« Philippe Thomas, artiste de l’entre-deux. Introduction à l’analyse de la structure narrative de son œuvre », communication lors du colloque international « La Tentation littéraire de l’art contemporain », organisé par l’université Sorbonne-Nouvelle, Le Lieu Unique, Nantes, 16-17 octobre 2014 (original) (raw)
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Henri Thomas: écriture de guerre et silence créateur ou les sources de son identité narrative
Cedille Revista De Estudios Franceses, 2010
Resumen El estudio de la identidad narrativa durante la guerra en el discurso epistolar de Henri Thomas, supone tener en cuenta factores como el de la conciencia de su ser histórico. Esta conciencia le sitúa en la perspectiva de ser un «hombre-relato» que se puede contar en el discurso y descubrirse a sí mismo, lo cual nos sitúa ante un hombre susceptible de progresión cuyo único objetivo es el compromiso. Éste será material durante la primera etapa de la guerra (el soldado Thomas) para convertirse después en un compromiso espiritual a través del cual busca su salvación y la de su país, Francia. Todo ello, gracias al silencio creador por el que vida, identidad y universo literario se armonizan en unión perfecta. Palabras clave: identidad narrativa; escritura de guerra; compromiso; discurso epistolar; silencio creador; soledad.
2017
En 1977, Philippe Thomas (1951-1995) débute un travail qui se situe entre l’art et la littérature et qui conservera cette double dimension d’une œuvre procédant tant du voir que du lire. Il l’élabore en lui donnant une dimension narrative dont l’intermédialité, le réseau de ramifications intertextuelles et l’accumulation de travaux qui relèvent du dispositif construisent un récit à la forme discontinue. Participant d’une écriture des événements et s’appuyant sur une mise en parallèle de la présentation artistique et de l’énonciation, le projet de Thomas est celui d’une fiction du faire qui cherche à éprouver la frontière entre les mondes réel et fictionnel. Notre étude souhaite répondre aux objectifs d’une première monographie d’artiste et s’attache à décrire l’ensemble de l’œuvre de Thomas afin d’en reconstruire le parcours à l’aide d’un certain nombre de notions clés. Elle prend sa source dans la bibliothèque de cet artiste qui définit l’art comme un processus de recherche, comme une expérimentation du langage. C’est l’œuvre en train de se faire que nous observons, en nous intéressant à sa genèse et à ses conditions de réalisation. Et ce, afin de définir la posture d’auteur qui se dessine dans la spécificité d’une pratique artistique demandant la prise en compte tant de l’œuvre que de ses marges. Si le projet de Thomas met en place la disparition de l’auteur par le biais d’un protocole de signature de ses ready-mades, notre thèse rappelle qu’il s’agit d’une absence toute paradoxale : l’artiste caché par ses personnages demeure omniprésent et par là, participe de la redéfinition de l’auteur malgré la déclaration de sa mort une décennie plus tôt. Résumé en ligne : http://www.theses.fr/2017PA040174
Marges, 2015
Article publié à la suite de la journée d'études « Qu’est-ce qu’un dispositif (dans l’art contemporain) ? », 22 février 2014, INHA, Paris. Cet article se propose d’interroger l’utilisation du terme dispositif par Philippe Thomas (1951-1995). L’exemple choisi est celui d’AB, œuvre protéiforme développée entre 1978 et 1980 que l’artiste qualifie précisément de dispositif dans ses notes. À partir de cette œuvre et d’un pointage systématique des occurrences de ce terme dans ses archives, pour la période de 1977 à 1980, il s’agit de comprendre dans quelle mesure, chez Philippe Thomas, cette notion participe à l’élaboration d’un discours théorique sur l’art dont elle sert d’appui. --- Cet article a été rédigé dans le cadre d'une recherche ayant donné lieu à l'exposition « Philippe Thomas: AB (1978-1980) », chez mfc-michèle didier, Paris, du 29 avril au 31 mai 2014.
Marges, 2014
Compte-rendu de l'exposition « Hommage à Philippe Thomas et autres œuvres », Musée d’art moderne et contemporain, Genève, du 12 février au 18 mai 2014. En ligne : https://journals.openedition.org/marges/952
Revue critique de Fixxion française contemporaine, 2014
John Dewey comparait notre compréhension des œuvres d'art à la relation d'amitié sous-tendue par l'effort de comprendre une personne avec laquelle nous sommes habituellement en relation. L'amitié avec une autre personne ne peut exister sans l'imagination, qui nous apprend à voir et à sentir comme si nous étions à sa place. Cette étude se propose d'explorer l'hypothèse selon laquelle cette forme d'amitié dirige le recours de l'écriture fictionnelle contemporaine aux autres arts, et constitue le récit en un savoir esthétique. Le recours au thème de l'art (personnage artiste, récit portant sur une œuvre d'art) dans certains récits de fiction contemporains semble en effet témoigner de cette capacité de l'art à nous offrir une échappée hors de nous-même et une identification de nous-même avec une pensée, une action ou une personne qui n'est pas la nôtre. S'il existe un savoir de l'art dans la fiction, peut-il être autre que celui d'un détour ? Un détour emprunté par le récit fictionnel dans lequel s'instaurent des conditions d'intelligibilité de l'art dont le processus peut être apparenté à celui de l'amitié. Nous proposons de voir comment s'instaurent, dans le détour emprunté par le récit fictionnel, des conditions d'intelligibilité de l'art dont le processus peut être apparenté à celui de l'amitié.
Philippe Thomas. Histoire(s) d'un auteur caché
2024
À la fin des années 1970, Philippe Thomas choisit d’investir le champ de l’art pour interroger le statut de l’auteur et la valeur discursive de l’oeuvre, à travers l’expérimentation d’une fiction du faire. Jusqu’en 1995, il produit une oeuvre pluridisciplinaire qui circule entre le voir et le lire, la fiction et le réel, pour mettre à l’épreuve sa propre auctorialité. L’ensemble de sa démarche organise la disparition de son nom en tant qu’auteur de ses productions, remplacé par la signature de ses collectionneurs et collectionneuses. Caché par ses personnages, Philippe Thomas est l’un des artistes du XXe siècle qui aura expérimenté le plus radicalement cette « révision du droit au registre des auteurs », selon sa propre expression. Cet ouvrage constitue la première monographie exhaustive de ce projet artistique élaboré entre 1977 et 1995. Il s’appuie sur une analyse détaillée de l’oeuvre et de ses marges, sur une étude des archives et de la bibliothèque de l’artiste, sur une série d’entretiens des témoins de l’oeuvre. À partir d’une observation fine du contexte de chacun des événements qui fondent cette fiction du faire, cet ouvrage propose une histoire de Philippe Thomas, au sein des multiples réseaux qu’il traverse et afin de reconstituer le parcours de cet artiste essentiel.
Rêvant d'échapper à l'emprise du verbal, à la tyrannie des mots, Henri Michaux a exploré, à travers l'expérience picturale, une autre voie, une autre saisie de l'écriture. Vécu sous le mode de la libération, le peindre ou le tracer est apparu comme une action souveraine lui permettant de dynamiter le sens pour mettre en mouvement l'écriture, lui redonner corps et vie. Devenue plasticité à voir et à sentir, « par des traits » et projections du corps, l'écriture se défait alors de sa fonctionnalité écrasante et retrouve une puissance cachée qui réinterroge à travers le geste la magie des graphies et l'exaltation de leurs corps -sorte d'anima des signes. L'utopie graphico-picturale que formule Henri Michaux se fonde ainsi sur une matérialisation et une expressivité sensibles, plastiques et physiques. Cette démarche vise à atteindre cette autre saisie après la dessaisie. Ainsi débarrassé de ses règles, vidé de sa substance signifiante, animé par les lignes, les traits, le mot sans dépôt retrouve une essence, un essentiel. Mais quel essentiel ? Cet article tentera de percer ce mystère, de mettre en lumière ce qui semble être le référent ultime de la quête du peintre-poète.
L’auteur face au « spectacle » : vers une filiation non narrative
Cahiers Erta n°19, 2019
The author in situation of the “spectacle”: towards a nonnarrative filiation The paper discuss the concept of “filiation narratives”, proposed in 1999 by the French theorist Dominique Viart, from the point of view of the “spectacularization of the author” (V. Kaufmann) in the contemporary visual culture. On the one hand, in visual culture, the media visibility of the author seems much important that his work. On the other hand, the strictly narrative understanding of the filiation is no longer possible. The example of the non‐narrative filiation which connect a French writer Patrick Modiano and his daughter, singer et writer Marie Modiano, is proposed to show the resistance of the literature against the abuses of the media’s influence to the literary culture.
1Pourquoi Roland Barthes fait-il, plus de trente-cinq ans après sa mort, toujours autant parler de lui avec chez ses commentateurs une a!ection et un attachement qui ressemble à s'y méprendre à de l'amour 1 ? C'est que Barthes, sensible aux mouvances théoriques du moment et qui décrit son usage récurrent de certains termes comme relevant d'une logique semblable à celle de la mode 2 -ce Barthes engagé dans son temps continue pourtant de se faire notre contemporain. En quoi réside cette contemporanéité qui perdure au-delà du contexte d'apparition du texte barthésien ? Dans son cours au Collège de France portant le titre de Comment vivre ensemble, Barthes, faisant référence à Nietzsche, indique qu'il y aurait concordance entre le fait d'être contemporain de son temps et celui d'être dans un rapport intempestif à celui-ci 3 . Comme l'écrit Nietzsche dans ses Unzeitgemäße Betrachtungen, est intempestif ce qui opère « contre le temps [je serais tentée de traduire par à contretemps], et par là-même sur le temps et espérons-le au profit d'un temps à venir » 4 . L'intempestif aurait ainsi une fonction d'opposition au présent mais également de préparation, voire de prémonition quant à l'avenir. À la suite de Barthes, Giorgio Agamben a"rmera dans Qu'est-ce que le contemporain ? qu'être le contemporain d'une époque consiste précisément à être intempestif, autrement dit en décalage ou en déphasage par rapport au présent. Prenant justement le phénomène de la mode comme exemple de l'expérience du temps qu'il attribue au contemporain, Agamben montre que l'être-à-la-mode suppose la reconnaissance toujours après coup d'une tendance. Celui qui fait la mode n'est précisément pas à la mode : il anticipe la tendance, se situe avant la reconnaissance de celle-ci. Quant à celui qui suit la mode, il est déjà en retard sur celle-ci 5 . De même, le moment présent échapperait à toute emprise directe en raison de « son caractère traumatique », de « sa trop grande proximité » 6 . Au sens freudien auquel la question du traumatisme semble ici faire référence, le présent tel qu'il est saisi par la perception échappe à la conscience et ne peut être saisi que dans l'après-coup d'une « reproduction » 7 . Ce retard de la perception protège la conscience d'une expérience qui serait sinon constamment traumatique. La saisie du présent est donc en ce sens toujours déphasée, à contretemps. 2La capacité de mettre à jour ce qui, du présent, échappe nécessairement à l'expérience qu'on peut en faire tout en conditionnant cette expérience, serait le propre de celui ou celle qu'Agamben appelle « contemporain ». Or, Barthes en prise avec les « modes » théoriques du moment semble échapper à la détermination agambienne du contemporain puisque le présent a sur lui une prise trop directe. Cependant, si l'on suit la lecture anti-agambienne que fait Lionel Ru!el du contemporain, l'engagement dans le présent au risque de l'aveuglement serait au contraire bien la marque de ce qu'il faut entendre par le contemporain :