E. Chaput (2019), « Gilles Marmasse, Hegel – Une Philosophie de la réconciliation, Paris, Ellipses, coll. Aimer les philosophes, 2018, 191 pages », PhænEx, vol. 13, no. 1, p.126-130. (original) (raw)

Gilles Marmasse "Penser le réel Hegel, la nature et l'esprit"

Kimé, 2008

L’ouvrage examine trois problématiques centrales de la philosophie hégélienne : comment définir la nature et l’esprit et comment ces deux notions s’articulent-elles ? Comment la pensée – qu’elle soit naïve, savante ou philosophique – se rapporte-t-elle à son objet ? Dans quelle mesure le conflit du rationnel et de l’irrationnel peut-il être considéré comme le moteur de tout devenir ? L’étude repose sur une analyse globale de l’organisation et du fonctionnement de la pensée hégélienne de la pleine maturité, et propose une série d’hypothèses sur la visée et le principe de légitimation du discours « spéculatif ». Elle accorde une large place au concept d’Aufhebung, à la pensée de l’altérité, et à la discussion menée par Hegel avec l’idée de finalisme. En outre, en insistant sur le thème de l’auto-manifestation du vrai et sur le statut du donné « immédiat » comme assise de tout processus et de tout agir, elle réévalue l’inscription de la pensée hégélienne dans l’héritage kantien et post-kantien. On dit souvent que, pour Hegel, l’ensemble du réel serait rationnel et que lui-même prétendrait déduire toutes choses a priori. À l’encontre de ces idées reçues, l’hypothèse ici défendue est que le hégélianisme est une philosophie de l’expérience, qui prend au sérieux le fini, l’imprévisible et l’insensé.

Chaput, E (2016), "Hegel, la propriété et le libéralisme", Phares, 16, p.219-238.

Nombreux sont les lecteurs de Hegel à avoir souligné l'intérêt et la perspicacité du philosophe au sujet des bouleversements de la société à l'ère du capitalisme naissant : « Dès le début du siècle, à une époque donc où triomphaient les " harmonies économiques " , Hegel qui a lu et commenté Stewart et Adam Smith, décrit avec une stupéfiante perspicacité les contradictions qui déchirent ce qu'il appelle la " civilisation industrielle " 1 ». Malgré ces analyses qui anticipent et recoupent certains aspects de la critique marxienne, Marx et ces continuateurs verront principalement dans la philosophie politique hégélienne centrée autour de son concept d'État la promotion d'« une idée mystique d'unité qui voile la réalité empirique des divisions de la société bourgeoise 2 ». Hegel, en tant qu'il omettrait le conflit social au coeur du capitalisme, serait ainsi, à leurs yeux, un apologue de l'état de fait, de l'immobilisme et du consensus abstrait. Si l'enjeu est donc de situer la pensée rien de moins que complexe d'un philosophe comme Hegel par rapport aux développements sociétaux de son époque, force est de constater que nous faisons face à une position fort ambiguë. Hegel est-il un précurseur de la critique du capitalisme naissant en soulignant les contradictions du libéralisme ou n'est-il pas plutôt, à travers son concept d'État, le théoricien du despotisme prussien ? Tout en prétendant décrire le réel 3 , ne trace-t-il pas, comme le prétendait la critique marxienne, un portrait mensonger du monde politique dans lequel il vit, en omettant les tensions internes de la société allemande pour souligner l'unité de l'Un et du Multiple, du pour soi individuel et de l'en soi commun dans la figure de l'État ? Le présent texte se veut une contribution à ce genre de réflexion sur la nature de la pensée politique de Hegel. On tentera ainsi, à travers l'analyse du concept de propriété chez Hegel, de questionner le rapport que ce dernier entretenait avec le libéralisme.

G. Lejeune (dir.), La relation chez Hegel et en regard de sa postérité, Klesis, 2016, 131p.

G. Lejeune (dir.) Le concept de relation chez Hegel et en regard de sa postérité *** G. Lejeune : Introduction : Rapports et relations chez Hegel, pp. 1-15 * A. Stanguennec : Le phénomène comme « relation essentielle » dans la Science de la Logique. Sa fécondité interprétative pour quelques autres textes de Hegel et de la pensée allemande avant et après lui, pp. 16-33 * G. Gérard : De l’absolu au concept L’absolu comme « rapport absolu » dans la Science de la logique de Hegel, pp. 34-50 * L. De Vos : La relation et ses insuffisances dans la Logique de Hegel, pp. 51-64 * L. Carré : La logique hégélienne des rapports éthiques Une lecture « relationnelle » des Principes de la philosophie du droit, pp. 65-79 * O. Tinland : Trois dogmes du relativisme Eléments pour une critique hégélienne de Protagoras, pp. 80-98 * G. Lejeune : Hegel défend-t-il une vision cohérentiste de la vérité ?, pp. 99-113 * B. Bosanquet : Un mot à propos [du concept] de « cohérence », pp. 114-116 * B. Bosanquet : La théorie hégélienne de l’organisme politique, pp. 117-131

Emmanuel Chaput, "Hegel lecteur de Bichat, ou comment la raison spéculative fait d'une distinction d'entendement un moment conceptuel du vivant", Symposium, vol. 22, no.1, 2018, p.159-186.

Malgré l'extrapolation parfois violente qu'opère Hegel, son traitement des découvertes physiologiques de Bichat montre à quel point il demeure soucieux de penser la compatibilité entre sciences empiriques et sciences spéculatives ou philosophiques. Loin de dé-duire un concept de la nature a priori indépendamment de toute considération pour les travaux de son temps, Hegel est au contraire un lecteur attentif des sciences en plein essor. Son système doit ainsi se comprendre à l'aune d'un dialogue constant avec les sciences dans lequel la philosophie se nourrit des nouvelles découvertes sci-enti�iques tout en jetant une lumière nouvelle sur celles-ci. C'est un tel phénomène, résultat du dialogue qu'entretient Hegel avec Bichat, que j'expose ici en m'intéressant à la distinction bichatienne entre vie organique et vie animale et la manière dont Hegel reprend cette distinction en lui conférant une dimension réso-lument speculative. Despite the sometimes violent extrapolation carried out by Hegel, the way he treats Bichat's physiological discoveries shows the extent to which he is concerned about the compatibility between the empirical sciences and the speculative/philosophical sciences. Far from deducing an a priori concept of nature with no consideration for the works of his time, Hegel is on the contrary an attentive reader of the burgeoning science. His approach must therefore be understood as a constant dialogue with science. Through this dialogue , philosophy draws on new scienti�ic discoveries while simultaneously interpreting them in a new light. It is such a phenomenon , resulting from the dialogue between Hegel and Bichat, that I examine here, with a particular interest in the distinction between organic life and animal life, as held by Bichat, and the way Hegel takes this distinction and confers on it a resolutely speculative dimension .