Temps de la réhabilitation messianique du peuple juif: Apocatastase et intrication prophétique (original) (raw)

J’ai consacré de longues années d’études, de recherches et de méditation à l’élucidation de deux notions, dont l’une est connue (mais, selon moi, mal comprise) des spécialistes : l’« apocatastase », tandis que l’autre est le fruit d’une découverte personnelle : l’« intrication prophétique » . Je dois à la vérité de préciser que ma prise de conscience de la restitution par Dieu au peuple juif de sa vocation messianique n’est pas le résultat d’une recherche académique mais celui d’une expérience spirituelle intérieure fondatrice qui remonte au début de l’année 1967. C’est peu dire qu’elle a orienté toute ma vie de croyant et mes recherches académiques des décennies subséquentes. On sait que science et surnaturel ne font généralement pas bon ménage. La théologie, qui se veut un savoir organisé sui generis ne déroge pas à cette règle non écrite. Elle entend respecter en tout la rationalité. Elle reconnaît, bien entendu, le rôle primordial de la foi, et l’action éventuelle du surnaturel dans le cours de l’histoire humaine, mais elle se réserve le droit de juger de la recevabilité de la forme et de l’expression de ce qu’elle considère – le plus souvent sans le dire – comme l’intrusion arbitraire d’un discours incapable de prouver le bien-fondé de ses arguments, et donc dénué de toute crédibilité. Quant aux expériences surnaturelles individuelles, elle y voit trop souvent une forme plus ou moins exaltée de gnose, au sens hérétique du terme. Il n’est donc pas étonnant, dans ces conditions, qu’un discours, même authentiquement prophétique, soit pratiquement inaudible et le plus souvent discrédité par nombre de détenteurs officiels du savoir. Et il va de soi, a fortiori, que les travaux d’un chercheur marginal tel que moi, dépourvu de la reconnaissance de l’establishment scientifique, comme de celle de la schola theologorum – à supposer même qu’ils soient lus –, ne sont pas mentionnés par les publications traitant de problématiques similaires. Comme le savent fort bien celles et ceux qui me lisent depuis longtemps, cette marginalisation n’a aucun impact négatif sur ma détermination de diffuser, tant que j’en aurai les capacités et la force, ce que mon intelligence, éclairée par la grâce, a compris de certains aspects du mystère auquel j’ai consacré ma vie, et qu’à tort ou à raison, j’estime mal exposés aux fidèles, voire complètement passés sous silence par ceux qui ont la charge d’enseigner, et risquent d’être atteints par le reproche prophétique du Christ : « Malheur à vous, les docteurs de la Loi, parce que vous avez enlevé la clef de la connaissance ! Vous-mêmes n'êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés! (Luc 11, 52). Parvenu depuis quelques années à la certitude intime, exprimée dans le titre du présent article, que « les temps de la réhabilitation messianique du peuple juif sont advenus », je n’en demeurais pas moins dans l’incertitude concernant les modalités concrètes de cet événement. S’accompagnerait-il d’une théophanie, ou s’agirait-il d’un phénomène caché et/ou intérieur de même nature que le Royaume, dont Jésus disait : « il est au milieu (ou au-dedans) de vous » (Luc 17, 21) ? La réponse se trouvait là où je ne l’attendais pas le moins du monde : dans les « Chants du Serviteur » du Livre d’Isaïe le prophète, dont, conformément à mon éducation catholique, j’avais toujours cru qu’ils concernaient exclusivement le Christ. Et voici qu’une fois de plus, comme en de nombreuses autres occasions, c’est la Tradition juive qui m’a ouvert l’esprit à ce mystère avant que le Nouveau Testament n’appose le sceau de l’Esprit sur l’intuition qui a guidé toute ma vie de croyant et de chercheur et ne s’est jamais démentie : Dieu a rétabli son peuple.