L'extrême-droite ukrainienne et l'élection présidentielle de 2019 - Les Yeux du Monde.fr (original) (raw)

Les extrêmes droites françaises dans le champ magnétique de la Russie

Les extrêmes droites ne se réduisent pas en France au parti de la famille Le Pen. Plurielles et fonctionnant en réseaux, elles sont aujourd'hui largement dans le champ magnétique de la Russie. Cependant, cela n'est réductible ni à l'aura de Vladimir Poutine, ni aux besoins de financements de Marine Le Pen. Sur la question russe, les engagements militants des nationalistes français vont du combat culturel présentant des doxa géopolitiques au combat armé, les débats entre eux sont riches et renvoient à leur définition du rapport entre ethnies et nation dans leurs conceptions organicistes. Les guerres en ex-Yougoslavie et en Ukraine ont permis une considérable accélération de l'orientation à l'Est de ces formations, ainsi que de leurs relations pratiques avec la scène politique russe. Dans l'espace public français, chacun a aujourd'hui à l'esprit l'orientation pro-russe de l'essentiel des extrêmes droites nationales, aussi bien du groupuscule antisioniste radical Égalité et Réconciliation de l'écrivain Alain Soral que des députés du Front national (FN). C'est à compter de mars 2011, trois mois après son accession à la présidence de son parti lors du congrès de Tours, que Marine Le Pen a explicitement reconnu souhaiter rencontrer Vladimir Poutine1. C'est un mois avant le congrès de Lyon, en 2014, que sa nièce, Marion Maréchal Le Pen (membre du groupe d'amitié France-Russie à l'Assemblée nationale, comme les deux autres députés d'extrême droite sous cette législature2), en concurrence pour le vote des militants avec Florian Philippot, alors le bras droit de la présidente, déclare : « C'est vrai, je vais souvent à l'ambassade de Russie. Ma tante m'y encourage »3. En trois ans, un chemin évident a été fait, mais la relation au pouvoir russe apparaît aussi telle une plus-value politique non seulement sur la scène nationale, mais également à l'intérieur du champ de l'extrême droite. Ainsi, si Jean-Marie Le Pen avait beaucoup utilisé une photographie le montrant serrer la main du président Reagan, obtenue grâce à l'entregent de la secte Moon, sa fille a été longuement reçue par le président Poutine durant la campagne présidentielle de

Le nouveau nationalisme russe et son impact sur l’extrême-droite et le populisme est-européens

2014

Cahiers d'Etudes hongroises et finlandaises n°20 2014., pp. 213-226. (Sorbonne Nouvelle - Paris III) L`Europe à contre-pied : idéologie populiste et extrémisme de droite en Europe centrale et orientale. La présence des organisations russes dans la politique intérieure des Etats en Europe Centrale et Orientale est significative, mais surestimer et sur-dimensionner leur importance serait une erreur. Toutefois, il faut tirer la conclusion que dans la zone tampon de l’ex-URSS jusqu’à l’ancien rideau de fer, les deux grandes puissances maintiennent ou renouvellent leur attention particulière. Dans le cas des anciens Etats de l’Union soviétique comme en Géorgie (2008) et en Ukraine (2014), la Russie est désormais prête à défendre ses intérêts par la force militaire.

ПРО ЗЕМЛЮ РІДНИЙ : Eco-nationalisme, Ecologie radicale de droite et Eco-fascisme dans l'espace ukrainien (A.NONJON, Mémoire de Master 2)

2018

En exprimant le rejet d’un système bâti sur une modernité estimée en pleine faillite au nom de la défense de l’environnement, l’écologie a pu parfois succomber au nom du renouveau immédiat, à la radicalisation extrême. Bien que cette écologie radicale (ou écologie profonde) s’est en majeure partie développée en Occident et à gauche de l’échiquier politique, le cas de l’Ukraine semble pourtant rompre avec cette affirmation. En effet, l’idée même de protéger l’environnement est devenue l’une des principales préoccupations des mouvements nationalistes/d’extrêmedroite en Ukraine. Cette particularité porte en elle un paradoxe majeur : alors que la défense de la nature sous toutes ses formes paraît citoyenne et de plus en plus légitime, se réduisant parfois à des postures dictées par un alter-mondialisme humaniste, l’écologie en Ukraine offre une tribune à un discours identitaire et réactionnaire. Objet d’une industrialisation extensive où le modèle soviétique dévoré par le quantitativisme ne s’est pas posé la question des externalités négatives et des coûts humains et sociaux des choix retenus (Holodomor, qualité de l’air en baisse dans les grandes villes comme Dniepro, Zaporijie, Mariupol, présence de nitrates dans l’eau du Dniepr déforestation, catastrophe de Tchernobyl…), la nature ukrainienne et son asservissement ont été perçues comme un phénomène d’acculturation propre à toute occupation extérieure. Si les années 1980 et le début de la Perestroïka ont pu voir émerger des mouvements indépendantistes sur la base de mobilisations purement environnementales comme celle du groupe Zeleniy Svit (Monde Vert), l’indépendance mis un coup d’arrêt cet élan éco-nationaliste. Prospérant sur la faillite d’une idéologie verte marginalisée et soumise à d’autres priorités (croissance, résolution du conflit dans le Donbass, lutte contre la corruption), les mouvements ultranationalistes comme le Ekolohichnyj korpus (Corps Écologique) d’Azov s’emploient à faire de ce combat pour la « Dignité verte » un moyen de réhabiliter la nature comme topos d’un particularisme ethnique ukrainien et d’un passé idéalisé autour du conservatisme, du dirigisme et du darwinisme primaire… Ce présent travail aspire à apporter une analyse historique et géopolitique d’une doctrine politique précise et de ses différentes ramifications : l’Éco-nationalisme. En retraçant le narratif de cette tendance, nous focaliserons autant que possible cette étude sur les représentations de la nature et de l’écologie au sein des mouvements nationalistes ukrainiens. Celles-ci sont de plus en plus conceptualisées et utilisées au même titre que la langue ou la mémoire dans leur définition de la nation ukrainienne. En s’attaquant principalement à des sujets internes à la gouvernance de l’Ukraine comme la stagnation de la guerre, la menace russe, la lutte contre la corruption, certaines études sur les partis nationalistes ukrainiens occultent la dimension environnementale pourtant très présente dans leurs programmes politiques mais aussi leurs actions sur le terrain qui prennent la forme d’un « vigilantisme vert ». Intégrer cette dimension verte est donc un itinéraire complémentaire pour définir l’extrême-droite nationaliste en Ukraine.

"Légiférer l’histoire en Ukraine 2005-2019"

Mémoires en Jeu - Memories at Stake, 2019

History and Memory laws in Ukraine 2005-2019 Article published in the special issue of the journa Mémoires en Jeu - Memories at Stake on "Politiques illibérales du passé" "Illiberal Policies regarding the Past", eds Delphine Bechtel and Henry Rousso, 2019

UNION EUROPÉENNE OU RUSSIE : LE DILEMME UKRAINIEN

Outre-Terre, 2012

L’intégration européenne apparaît depuis près de 20 ans comme l’une des composantes prioritaires de la politique extérieure ukrainienne. Le rapprochement avec l’Union européenne a l’avantage de bénéficier d’un certain consensus, tant au sein des élites que de la société ukrainiennes, à l’inverse d’une adhésion à l’OTAN qui est très majoritairement rejetée par la population, ou bien, au contraire, de l’adhésion à une structure pro-russe qui ravive de fortes tensions entre Ukraine « nationaliste » et Ukraine « russophone ». De fait, les changements au sommet de l’État, qui ont pu apparaître comme de véritables ruptures en termes géopolitiques (arrivée au pouvoir du très pro-américain Viktor Iouchtchenko à la faveur de la « révolution orange » fin 2004, retour du «pro-russe » Viktor Ianoukovitch en 2010) n’ont pas véritablement affecté la priorité européenne affichée par les élites politiques ukrainiennes.

L'Ukraine Entre Désillusion Politique et Dilemme Stratégique

La révolution orange, dans l'élan des révolutions pacifiques de l'aire post-socialiste, avait suscité nombre d'espoirs, en Ukraine comme à l'Ouest. Peut-être trop. L'élection de Viktor Ianoukovitch à la présidence invite au rappel d'un certain nombre de réalités sur ce pays en transition qui est soumis à des influences extérieures multiples.