Re-situer la précarité en temps de crise. Interdépendance et déplacements en espace(s) urbain(s) (Traduction) (original) (raw)
Related papers
Re-situer la précarité en temps de crise: Interdépendance et déplacements en espace(s) urbain(s
Émulations, 2018
Ce texte, traduit pour ce dossier, inscrit la précarité au cœur d’une réflexion sur la faillite de l’autonomie présumée du sujet néolibéral. À travers l’expérience de la crise économique de l’Espagne après 2008, l’auteure décrit l’ébranlement de l’idéologie des classes moyennes, fondées sur un mirage de liberté, sur une autonomie fictive vis-à-vis des structures sociales. Elle défend le développement d’interdépendances et de codépendances, modes de vie bien connus des populations subalternes, et montre que le déclassement violent produit par la crise de 2008 aura peut-être eu l’intérêt d’affaiblir un mythe qui voit l’indépendance comme la norme et la dépendance comme l’exception. L’auteure défend ainsi une compréhension de la précarité en termes de reproduction sociale plutôt que de proposition dans les seuls rapports de production à laquelle l’ont en partie cantonnée certaines approches.
Des migrants et des squats : précarités et résistances aux marges de la ville
Revue européenne des migrations internationales, 2003
La question du logement des migrants 1 ne fait pas partie des interrogations qui se posent aujourd'hui dans le champ politique français. Si des dispositifs spécifiques d'accès au logement ont existé par le passé 2 , ils ont peu à peu été abandonnés au profit de dispositions de droit commun, au nom d'un « modèle d'intégration à la française » qui ne reconnaît aucune identité collective et refuse toute discrimination, serait-elle positive. Pourtant, les inégalités face au logement existent bien. Les migrants en provenance des pays pauvres, dont on a longtemps pensé qu'ils suivraient les trajectoires résidentielles des classes populaires françaises passées des HLM aux maisons individuelles dans les années 1970-1980, se retrouvent en réalité cantonnés aux étages les plus bas du marché du logement : le privé dégradé, et le locatif social 3. On connaît assez précisément les conditions de vie, les problèmes liés à la ségrégation, les formes de violence et de sociabilités des banlieues et cités que les migrants peuplent à présent, et que nombre de chercheurs ont pris comme terrains d'enquête et objets d'étude. On sait moins ce qu'il advient de ceux qui n'accèdent pas du tout au logement de droit commun. C'est à eux, et à la manière dont ils aménagent leur précarité, que l'on voudrait par conséquent réfléchir. Cet article propose une description des modes d'habitat d'individus inscrits dans des circulations transfrontalières, et dont les trajectoires résidentielles sont marquées par l'exclusion du logement standard. Les diverses situations rencontrées dans ce cadre peuvent être classées en trois types : l'exploitation, la précarité et l'illégalité. La construction de cette typologie, qui n'a rien d'exclusif ni de définitif, s'indexe essentiellement sur deux paramètres, qui sont le degré d'autonomie ou de dépendance des individus, et le coût psychologique et financier de leur mode d'hébergement. Des migrants et des squats : précarités et résistances aux marges de la ville Revue européenne des migrations internationales, vol. 19-n°2 | 2003 10 Il existe en effet une demande massive de logements inassouvie, un marché potentiel de la pauvreté que les « marchands de sommeil » ont saisi. Cette pratique est courante à Marseille, notamment dans les quartiers centraux populaires, et dans certaines cités périphériques. Le fonctionnement en est simple : des propriétaires font l'acquisition d'appartements ou d'hôtels qu'ils laissent se dégrader, et les louent à des individus ne pouvant accéder au logement standard, dans l'immense majorité des cas une Des migrants et des squats : précarités et résistances aux marges de la ville Revue européenne des migrations internationales, vol. 19-n°2 | 2003
2015
L'analyse des dynamiques actuelles des espaces ruraux francais apporte au chercheur son lot de paradoxes et de difficultes methodologiques. Dans bien des cas, indicateurs de precarite et representations positives de la qualite de vie ne convergent pas. Cette communication pose de maniere tres exploratoire la question de la prise en main de la problematique de la pauvrete rurale, telle qu'elle se presente aujourd'hui au geographe, en partant d'une analyse de la litterature et des etudes les plus recentes sur le sujet, couplee a nos observations de terrain. Nous pouvons voir que la connaissance de cette « pauvrete rurale » est tres lacunaire, et que la lecture des analyses est rendue delicate par, entre autre, l'instabilite de la notion d'espace rural et les representations subjectives du vecu des individus, qui relativisent voire contrarient les donnees disponibles et complexifient l'elaboration de politiques territoriales adaptees. Autant d'elements q...
In the past few years, slums have reappeared in Paris suburbs and French major cities. This phenomenon is often connected to the settlement of Bulgarian and Romanian illegal immigrants, with no means of support, belonging to the Roma minorities. This kind of settlement is gradually turning into a public matter at the local level, as we can observe with the big slums growing in Aubervilliers, Saint-Denis, and Saint-Ouen, in the North of Paris. These illegal settlements stand in the way of the legal urbanization that leads either to hostile reactions or to friendly support to these poor migrants. Moreover, the presence of slums received ample media coverage. To face this situation, public authorities have come to solutions that are likely to be considered as “spatial.” On the one hand, in 2007 they brought together a few selected families in closed and invigilated structures called “villages d’insertion,” because institutions provide social accompaniment to the residents. On the other hand, they tried to keep away those who didn’t have access to the “villages” by offeringthem financial support for going back to their own country. This paper is based on interviews conducted with representatives of local authorities responsible for the “villages” as well as with associations and beneficiaries. It aims first to show that the spatial treatment of the “Roma issue” in the arrondissement of St Denis is widely determined by the emergence of public problems linked to the presence of those migrants in precarious situation. It aims secondly to show that the effects generally consist in the outstanding alignment of the local “policies on the Roma slums” with the pattern of the “village” and increasing marginalization processes.
L'analyse des dynamiques actuelles des espaces ruraux français apporte au chercheur son lot de paradoxes et de difficultés méthodologiques. Dans bien des cas, indicateurs de précarité et représentations positives de la qualité de vie ne convergent pas. Cette communication pose de manière très exploratoire la question de la prise en main de la problématique de la pauvreté rurale, telle qu'elle se présente aujourd'hui au géographe, en partant d'une analyse de la littérature et des études les plus récentes sur le sujet, couplée à nos observations de terrain. Nous pouvons voir que la connaissance de cette « pauvreté rurale » est très lacunaire, et que la lecture des analyses est rendue délicate par, entre autre, l'instabilité de la notion d'espace rural et les représentations subjectives du vécu des individus, qui relativisent voire contrarient les données disponibles et complexifient l'élaboration de politiques territoriales adaptées. Autant d'éléments qui invitent à construire des analyses qualitatives contextualisées et plaident pour le retour de politiques de développement territorial au plus près des situations vécues.
Pauvreté et mobilité urbaine à Conakry et à Douala
2005
Dans un contexte d'urbanisation rapide et d'extension de la pauvreté urbaine en Afrique, une grande partie de la population connaît des difficultés pour satisfaire ses besoins de mobilité et subit, au quotidien, des conditions de transport de plus en plus difficiles. Mais au-delà de ce constat, quelles sont les dimensions les plus problématiques de la mobilité des pauvres, et dans
Pauvreté et mobilité urbaine à Douala
2004
Cette étude, réalisée par le réseau SITRASS pour le compte du SSATP (Banque mondiale et Commission Economique pour l'Afrique), du Ministère des Transports du Cameroun et de la Communauté Urbaine de Douala, a pour objectif une connaissance fine des conditions de mobilité et d'accessibilité aux services urbains des Doualais pauvres, de manière à préparer l'identification de programmes d'actions ciblés. L'étude
Appartenance ouvrière et migration de précarité (Agora, 2009)
La question de la mobilité géographique s'avère souvent piégée par un postulat très ethnocentrique : au sein d'une « société fluide » la mobilité serait aujourd'hui devenue une contrainte nécessaire à l'accès à l'emploi, mais aussi un garant « d'enrichissement », « d'épanouissement personnel », bref, une étape obligatoire mais formatrice pour la jeunesse dans le cadre de sa formation ou de son début de carrière professionnelle. Elle serait même devenue une nouvelle forme de capital social, d'emblée détenu par les catégories dominantes, et dont l'absence constituerait un « problème » pour les classes populaires. De tels postulats, importés de l'univers du management 1 et de politiques publiques étasuniennes visant à favoriser l'accès à la mobilité urbaine des individus « pauvres », conduisent à ne considérer les classes populaires qu'en termes d'« enclavement », d'« insularité » ou d'« immobilité forcée » -immobilité considérée comme « désastreuse 2 ». Ces questionnements autour des « manques » retraduisent des questions sociales en termes spatiaux 3 , et interdisent de fait de se donner la possibilité de comprendre le(s) sens que prend la mobilité géographique pour les populations les plus précaires. Nous souhaiterions au contraire ici contribuer à lutter contre une « tentation géographiste » souvent présente dans les analyses en termes de ségrégation sociale, en réaffirmant la primauté de la prise en compte de l'histoire et de l'évolution de groupes sociaux dans la compréhension de la réalité sociale présente.