Quand l'économie écologique dé-nature la justice environnementale (original) (raw)

2019, VertigO

La conception de la nature au cœur du mouvement de justice environnementale et des courants théoriques se réclamant de celle-ci a été très peu étudiée et mise en lumière dans la littérature académique sur la justice environnementale. Pourtant, les théoricien.nes critiques de la pensée décoloniale, de l’écoféminisme et du poststructuralisme ont largement démontré que la représentation ou la façon de définir la nature n’est pas anodine et innocente, mais participe le plus souvent à renforcer des rapports de pouvoir déjà à l’œuvre. Dans cet article, je propose d’abord de resituer le mouvement pour la justice environnementale dans son histoire militante. Ensuite, je propose d’examiner deux formulations de justice environnementale, l’une provenant de l’économie écologique (Hornborg, 2001; Martinez-Alier, 2014) et l’autre de la socioécologie (Larrère, 2017; Scholsberg, 2004, 2013) afin de ressortir la définition qu’elles proposent de la nature. La confrontation du corpus de littérature étudié au cadre théorique expose que les théoriciens (Hornborg et Martinez-Alier) de l’approche de l’économie écologique, qui nécessite une uniformisation du langage des luttes, mobilisent une conception occidentalocentrée et moderne de la nature et ce faisant, échoue à se soustraire de la logique coloniale qu’ils critiquent.