Produire une cause victimaire dans un espace de post-conflit : le cas de la communauté turque-chypriote (original) (raw)
2019, Cahiers d'Etudes Balkaniques
The following article aims to decipher the production of a cause for the relatives of missing people in the Turkish-Cypriot community. The main entrance of the article is to question the way disappearance is seized or is not seized as a public issue, a source of activist engagement and a specific grief by different social groups. In two steps, this work seeks to demonstrate how the rhythm of the Turkish-Cypriot communal politics and the international negotiations on the reunification of the island influence the investment in this cause. First, we will display how disappearance is constructed as a non-problem throughout the last quarter of the 20th century, and how the period surrounding the 2004 referendum represents a turning point in how this problematic is seized. Then, we will pay attention to present the orientations and investments of the different groups engaged in the current cause for the relatives of the missing people. The article relies on a series of semi-directive interviews with relatives of missing people, members of the Committee for Missing People in Cyprus and members of the non-governmental organization « Together We Can! » in Cyprus between January and March 2016. The data collected have been checked and completed using archives and secondary sources. Le présent article vise à revenir sur la constitution de la cause des proches de disparus au sein de la communauté turque-chypriote, en s’intéressant à la manière dont la disparition est saisie, ou n’est pas saisie comme problème public, comme une source d’engagement militant et comme souffrance particulière par différents groupes sociaux. En deux étapes, il cherche à démontrer comment le rythme de la politique communautaire turque-chypriote et des négociations sur la réunification de l’ile influence l’investissement de cette cause. Après avoir montré comment la disparition est construire comme un non-problème pendant le dernier quart du XXème siècle, et comment la période autour du référendum de 2004 constitue un tournant dans la saisie de cette problématique, nous nous attacherons à rendre compte du travail des différents groupes d’acteurs qui s’engagent dans la cause actuelle des proches de disparus. L’analyse s’appuie sur une série d’entretiens semi-directifs auprès de proches de disparus, de membres du Comité pour les Personnes Disparues de Chypre et de membres de l’association « Together We Can !» à Chypre entre janvier et mars 2016 et d’un travail d’exploitation d’archives et de sources secondaires.
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