L’Art olfactif: Esthétiques d'occupation (original) (raw)

2018, in Mathilde Castel (dir.), Les Dispositifs olfactifs au musée, Le Contrepoint

"How much breathing space does an artwork need ?" In the 1950s and 1960s, curators were wondering. The question couldn't be better applied to olfactory artworks, which tend to monopolize space. Smells escape and spread, interferring with near-by works. While each artform associated with a sensory modality has its own dedicated space (concert hall, museum, restaurant...), olfactory art doesn't have any (yet), and museums, as for now, "are not conceived to contain, control or disperse odors". Exhibiting olfactory artworks in museums or galleries poses a series of challenges: in the white cube, that has become the norm in modern and contemporary art museums dominated by the modernist paradigm of visual hegemony, the visitor is, above all, an "Eye". Olfactory art, by deconstructing this paradigm, and reinventing the experience of art, induces a new museum experience and ipso facto requires a reinvention of art spaces. This chapter investigates these issues through the examples of a dozen artworks which olfactive materiality colonizes, in many different ways, the exhibition space. « Quelle quantité d'espace faut-il à une œuvre [...] pour qu'elle « respire » ? » s'interrogeaient les commissaires dans les années 1950-1960. La question ne pourrait mieux se poser pour les œuvres olfactives, qui, intrinsèquement extensives, ont tendance à accaparer l'espace. Les odeurs s'échappent et se répandent, interférant avec les œuvres alentours. Alors que chaque art lié à une modalité sensorielle a son local spécifique (la salle de concert, le musée, le restaurant...), l'art olfactif n'a pas encore d'espace dédié et, pour l'instant, « les musées ne sont pas conçus pour contenir, contrôler ou disperser des odeurs ». Exposer l'art olfactif dans des musées ou galeries, a priori dédiés à la monstration de l'art, c'est donc se confronter à une série de problématiques -- spatiales, temporelles, climatiques et de réception. Dans le cube blanc, qui est devenu une norme dans les musées d'art moderne et contemporain dominés par le paradigme moderniste de l'hégémonie du visuel, le visiteur est avant tout un « Œil ». Or l'art olfactif, en déconstruisant ce paradigme et en transfigurant l'expérience artistique, induit un renouvellement de l'expérience muséale et réclame ipso facto une réinvention des espaces de l'art. Ce chapitre se penche sur ces questions à travers les exemples d'une dizaine œuvres dont la matérialité odorante colonise, de diverses manières, l'espace d'exposition.