The mutation of the Turkish regime since 2014: origins and consequences (original) (raw)

Turquie : changement de gouvernement ou changement de régime

Critique Internationale, 2003

ecep Tayyip Erdogan, à la tête de l'AKP 1 , parti créé il y a à peine un an et demi, est le grand vainqueur des élections législatives du 3 novembre 2002. Pourtant, récemment condamné pour irrégularités dans la gestion de la municipalité d'Istanbul, Erdogan avait purgé quatre mois de prison en 1999 pour discours jugés séditieux. Cela n'a pas empêché un tiers des votants de voir en lui une alternative à des partis de gouvernement profondément discrédités. En outre, même s'il est issu de l'ancien parti Refah -interdit par la justice turque pour atteinte à l'ordre constitutionnel laïque -comme une grande partie des cadres de l'AKP, Erdogan a su désamorcer une question potentiellement explosive en refusant la référence à l'islam politique au profit d'un appel plus consensuel aux valeurs religieuses, simplement présentées comme constitutives de la culture nationale. L'état de grâce que connaît la nouvelle majorité ne concerne pas seulement la Turquie, mais aussi les pays étrangers, qui accueillent avec un calme bienveillant son arrivée au pouvoir. Il faut dire qu'Erdogan a donné des gages de continuité, aussi bien dans le domaine économique -ce qui explique la bonne tenue de la Bourse -qu'en politique étrangère, en affirmant notamment la permanence de l'alliance avec Israël et de l'objectif d'adhésion à l'Union européenne.

Une décennie de pouvoir AKP en Turquie : vers une reconfiguration des modes de gouvernement ?

The Justice and Development Party (JDP) has been in power in Turkey since 2002, consolidating its electoral support among an array of social groups ranging from broad appeal among the popular classes to business leaders and a growing middle class. The success of the JDP is a consequence of the manner in which the party inserted itself into certain economic and social sectors. While the party has internalized the principles of reducing the public sphere and outsourcing to the private sector, it has not restricted the reach of government intervention. On the contrary, it has become increasingly involved in certain sectors, including social policy and housing. It has managed this through an indirect approach that relies on intermediaries and private allies such as the businesses and associations that is has encouraged. In this way, the JDP has developed and systematized modes of redistribution that involve the participation of conservative businessmen who benefit from their proximity to the decision-makers, charitable organizations, and underprivileged social groups. These public policies have reconfigured different social sectors in a way that has strengthened the Party’s influence.

European Journal of Turkish Studies, 9 | 2009

2016

objet de politisation Warning The contents of this site is subject to the French law on intellectual property and is the exclusive property of the publisher. The works on this site can be accessed and reproduced on paper or digital media, provided that they are strictly used for personal, scientific or educational purposes excluding any commercial exploitation. Reproduction must necessarily mention the editor, the journal name, the author and the document reference. Any other reproduction is strictly forbidden without permission of the publisher, except in cases provided by legislation

Les autorités locales dans la bascule du pouvoir en Turquie

1 Ulaş BAYRAKTAR Je vois bien ce système Que l'on connaît d'ailleurs depuis longtemps, de l'extérieur. Mais dont le mécanisme interne est ignoré. Quelques-uns -peu nombreux-sont placés tout en haut Et un grand nombre en bas ; Et ceux d'en haut leur crient : Montez, Pour que nous soyons tous en haut ! Mais à y regarder de plus près, on devine, Entre les gens d'en haut et ceux qui sont en bas, Quelque chose d'obscur qui semble être un chemin, En fait une planche, Et l'on voit bientôt nettement Qu'il s'agit d'une balançoire. Tout le système est un jeu de bascule Dont les deux bouts dépendent l'un de l'autre ; Et ceux-ci ne siègent en haut Que parce que ceux-là se tiennent tout en bas, Et seulement tant qu'ils y restent. Car s'ils quittaient leur place et venaient à monter, Les premiers aussitôt devraient vider leurs sièges. Dès lors il est fatal qu'ils veuillent Que pour l'éternité les autres Demeurent tout en bas sans pouvoir s'élever. Il faut aussi que ceux d'en bas soient plus nombreux, Ou la planche basculerait, puisque c'est une balançoire. B. Brecht, Théâtre Complet, Tome 2, Paris, L'Arche, 1997, p. 357.

Du « modèle turc » au système Erdogan : vers une nouvelle Turquie ?

Revue internationale et stratégique, 2017

À propos de : Ahmet Insel, La nouvelle Turquie d’Erdogan. Du rêve démocratique à la dérive autoritaire, Paris, La Découverte, 2015, 208 p. Nicolas Cheviron et Jean-François Pérouse, Erdogan. Nouveau père de la Turquie ? Paris, François Bourin, 2016, 440 p. Jana J. Jabbour, La Turquie. L’invention d’une diplomatie émergente, Paris, CNRS Éditions, 2017, 300 p.

Les nouvelles orientations de la politique étrangère de la Turquie : une politique « étrange

Cet article est finalisé dans l'immédiat de l'attentat d'Istanbul du 12 janvier 2016 dont le bilan officiel fait état d'au moins 10 morts et de 15 blessés. Cet attentat dont l'auteur est – de nouveau – l'État islamique (Daech) a touché un pays qui est déjà déchiré par la contestation kurde, ainsi que par une polarisation sociale 1 qui s'aggrave de jour en jour, et sa vulnérabilisé en raison de ses relations complexes avec Daech. Le bilan, sur l'année 2015, est pénible : alors qu'un attentat ciblant un meeting du Parti démocratique des Peuples (HDP) a causé 3 morts à Diyarbakir (le 3 juin 2015), le 20 juillet 2015, la Turquie a été secouée par un autre attentat qui a causé 33 morts et des centaines de blessés à Suruç (une ville et un district de Şanlıurfa à proximité de la frontière avec la Syrie). Les victimes étaient des jeunes de sensibilité de gauche qui se préparaient à faire une visite de solidarité à Kobané, au Kurdistan syrien, ville qui a été le théâtre des conflits violents d'octobre 2014 à janvier 2015 entre les forces kurdes et Daech. Trois mois plus tard, un nouvel attentat qui a visé un meeting de paix à Ankara, la capitale de la Turquie, a causé 102 morts et des centaines de blessés. Ce massacre a été le point culminant d'un processus d'escalade de la violence en Turquie à la suite du massacre de Suruç. Cette escalade est, en quelque sorte, la confirmation des bilans politiques et diplomatiques turcs des deux dernières années : l'élaboration de la politique étrangère demeure handicapée par deux crises majeures dans la région (à savoir les crises syrienne et irakienne). Ce handicap qui fragilise les relations à la fois avec les voisins et les pays occidentaux a contribué, à la fin de 2015, « à la détérioration de ses relations avec la Russie notamment, sans pour autant permettre le rétablissement de rapports confiants avec ses alliés occidentaux » 2. Dans ce sens, on peut confirmer que la Turquie a « récupéré » l'image que Jean-François Bayart avait décrite en 1981 comme suit : « Par opposition aux " nouveaux centres de pouvoir " la Turquie constitue un exemple intéressant de cas avorté de montée en puissance et elle paraît être sur la pente descendante du système international » 3. Avant de proposer une analyse de ce retour que nous considérons comme un choix des décideurs politiques turcs, procédons à un état des lieux de ces dernières années au cours desquelles la politique étrangère de la Turquie s'est transformée en une politique « étrange », alors que la Turquie elle-même s'est transformée d'un meneur de jeu (playmaker) en une source de problèmes et de tensions dans la région. Nous verrons que la Turquie d'Erdoğan n'a. 1 Le dernier exemple de cette polarisation est une pétition des académiciens. Près de 1200 personnes, unies sous « l'Initiative des universitaires pour la paix », ont signé lundi 11 janvier 2016 une pétition intitulée. « Nous ne serons pas associés à ce crime ». Le texte réclame la fin de l'intervention des forces de sécurité turques contre les partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le Sud-Est à majorité kurde du pays. La dénonciation rapide et sévère du Président de la République, Recep Tayyip Erdoğan, a été suivie par une contre campagne visant à discréditer les signataires. Les Recteurs de plusieurs universités ont réagi au pied levé en déclarant qu'ils procéderaient à « ce qu'il convient de faire » (gereği yapılacaktır). Le 15 janvier 2016, alors que 21 universitaires ont été interpellés à l'aube à leur domicile et placés en garde à vue à Kocaeli, dans le Nord-Ouest du pays, plusieurs enquêtes sont ouvertes pour « propagande terroriste » et « insulte aux Institutions et à la République turque » notamment en Anatolie. 2 Jean MARCOU, « Le bilan 2015 de la politique étrangère de la Turquie », Observatoire de la politique turque 2016 ; disponible sur le site : http://ovipot.hypotheses.org/10769 3 Jean-François BAYART, « La politique extérieure de la Turquie : les espérances déçues », Revue française de Science Politique, 31 e année, n° 5-6, octobre-décembre 1981.

Les nouvelles orientations de la politique culturelle turque sous l’AKP

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Publisher: European Journal of Turkish Studies

2015

Le discours sur la protection du patrimoine en Turquie des Tanzimat à nos jours Warning The contents of this site is subject to the French law on intellectual property and is the exclusive property of the publisher. The works on this site can be accessed and reproduced on paper or digital media, provided that they are strictly used for personal, scientific or educational purposes excluding any commercial exploitation. Reproduction must necessarily mention the editor, the journal name, the author and the document reference. Any other reproduction is strictly forbidden without permission of the publisher, except in cases provided by legislation

Référendum en Turquie et ses conséquences

La constitution et le bicéphalisme dans l'exécutif font partie des sujets les plus débattus en Turquie depuis des années. C'est dans ce sens qu'un référendum a été organisé le 16 avril. Dans notre programme d'aujourd'hui, nous allons analyser le référendum en Turquie et ses conséquences.