Politique publique du littoral et recherche finalisée : des pratiques et concepts en co-évolution (original) (raw)
Leprogramme«Gestion durabledulittoral »(LITEAU) est un dispositif de soutien à la recherche lancé par le ministère en charge de l’environnement il y a un quart de siècle (Gautier et al., 2014). Sa marque de fabrique peut se résumer en quatre invariants qui ont structuré une demi-douzaine d’appels à projets de recherche. Il s’agissait premièrement de soutenir des projets dans lesquels les gestionnaires et les acteurs du littoral étaient réellement impliqués,deuxièmementdeviser l’excellence scientifique, troisièmement de contribuer à construire en pratique une interdisciplinarité et, enfin, de développer des approches intégrées, c’est-à-dire incluant des partenaires multiniveaux dans une perspective de concertation et de coordination1. LITEAU a permis au service de la recherche d’embrasser unsujet à caractère régalien, puisque l’espace littoral recouvre une partie du domaine public. Il est également reconnu pour la place accordée, à toutes les étapes de la production scientifique, à des partenaires parmi lesquels les services centraux et déconcentrés de l’État, ses agences (Conservatoire du Littoral, Agence des aires marines protégées...), les collectivités territoriales et les réseaux d’acteurs locaux. Ces entités sont représentées dans un comité dit d’« orientation » qui partage avec le comité scientifique les tâches de co-construction des appels à projets, de sélection, de suivi, de discussion et d’évaluation des projets eux-mêmes. Cette part donnée à l’expression des besoins de recherche explique en partie la très grande ouverture thématique et la diversité des types de projets qui ont réellement pu éclairer l’action publique et articuler, bien sûr à des degrés forcément divers, des enjeux de connaissance et des enjeux de gouvernance. Cependant, pour avoir une compréhension plus fine de la conception de l’action publique et de la recherche publique qui a été mise en pratique à travers les grands axes de travail de ce programme, lui-même plusieurs fois réadapté, il faut resituer tout l’ensemble dans une trajectoire historique. C’est donc d’abord sur la façon dont la recherche a construit le littoral en tant qu’objet de recherche au gré des évolutions qui le façonnaient qu’il faut centrer notre regard pour saisir l’apport et les limites de ce programme.