Ethnicité et politique à Maurice (original) (raw)
L'ethnicité à Maurice : le dit, le non-dit et l'inter-(dit)
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2008
L'île Maurice est souvent citée sur la scène internationale comme une société « arc-en-ciel » et un modèle d'entente interethnique. Sans être forcément un slogan ni un contresens, ce type de formules n'en cache pas moins la complexité réelle d'une société qui, dans les faits, doit sa relative stabilité à un ensemble de stratégies comportementales (au niveau de sa population) faites d'évitements mutuels, d'ignorance calculée, de non-dits et d'interdits, à côté des lieux communs « politiquement corrects » que les Mauriciens entretiennent entre eux dès qu'ils sont dans les relations intercommunautaires. Le présent article tente de donner une description du fait ethnique mauricien en abordant certains de ses aspects et en privilégiant une lecture des choses fondée essentiellement sur des faits discursifs repérables à trois niveaux d'analyse : macro-social, mésocial et micro-social.
Un regard ethnographique sur la politique
Genèses, 2013
Présentation de "Le vote comme engagement", Beatriz M. A. de Heredia et Moacir Palmeira. C’est peut-être dans l’approche des phénomènes politiques que l’ethnocentrisme est le plus tenace, parce qu’il se niche dans les définitions mêmes que nous en donnons spontanément, en faisant le paramètre à partir duquel nous catégorisons des pratiques comme « politiques ».
Ethnicité politique : pour une lecture réaliste de l'identité
L'Harmattan eBooks, 1994
to carry at such a sweeping level of generalization. Even more is this the case with the argument that the Canadian and American labour movements were similarly "Gomperist" until the late 1970s (108). One of the unfortunate paradoxes of this kind of book is that while meticulous attention is paid to the presentation of statistical data, there is a tendency to play rather fast and loose with the history called upon to "explain" the data.
Nouvelles Études Francophones, 2011
Les Hiérarchies socio-économiques et ethniques à l'Ile Maurice Homogénéités et ruptures dans l'identité des Franco-Mauriciens Markus Arnold U n regard sur l'époque coloniale à Maurice montre que l'île n'échappe pas, à l'instar de toute autre terre soumise aux puissances occidentales, à des phénomènes de classifi cation et de hiérarchisation culturelle, raciale et linguistique. Dans ce système communautariste, c'est le Franco-Mauricien, le colon blancl'aristocrate, le planteur, l'industriel etc.-qui domine la pyramide socio-économique et racio-culturelle sur le plan matériel, idéologique et symbolique. Enraciné dans un passé soi-disant glorieux, il s'affi rme comme détenteur du savoir, symbole du progrès, garant de la moralité et des valeurs. Ainsi, il établit un code et une esthétique qui deviennent normes et exemples à imiter pour d'autres communautés. Selon une dialectique hégélienne où le regard se dirige vers le haut, le colonisé, dans un processus d'aliénation psychologique, va jusqu'à intérioriser l'infériorité imposée. Ces processus d'idéalisation mimétique (Lionnet, "Logiques Métisses" 105) ont été largement analysés par les premiers critiques postcoloniaux, tels que Frantz Fanon, Aimé Césaire et Albert Memmi, soucieux de réappropriation et d'abrogation identitaires. En remontant la chronologie, l'on s'apercevra que l'île Maurice a fêté ses quarante-trois ans d'indépendance et qu'elle exalte, dans les représentations touristiques et les discours offi ciels, à la fois son multiculturalisme et de multiples phénomènes de métissage. Si les relations coloniales sont certainement révolues, l'image élogieuse de la nation dite "arc-en-ciel" adoptée par le gouvernement depuis les années 1980 est néanmoins sous-tendue par de nombreux confl its. Derrière la prétendue harmonie interethnique se révèlent d'évidents clivages communautaristes et socio-économiques, et il apparaît que l'imaginaire colonial n'a pas encore entièrement disparu. À ce sujet, le cas des Franco-Mauriciens qui, malgré leur chute considérable en nombre depuis 1968, détiennent toujours un grand capital matériel et symbolique, nous semble signifi catif. Ils continuent à porter de vieilles connotations-le lien traditionaliste avec l'Europe, l'élitisme culturel, une grande aisance matérielle, le cloisonnement identitaire, etc.-et sont toujours l'objet d'un regard ambivalent entre antipathie et attirance.
Culture et communauté politique
2010
International audienceDans cette intervention est examinée la relation qui existe entre les notions de culture et de communauté politique. La première recouvre différents aspects tels que les traditions, la langue maternelle ou « naturelle », les représentations et les valeurs telles qu'elles sont vécues par les hommes ; la seconde évoque le sujet légitime de l'action politique, ou encore la dimension civique de l'existence. Les deux notions ont été régulièrement associées dans le cadre du projet politique caractéristique de la Modernité, à savoir dans le contexte de l'affirmation de l'Etat-nation. De nos jours (dans le contexte d'une crise durable et profonde traversée par l'État-Nation), la question est à nouveau posée de savoir quels sont les liens entre culture et communauté politique – mais elle ne se pose plus comme avant, du fait de la nouvelle perspective de la globalisation. Que signifie l'expression « culture nationale » – dans ses relations...
Service domestique, sexualité, race et héritages coloniaux à l’Île Maurice
GLAD!, 2018
Le travail sexuel constitue une éventualité du service domestique 1. Il fait partie des possibles du travail de la bonne « à tout faire » et de son avatar contemporain, la femme de ménage. Comme le souligne Christine Delphy, le travail à domicile, effectué à grande majorité par les femmes, ne doit pas être défini à partir des tâches qui le composent, mais plutôt comme une certaine relation de travail, un rapport de production (Delphy, 1978 : 53). Si Delphy limite la définition du travail ménager au travail non payé dans le cadre familial, Colette Guillaumin inclut dans l'analyse de l'exploitation des femmes l'ensemble des modes concrets d'appropriation des femmes par les hommes (Guillaumin 1992). Ceux-ci incluent outre l'exploitation de leur force de travail, l'appropriation de leur corps, unité matérielle productrice de la force de travail. L'obligation sexuelle est l'une des expériences concrètes du sexage (Guillaumin 1992). Elle se retrouve, comme l'explicite Paola Tabet avec le concept d'« échange économicosexuel », dans toutes les activités féminines (Tabet 2004). L'échange économico-sexuel, qui désigne l'échange d'un ou plusieurs actes sexuels contre une compensation (argent, logement, statut social, etc.), lie les prostituées et les femmes mariées dans un même continuum de la domination. Il est une manifestation du rapport social de sexe et des disparités économiques. Les relations des femmes à la sexualité comme source de revenus dépendent des conditions matérielles auxquelles elles sont soumises (Moujoud 2007) par les mécanismes du capitalisme global. Les abus sexuels divers des hommes sur les femmes employées à domicile (de l'exhibition de la nudité ou d'une masturbation, au harcèlement sexuel et au viol) sont des pratiques qui s'appuient sur des représentations de la disponibilité sexuelle des femmes travaillant à domicile qui Service domestique, sexualité, race et héritages coloniaux à l'Île Maurice
Politique culturelle et Departementalisation à Mayotte
Numéro Spécial “Mayotte 2009 : Questions sur l’avenir du 101e Département”, Revue Juridique de l’Océan Indien, La Réunion, France, pp.145-174, Septembre 2009
Doctorante à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Consultante spécialisée en politiques culturelles « On veut ce département, tout en gardant nos traditions, tout en gardant nos coutumes » 1 . Ces propos d'Ibrahima Hanima, maire de Chirongui (Mayotte), sont parfaitement représentatifs de la volonté de la population mahoraise dans sa grande majorité. La départementalisation doit nécessairement se faire dans le respect de l'identité locale. Toutefois, les personnalités qui ont été les plus méfiantes à l'égard de cette départementalisation ont, dans leur stratégie politique, souvent présentés cette évolution de statut comme étant incompatible avec le maintien des traditions mahoraises. Cet argument n'a pas seulement été présenté au niveau local, mais il a aussi été entendu au niveau régional. Pour exemple, un article publié dans le magazine comorien Kweli posait la question en ces termes : « Reste à savoir si les Mahorais sont prêts à abandonner leur identité et renier leurs cultures et traditions » 2 . Face à un tel positionnement, certains hommes politiques ont insisté sur le fait inverse. C'est ainsi que, par exemple, lors de son déplacement à Mayotte en mars 2009, Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques, a insisté sur la compatibilité entre le statut départemental et la défense des identités et cultures locales, à Mayotte comme en Béarn, en Pays Basque et dans toute la République. Le rapprochement avec ces territoires métropolitains est justifié dans le sens où nous sommes, à chaque fois, en présence d'identités fortes et affirmées. Toutefois, le cas mahorais est réellement à part car, il soulève de nombreuses autres problématiques spécifiques à Mayotte.
Les Outre-mer français. Regards ethnographiques sur une catégorie politique
Terrains & Travaux 24, 2014
[French Overseas Territories. An Ethnographic Perspective On A Political Category] French Overseas Territories (les Outre-mer français) refer nowadays to territories that have officially chosen to remain under French sovereignty. They are usually considered either as the (tiny) remains of the French colonial empire, as opposed to decolonised territories, or described as the result of democratic choice onto an original path of decolonisation. Do these territories only have in common a singular bond to the French métropole, which would set them as a political category? Drawing on extensive fieldwork, the papers gathered in this special issue develop cross-analysis of the current situation of French overseas territories, including – and going beyond – their political and administrative status. This introduction addresses the issue by examining the diversity of processes of (de)colonisation in the French Overseas Territories. It raises the question of the mechanisms through which entangled forms of historical domination linger, dramatically change or vanish.