« Géographie humaine, sciences coloniales et intérêt ethnologique : vie et oeuvre d’Edgar Aubert de la Rüe » in Bérose - Encyclopédie internationale des histoires de l’anthropologie, Paris, IIACLAHIC, UMR 817. (original) (raw)

Edgar Aubert de la Rüe, de l'exploration scientifique au voyage : collecte de terrain, intérêts coloniaux, diffusion institutionnelle et grand public (1923-1960)

Avec la création de l'Institut d'ethnologie en 1925 et celle du Musée de l'Homme en 1937, l'entre-deux-guerres voit émerger la première génération d'ethnologues professionnels français. Conçue par Paul Rivet comme un nouvel humanisme, l'ethnologie est rapidement à la mode et les expositions présentées au Musée d'ethnographie du Trocadéro puis au Musée de l'Homme déplacent les foules. Les collections qui entrent dans cette institution sont alors importantes et témoignent en particulier des richesses culturelle et humaines des territoires colonisés. Elles sont réunies par les nombreuses missions organisées par l'équipe du musée et les ethnologues formés à l'Institut d'ethnologie mais aussi par de nombreux autres contributeurs, administrateurs coloniaux, voyageurs, explorateurs et scientifiques d'autres disciplines. A partir de l'étude analytique du fonds d'archives privé du géologue Edgar Aubert de la Rüe conservé au musée du quai Branly, cette note de recherche invite à considérer la contribution de l'un de ces autres collecteurs, ethnologues de circonstance sur le terrain. C'est ainsi une contribution "en négatif" à l'histoire de l'ethnologie dans l'entre-deux-guerres, permettant de déplacer le regard du centre vers les marges d'un champ disciplinaire en constante évolution, qui est ici esquissée à partir des missions Edgar Aubert de la Rüe aux Nouvelles-Hébrides (Vanuatu actuel), Côte française des Somalis (Djibouti) et Guyane française.

L’Histoire assiégée par les noms. Philippe Chanson, La Blessure du nom. Une anthropologie d’une séquelle de l’esclavage aux Antilles-Guyane. Louvain-la-Neuve, Bruylant-Academia, 2008, 154 p

2008

L’esclavage aux Antilles et en Guyane fut une gigantesque entreprise de dressage des corps et des esprits. Au-dela des analyses des historiens, economistes et politistes qui ont, pour la plupart, converge pour affirmer que l’esclavage servait, avant toute chose, des interets lies au capitalisme europeen naissant, les anthropologues, plus tardivement, ont mis en relief ce qui avait ete neglige dans la recherche des causes massives et determinantes : a savoir la realite materielle et symbolique...

L’apport de l’haïtianiste André Marcel d’Ans à l’anthropologie en général et à l’anthropologie des mondes créoles en particulier

2018

André Marcel d'Ans ne s'est jamais positionné comme un spécialiste de l'anthropologie réflexive. Pour autant, son apport à l'épistémologie de la discipline, peu, voire non reconnu, mérite d'être développé. A la suite de Roger Bastide, qui, dès la fin des années 1940, a mis en évidence l'intérêt anthropologique de l'étude des sociétés créoles, en interrogeant tant la notion de culture que l'anthropologie elle-même, André Marcel d'Ans questionne non seulement les structures de la société haïtienne mais aussi, et c'est le point qui nous intéresse ici, l'interprétation que peut en faire le chercheur. Ses réflexions sur les préjugés susceptibles d'être véhiculés par les chercheurs interrogent chaque aspect de la recherche, tant pour les sociétés créoles que pour les autres sociétés étudiées. Elles questionnent tant la manière dont sont conduites les enquêtes de terrain (la méthodologie employée), que l'interprétation des données ou la réécriture du réel qui s'opère lors

« L’homme méditerranéen de Paul Adam : une révision des types forgés par l’anthropologie raciale ? (1870-1920) », in Corinne Saminadayar-Perrin dir., L’Invention littéraire de la Méditerranée dans la France du XIXe siècle, Paris, Geuthner / MSH-M, 258 p., p. 229-243.

"Au tournant du XIXe siècle, la concurrence entre l’anthropologie physique et l’anthropologie culturelle s’exprime notamment à travers la polémique sur la décadence de la « race méditerranéenne ». Débat qui participe d’une crise internationale : la légitimité des nations d’Europe méridionale à assurer la direction de l’Occident mondialisé est fortement remise en cause. Voilà qui incite l’écrivain français Paul Adam (1862-1920) à consacrer un cycle de romans et d’essais à la défense du « génie méditerranéen ». Cette entreprise stratégique témoigne de la manière dont s’interpénètrent la science, la politique et la littérature, puisque la rhétorique méditerranéiste développée par Adam s’aligne sur les postulats de l’anthropologue Giuseppe Sergi, contre l’aryaniste Vacher de Lapouge. Le projet adamesque accompagne donc l’avènement d’une anthropologie culturelle apte à soutenir les ambitions coloniales des sociétés du Sud. Parce qu’elle s’inscrit dans la « politique de civilisation » mise en place par la IIIe République, la rhétorique de l’unité méditerranéenne favorise en effet les doctrines assimilationnistes qui séduisent alors une part des élites hexagonales. Le « roman de synthèse » adopté par l’ancien symboliste Adam offre à cet assimilationnisme un formidable moyen de diffusion : en promouvant une vision synthétique du creuset méditerranéen, il sert l’idéologie de la « plus grande France ». "