Espace, pouvoir et politique dans les marges urbaines : Quartiers non réglementaires de Dakar (Sénégal) et de Tunis (Tunisie), bidonvilles « roms » en France (Habilitation à diriger des recherches, Vol. 1, CV et publications) (original) (raw)
2019, Habilitation à diriger des recherches
Since my doctoral thesis, devoted to the study of articulations between urban policies and social dynamics, my research focuses on the issue of power in the urban margins from three fields: the suburbs of Dakar and Tunis; and "Roma" Slums, that is to say, areas of precarious housing occupied by Bulgarians or Romanians, poorly endowed financially and designated rightly or wrongly as "Roma" in France. My work is organized around three axes: the public action in the urban margins (genesis, devices, systems of actors); the political practices of the populations; and the social effects of public action. While highlighting the effects of context, the comparison of the systems of actors makes it possible to underline three invariants: the asymetry of the balance of power at work in the production of space; the frequent use of symbolic and even physical violence by institutional actors; and the diversity of initiatives taken by the inhabitants to improve their living conditions, to gain recognition by the public authorities and, in so doing, to emancipate themselves from dominant actors. In this balance of power, space has a privileged role : on the one hand, it is a stake and a leading resource for the political action of the governed as well as for the institutional actors; on the other hand, it is a physical and symbolic frame for the individual and collective action. These assertions certainly underline the importance to take into account the spatial dimension in the analysis of political phenomena. Résumé Depuis ma thèse de doctorat qui était consacrée à l’étude des articulations entre politiques urbaines (équipement et lutte contre la pauvreté) et dynamiques sociales, mes recherches portent sur la question du pouvoir dans les marges urbaines à partir de trois terrains : d’abord les banlieues populaires de Dakar et de Tunis, puis, à partir de 2005, les bidonvilles « roms », c’est-à-dire des secteurs d’habitat précaire occupés par des Bulgares ou des Roumains, faiblement dotés sur le plan financier et désignés à tort ou à raison comme « Roms » en France. Mes travaux s’organisent autour de trois axes : les interventions publiques dans les marges urbaines (genèse, dispositifs, jeux d’acteurs) ; les pratiques politiques des populations visées; et les effets sociaux des interventions publiques. Tout en soulignant les effets de contexte, la comparaison des jeux d’acteurs sur les trois terrains permet de mettre à jour trois invariants : l’asymétrie des rapports de force à l’œuvre dans la production de l’espace ; l’usage fréquent de la violence symbolique et même physique par les acteurs institutionnels ; et la diversité des initiatives prises par les habitants afin d’améliorer leurs conditions de vie, accéder à la reconnaissance par les pouvoirs publics et, ce faisant, s’émanciper des acteurs dominants. Dans ce rapport de force, l’espace a une place privilégiée. A la fois enjeu et ressource de premier plan pour l’action politique des gouvernés comme des gouvernants, c’est aussi un cadre physique et symbolique déterminant pour l’expérience humaine. Ces assertions plaident assurément pour la prise en compte de la dimension spatiale dans l’analyse des phénomènes politiques.