Comment tenir l'universalité de la volonté salvifique de Dieu? (2019) (original) (raw)

Discerner la volonté de Dieu dans la vie quotidienne

Chaque personne humaine2 qui engage sa vie selon l'évangile, est toujours unique dans son corps, dans son esprit, dans son histoire singulière et dans ses relations au monde, aux autres et au Dieu de Jésus-Christ. La personne humaine qui désire voir tout en Dieu et vouloir ce que Dieu veut ne peut discerner la volonté de Celui-ci que dans le quotidien de ses relations religieuses, familiales, amicales, professionnelles et culturelles en se référant à Jésus-Christ, le Fils de Dieu incarné dans l'histoire humaine, la Parole vivante du Père et l'ultime envoyé du Père dans le monde. C'est en accueillant dans le monde les évènements vécus, les responsabilités personnelles et sociales, les rencontres et les influences culturelles de la vie quotidienne et en assumant ses manques et ses souffrances dans l'abandon au mystère absolu de la vie que la personne humaine mûrit, se construit et se transforme à travers ses peurs, ses résistances, ses limites, ses choix, ses conflits, ses difficultés de communication et ses contradictions internes. Discerner la volonté du Dieu tout Autre et avec nous de la tradition chrétienne à l'oeuvre dans l'histoire, mystère absolu de la vie, créateur et partenaire d'alliance qui sauve en Jésus-Christ par son Esprit dans un monde complexe, ambivalent, sécularisé, chaotique et éclaté comme le nôtre revient à tenir compte de tous les aspects de la vie quotidienne où surgissent les besoins de salut, les appels 1 Jean-Marie Hyacinthe QUENUM est Docteur en Théologie et Maître des novices Jésuites à Bafoussam au Cameroun. 2 La personne humaine est le sujet humain déterminé par son corps et sa vie psychique et engagé dans un réseau complexe de rapports interpersonnels dans le monde et dans l'histoire.

Entre Je et Dieu : nous. La construction de l'universalité d'un point de vue pragmatique

Hermès, 1992

Tout différents, voire opposés, qu'ils soient, les modèles de pensée de Paul Ricoeur et de Jürgen Habermas, qui serviront ici de point de départ à notre réflexion sur le problème du rapport critique à la tradition, se rejoignent en un point non négligeable du point de vue des motifs qui guident leur démarche théorique respective : il s'agit de l'importance que les deux auteurs accordent au traumatisme nazi qui, s'il est rarement objet direct de leur réflexion théorique (si l'on accorde que du côté de Habermas, la Historikerstreit n'a été que l'occasion de mettre en exergue des éléments qui étaient déjà tous contenus dans son oeuvre antérieure), n'en constitue pas moins la toile de fond de leur modèle éthico-politique. Les modèles, pour le dire vite, herméneutique de Ricoeur et déontologique de Habermas convergent en effet dans une égale condamnation du recours à la Sittlichkeit comme instance morale ultime-en tous cas, de la Sittlichkeit comprise comme la réalité d'un éthos à l'oeuvre dans les institutions du monde de la vie éthique (de la « sittliche Welt ») ; et les motifs existentiels, sinon les raisons théoriques, de cette condamnation sont à chercher du côté, précisément, de cette expérience historique commune qu'a été l'instauration du régime nazi. Mais la convergence dans ce rejet s'exprime en des termes bien différents chez l'un et chez l'autre, et c'est de là que nous partirons pour situer à grands traits les modèles éthico-politiques auxquels ce traumatisme du XX e siècle sert de toile de fond, puis pour analyser les modèles d'identité correspondants ainsi que les ressources normatives qui leur sont liées ; nous tenterons enfin d'exposer les linéaments d'un modèle d'universalisme instruit par le parcours de ces deux

Repenser la Providence sans perdre Dieu dans l'opération (2018)

RSR 106 (2018) 539-554

Rethinking Providence without losing God while we do it: An exercise in discernment in terms of the Credo. Attentive to present-day suggestions on rethinking Providence in light of Open Theism, this article will undertake first an exercise in discernment, then in reconstruction. This critical examination deals with three sensitive adjustments: an unnoticed transfer of sovereignty from God towards the human being, an auto-determination on the part of God to let Himself be determined by his free creatures, a suspension of divine omniscience in favour of supposed human liberty. Such shifts can are measured by their highly important consequences. This reconstruction re-examines the confrontation of images of God, be they pagan or Christian. It then considers the surprising relationships between necessities and liberties according to the Gospel of Saint Luke. This will lead to reformulating the essential elements of faith in Providence according to the three articles of the Credo, in terms of sovereignty, Pascal mystery and synergy.

Visages de la vérité : universalité et hospitalité

Conférence prononcée au séminaire de Francis Wolff, « les lundis de la philosophie », ENS/Ulm, Paris, le 20 mars 2017. Le but de cette conférence est de relativiser la définition ordinaire et traditionnelle de la vérité comme correspondance à une res, à une chose extérieure et en soi. Il s’agira de démontrer comment la norme du vrai n’est pas nécessairement soumission à un réel antécédent et indépendant mais peut également se concevoir comme réalisation d’un universel non donné. Nous comprendrons, ce faisant, comment la visée de l’universel n’est pas condamnée à n’être que la poursuite d’un idéal jamais atteint et dépasserons ainsi la figure de la conscience malheureuse, traditionnel symbole de la finitude humaine. Pour ce faire, nous partirons d’une expérience de pensée, qui consistera à créer un monde qui serait la configuration idéale en laquelle s’appliquerait la définition traditionnelle de la vérité. Ce qui nous permettra de faire surgir tous les paradoxes de cette définition. Cette étape nous conduira ensuite à étudier l’hypothèse vérité = universalité, en prenant soin de dépasser les différents écueils possiblement liés à la notion d’universel (comment y accéder ? Est-ce une totalité ordonnée ou un domaine illimité ? Comment rompre le lien trop courant entre universalité et nécessité ?, etc.). Nous pourrons alors penser au-delà de la finitude, en liant la vérité à l’infini, l’erreur au fini, et montrerons ainsi comment l’universel est le lieu même de l’hospitalité. Mot clés : vérité, réalité, universalité, idéal, fini/ infini.

La certitude humaine et la volonté divine

1996

Qj ationalisme de Descartes et la méthode sceptique employée dans son épistémologie il soulèvent un problème de fond concernant les vérités éternelles. Les vérités mathématiques, logiques, et en général les vérités que nous appellerions nécessaires aujourd'hui, pouvaient-elles, selon Descartes, être mises en doute? Si cette question est pertinente, il faut qu'il y ait à la fois une différence manifeste et une relation organique entre la nécessité et l'indubitabilité des propositions. Le but de ma communication est d'examiner les dimensions épistémologiques de la conception modale de Descartes, en éclaircissant le sens des termes de nécessité et d'indubitabilité, puis en examinant leurs rapports. La nécessité d'une proposition veut dire non seulement que la proposition est vraie, mais aussi que sa négation est impossible. La terminologie moderne définit les vérités nécessaires par leur vérité dans tous les mondes possibles. Cette idée est habituellement attribuée à Leibniz, mais comme E. Curley l'a démontré, elle a déjà ses antécédents chez Descartes. Pour lui, les mondes possibles sont ceux qui auraient pu être créés par Dieu, à la place du monde actuel qui a été définitivement créé. L'indubitabilité, quant à elle, est

2019 - REVÊTIR L'INVISIBLE : LA RELIGION HABILLÉE

Ce séminaire de recherche « Revêtir l'invisible : la religion habillée » s'intéresse à la relation entre la (les) mode(s) vestimentaire(s) et la religion, entendue comme système de croyances et de traditions religieuses. Ce séminaire de recherche se donne pour objectif d'explorer un nouveau champ de recherche dans la littérature scienti"que englobant la mode, les vêtements et la philosophie du style. Ce projet ambitionne : d'aborder des questions morales touchant au vêtement sous l'angle de la religion et de la mode comme système de croyance ; d'explorer une réflexion philosophique, anthropologique et théologique sur le vêtement comme emblème de la modernité occidentale ; de créer un réseau francophone sur la question du vêtement et de la mode vestimentaire dans ses aspects touchant aux problématiques des religions.

Sagesse biblique et Révélation trinitaire dans l'annonce du salut

Sagesse biblique et mission , AFOM, C. Vialle, J. Matthey, M.-H. Robert, G. Vidal, dir., Lectio Divina, « Cerf Patrimoines », Paris, Le Cerf, 2016, p. 235-244.

Les contextes patristiques et médiévaux situent la sagesse divine au sommet de la connaissance et de la vertu théologale : c'est par la grâce de l'Esprit Saint que sont rendues possibles pour l'être humain la connaissance de Dieu et de son offre de salut, ainsi que la réponse à cette offre par une vie dans la foi et l'amour. Si l'époque des Lumières a préféré la raison à la sagesse, les temps actuels dénoncent volontiers l'illusion d'une sagesse qui prétend fonder les grands systèmes de pensée et donner sens aux « récits » du monde. La sagesse serait au mieux le propre de l'individu qui se fie à ce qu'il ressent et expérimente, plus qu'à ce qui lui est transmis par tradition. La raison est à son tour discréditée. Pourtant, la révélation biblique n'est pas un « métarécit » parmi d'autres, qui serait rendu caduque par les conséquences de la modernité. Elle est capable de rejoindre toute personne et toute culture là où elles en sont, en respectant leur liberté. Il ne s'agit pas là d'un a priori mais bien d'une expérience, qui se trouve corroborée par des expériences transmises, malgré certains revers de l'histoire. La référence à la sagesse peut-elle être permettre d'annoncer aujourd'hui la révélation trinitaire de l'oeuvre de salut dans le monde ? Il s'agit bien pour la mission de l'Église d'annoncer la Parole, Sagesse de Dieu salvifique, en comptant d'abord sur la grâce de Dieu qui illumine les intelligences et ouvre les coeurs ; il s'agit aussi de trouver un langage que puissent entendre nos contemporains en partant de ce qu'ils expérimentent. J'explorerai les rapports de l'individu au corps, à la quête de Dieu et à l'annonce missionnaire par la diagonale de la sagesse. Ces trois lieux sont peut-être emblématiques à la fois d'une aspiration et d'une difficulté à entendre une parole de sagesse.