Lexicométrie et étude du discours institutionnel. L'expérience d l'analyse du discours en Belgique francophone (original) (raw)

L’analyse du discours comme approche disciplinaire et comme méthode (colloque ACFAS 2012)

"Depuis quelques années se manifeste un intérêt croissant pour l’analyse du discours (AD) envisagée autant comme méthode à statut hybride (quantitatif et qualitatif) que comme approche disciplinaire investiguant les relations sociales à partir de la production de sens dans l’oral, l’écrit et l’image. Pourtant, découvrir l’AD et sa double face ne manque pas de provoquer chez les non-praticiens un certain étourdissement paralysant l’effort de la saisir. En effet, sur plusieurs plans, elle affiche une grande variété de conceptions/pratiques : ses traditions (française ou anglophone), ses orientations théoriques (marxiste, interactionniste, herméneutique, intersectionnalité, etc.), ses ancrages disciplinaires (sociologie, politique, linguistique, communications, éducation, gestion, etc.), ses objets (conversations, discours publics, entrevues, documents institutionnels ou médiatiques, etc.) ou modes d'analyse (thématique, de contenu, d’énonciation, rhétorique, transtextuelle; manuelle ou par ordinateur). Avec une telle polyvalence théorique et pratique, on pourrait s'attendre à une littérature abondante en réflexions méthodologiques et épistémologiques à un niveau transdisciplinaire. Or, il est très rare que des tentatives de présentation de l’AD ne se fondent pas sur des référents implicites à des communautés de pratiques familières et locales. Ainsi, il existe actuellement au sein de l’AD une certaine « balkanisation » obstruant son appropriation globale. C’est pourquoi, dans une perspective d’ouverture et de vulgarisation transdisciplinaire, ce colloque invite des analystes du discours à se prononcer sur les plans méthodologiques et épistémologiques de leurs pratiques : l’AD et sa place dans les sciences socio-humaines, la délimitation de ses notions fondamentales (par exemple, discours, corpus, contexte/énonciation), sa spécificité en tant que méthode (limites d'application, prétraitement des données, agencement de modes et niveaux d'analyses, etc.) et son enseignement"

Sur les discours évaluatifs institutionnels, leurs fondements et leur rôle

Cahiers du plurilinguisme européen

Les Rapports au Parlement, élaborés par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) depuis 1995, peuvent être considérés comme un exercice annuel d’évaluation de la politique linguistique menée en faveur de la langue française. En fait, on y trouve toute une gamme de procédés d’évitement de cette tâche.En distinguant le plan du réel hors action et le plan de l’action, tous deux présents dans ces Rapports, on peut définir l’évaluation à leur jonction : or cela se trouve rarement ici. On relève que la quantification, l’utilisation d’indicateurs chiffrés est rarement pertinente dans le domaine des réalités linguistiques, ne serait-ce que par l’obligation de ramener les évolutions à l’échelle de l’exercice annuel : les chiffres produits paraissent donc souvent un moyen de manipulation peu soucieux de vérité. Quant à la vocation des chercheurs à être aussi des « experts », une saine séparation des genres - recherche et évaluation - nous parait nécessaire.

"La communication des organisations et des institutions au prisme de l’analyse du discours" (2015)

2015

Nous nous intéressons à la façon dont un intérêt pour les questions de langue et de discours peut enrichir les travaux sur la communication des organisations et des institutions. Après avoir proposé une définition de la communication comme activité discursive, nous suggérons que l’analyse de la production des discours dans les organisations peut privilégier deux pistes d’observation : d’une part, on peut s’employer à identifier les acteurs qui sont en charge d’établir des documents qui tendent à garantir un “langage commun” ; d’autre part, on peut s’attacher à étudier les discours prescriptifs qui visent à standardiser les écrits et les prises de parole. L’analyse du discours se trouve alors associée à une réflexion sur la norme, sa production et les instruments de sa diffusion.

Où va l'analyse de discours ? Autour de la notion de formation discursive

Depuis les années 1990, l'analyse de discours a obtenu droit de cité dans le milieu universitaire, alors qu'elle s'était constituée, dans son moment fondateur, aux marges des disciplines. En prévision de ce tournant, Michel Pêcheux réunit autour de lui au début des années 1980, dans le groupe « Analyse de discours et lecture d'archive », des chercheurs d'horizons divers, mais soucieux de conserver une place centrale à l'interrogation initiale sur les matérialités discursives . C'est aussi le temps, où le sociologue Bernard Conein et l'historien linguiste que nous sommes assurent la direction d'un sous-groupe sur « L'archive socio-historique » : nous considérons alors que la description discursive est avant tout redécouverte de catégories énonçables à partir des propriétés empiriques des tex-tes analysés. Un tel choix herméneutique tend à faire disparaître la notion de formation discur-sive, trop empreinte d'extériorité. Michel Pêcheux se demande donc comment situer un espace conceptuel propre à l'analyse de discours du fait de la prise en compte d'une telle configuration des énoncés attestés, et de leur réflexivité propre ; il en vient à retravailler des catégories cen-trales de l'analyse de discours, en particulier la notion de formation discursive, tout en demeu-rant dans la lignée des réflexions initiales de Michel Foucault en ce domaine. Notre présent objectif n'est pas d'effectuer un bilan de ce « tournant herméneutique » de l'histoire du discours, d'autant plus que nous l'avons déjà fait par ailleurs et qu'il pose désormais le problème complexe du lien de cette histoire langagière avec l'histoire des concepts dans son ensemble . Nous souhaitons seulement reprendre l'itinéraire des historiens du discours, là encore hors de toute approche d'ensemble-objet d'étude en soi, mais du point de vue de cette notion de formation discur-sive. Cependant il convient d'abord de préciser notre positionnement dans le champ de l'analyse de discours, en profitant de l'opportunité de la publication récente de deux Dictionnaires des termes et des concepts de l'analyse de discours.