L'Art de Mémoire et sa pratique plastique à la Renaissance, dans les années 1530 - Un exemple majeur à Fontainebleau.pdf (original) (raw)

Le "théâtre" de Giulio Camillo : une nouvelle approche résolvant ses deux enjeux

Extrait de ma Thèse d'histoire de l'art soutenue le 11.01.2019 à l'Université Bordeaux-Montaigne: "Sans Bacchus et Vénus, la Galerie se refroidit": dispositif libérant le programme de l'intégralité du décor de la Galerie du Roi de Fontainebleau, 2019

Nous présentons une solution nouvelle à l’énigme de ce « théâtre » (acheté en 1531 par François 1er, et livré par Camillo début 1534), celle de sa conception intellectuelle, et celle de son fonctionnement, approche qui privilégie la logique rationnelle. Cette approche montre que l’invention de Camillo ne fait pas appel à des phénomènes de magie occulte restant irrationnels, mais s’avère une construction largement inspirée des thèses de Marsile Ficin, et notamment du christianisme néoplatonicien défendu par cet auteur. Elle distingue deux mécanismes différents pour garantir à l’usager les deux enjeux mentionnés par Camillo dans L’idea del theatro : - le perfectionnement de l’éloquence pour tout discours, assuré par une structure logique sophistiquée sans art magique - l’accès à une connaissance supérieure pénétrant tous les secrets des principes du monde et élevant l’âme à une sagesse suprême, asssuré par la peinture spéciale des images du secteur central du "théâtre" (celui du Soleil) qui applique simplement la technique des images irradiantes décrite par Ficin dans son De triplici vita (cf. Copenhaver et Quinlan McGrath) : l'irradiation solaire de ces images centrales est censée communiquer à l'usager l'effet d'Intellect agent dont le soleil est porteur dans le christinanisme néoplatonicien de Ficin. Enfin, cette approche peut être validée par les deux citations du « théâtre » que donne le décor de la Galerie François 1er de Fontainebleau (1530-1539).