B. Bleckmann explique quant à lui qu'Ammien Marcellin a certes mobilisé les écrits de la bureaucratie impériale et la production historiographique antérieure mais afin de proposer un récit favorable à Julien au point d'avoir, dans cette perspective, «vielleicht mehr mit einem Hagiographen oder Evangelisten als mit einem Historiker gemein (p. 337)». J. Marincola identifie plusieurs stratégies: publier en différé, alterner critiques et louanges, produire un récit lisse et univoque. Théorisée par V. Fromentin, la distinction entre persona historique et persona historienne de l'auteur (p.188) interroge la place du «je» dans ce type de récit, tandis que la distinction entre passé et présent dépend des efforts de périodisation (p. 368). Enfin, G. Schepens et H. Inglebert s'intéressent à la façon dont les Modernes ont théorisé la perception antique du temps présent, notamment à travers le concept de Zeitgeschichte (F. Jacoby), discuté car trop englobant et fragilisé par l'impossibilité des «équivalences lexicales entre l'allemand et le grec (p. 376)». Il en ressort l'idée que ladite perception repose moins sur l'existence d'un genre spécifique que sur une variété de pratiques.