Stavrinaki, "Ce que nous vîmes nous plongea dans une inexprimable stupeur", catalogue PREHISTOIRE, UNE ENIGME MODERNE,, Centre Pompidou, Paris, 2019 (original) (raw)

Contre toute attente, suivi de Ostalgérie, Andrea Potestà (dir.), Paris: Classiques Garnier, 2021, 259p.

Contre toute attente est le manifeste d’une pensée qui se refuse à la passivité et ne peut qu’infinitiser la « faible force » de l’espoir d’un avenir autre, spectral, mélancolique. Ce livre réunit plusieurs travaux autour de Gérard Bensussan qui retracent les chemins de sa réflexion philosophique. Contre toute attente. Auteurs:François-David Sebbah, Andrea Potestà, Orietta Ombrosi, Catherine Chalier, Alain David, Aïcha Liviana Messina, Luc Fraisse, Jimmy Sudário Cabral, Masato Goda, Jean-Luc Nancy, Gérard Bensussan Ostalgérie. Auteurs: Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà

Aux origines de notre modernite (Centre Pompidou 1984)

Furor 14, 1986

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Je tiens à remercier vivement le Centre Georges Pompidou et le Musée d'Art Moderne de nous avoir réunis ce soir pour conférer une voix à un regard en vue d'une pensée sur l'art contemporain. Or cet aspect de la pensée que nous aurons à retracer ensemble le long de cette conférence ne peut en aucun cas tenir lieu d'une représentation arrêtée dans mon discours. Etant moi-même aussi perplexe que quiconque parmi nous face à la complexité et la multiplicité des traits et caractères que le phénomène de l'art contemporain offre à ses publics, je ne souhaite ici que pouvoir marquer le lieu, aux confins d'un discours, où l'effet de perplexité, s'il n'est point dissipé, nous aura au moins orientés vers une pensée problématique, voire, nous aura permis de faire du problème de la pensée sur l'art contemporain l'aspect d'une origine commune : celle de notre modernité. Et j'entends par là une intensification de présence à l'intérieur d'un lieu vacant où la conjoncture que ce notre indique, s'approprie l'expérience concrète de l'événement. Comme ici il ne s'agira que de parler, alors que l'événement-à l'exception de la théologie, de la politique et de la poésie-n'est jamais de l'ordre de la parole, je ne tenterai que de faire le récit d'une pensée qui, à son tour, s'il adhère aux rondeurs de la voix, résiste-ou du moins tente de le faire-à la globalité du discours. Il va sans dire que toute personne dans cette salle détient le fil d'une pensée qui se donne comme origine l'art contemporain. Cependant pour chacun l'aspect que tous ces fils donnent ensemble n'est ni celui d'une toile ni celui d'un filet, d'une trame ou d'une perspective, mais, à la fois, celui d'un tissu bien serré et d'un noeud sans dénouement possible. Il est d'ailleurs plus souvent question de la contemporanéité de l'art-entendue comme un enchaînement d'expressions de l'actualité-que de l'art contemporain-comme une instance légitimatrice qui spécifie certaines formes d'expression en leur procurant le même statut de contemporanéité qu'aux autres activités des individus et des groupes d'une société-. Il est ainsi plus volontiers question de la contemporanéité de l'art quand un discours se greffe sur ce noeud et tente de nous rendre présent ce que le père du Modernisme, Henry James, avait désigné comme «l'image dans le tapis». Alors, de noeud en noeud, il s'agit de faire apparaître sur un seul plan, une image dispersée dans la densité de la texture, en substituant ainsi à une vision en profondeur une vision de surface. Cependant, une fois le tapis reconstitué autour de cette image, il n'est bon qu'à meubler le sol d'une chambre d'écrivain ou les pensées d'un écrivain en chambre. Cette image réconfortante, cet ameublement confortable qu'offre la vision en un seul plan et la narration à une seule voix, de l'art contemporain, ne peut effectivement remplir son contrat avec l'histoire que sous la forme du témoignage, de l'écrit d'artiste ou du journal d'écrivain, pourvoyant ainsi la surface du tapis de limites que la charge de l'expérience vivante et active de la contrainte historique fait coïncider avec le travail des noeuds, de telle façon que le tapis dans son ensemble n'est point le cadre de l'image-ou son contexte, comme diraient certains-mais le terrain où elle opère. Sous cette condition seulement, une pensée sur l'art contemporain acquiert un statut juridique de vérité que permet la coïncidence de l'agent et de l'action. Pourtant une étude stylistique, même menée avec la plus convaincante perspicacité ou la plus étonnante bravoure, si elle nous renseigne sur les qualités de son agent, obstrue tout accès vers l'action même, vers ce que nous appellerions l'événement de l'art contemporain qui, s'il a le moindre rapport avec cette métaphore du tapis, c'est parce

C. Sapin (éd.), Le stuc : visage oublié de l'art médiéval (catalogue de l'exposition présentée au Musée Sainte-Croix de Poitiers, 16 septembre 2004-16 janvier 2005). Paris-Poitiers, Somogy-Éditions d’Art et Musées de la Ville de Poitiers, 2004, 255 p

2008

C’est un art oublie ou tout du moins neglige que nous donne a voir ce beau livre, catalogue d’une exposition qui s’est tenue pendant l’automne-hiver 2004-2005 au Musee Sainte-Croix de Poitiers et qui accompagnait la tenue d’un colloque international. A travers l’art du stuc, examine dans la longue duree, de l’Antiquite tardive a la fin du Moyen Âge, s’est en fait une large partie du decor architectural des edifices religieux qui est revelee, en associant d’autres techniques : sculpture sur pi...

Stavrinaki, Daguerre, "Coquillages et fossiles, 1839. Étude de cas d’une modernité ambivalente », Transbordeur, n° 8, 2022, p.122-134.

Maria Stavrinaki 'est un daguerréotype souvent reproduit, moins souvent étudié 1. Coquillages et fossiles est une photographie dont la date de fabrication a son importance : datant de 1839, c'est l'une des premières formes abouties de la prodigieuse invention (fig. 1). Produite par Daguerre alors que son procédé est suffisamment sûr pour être présenté au public par François Arago, cette photographie est doublement « primitive » : par son médium, elle n'en est qu'au début de son histoire ; par son sujet, représentant trois étagères superposées à intervalles égaux, sur lesquelles est disposée une vingtaine au moins de coquillages de formes et d'âges divers. Au coeur de la composition se trouve la spirale pétrifiée d'une ammonite, forme dont l'identité zoologique et le milieu précis sont demeurés longtemps énigmatiques. Puisqu'elle ne se trouvait vivante nulle part, on avait fini par émettre l'hypothèse qu'elle s'était désormais retirée dans les eaux profondes des mers et des océans 2. Mais lorsque Daguerre la saisit par la photographie, au Museum d'histoire naturelle ou dans la collection privée d'un savant, il est parfaitement établi que les ammonites sont si anciennes qu'elles ont depuis longtemps complètement disparu. L'ammonite centrale n'est pas le seul fossile du daguerréotype. Sur l'étagère inférieure, on distingue deux gastéropodes : un grand, qui ressemble à un Campanile giganteum, et un plus petit, qui a tout d'un cérite. Les deux flanquent plusieurs coquillages pris dans leur gangue. Tout en haut, on remarque une autre ammonite, puis l'empreinte rayonnante d'un oursin sur du calcaire, plus loin encore une éponge et un crustacé pétrifiés. Dans cette photographie, l'histoire naturelle des espèces croise l'histoire technique de l'Occident. Ces deux histoires très asymétriques s'éclairent mutuellement, mais leur éclairage réciproque désoriente aujourd'hui : il défie la logique dualiste qu'on se plaît à attribuer aux modernes, dont on critique la foi naïve dans le progrès, le naturalisme univoque et une domestication arrogante du monde et de ses forces-la vapeur, l'électricité et enfin la lumière.

Stavrinaki, Stupeur-Commencement et fin de l'histoire

Stupeur: commencement et fin de l'histoire. De Pasolini à Leroi-Gourhan, c. 1950-1960, La part de l'oeil, n° 35-36,, 2021

Analyse d'une configuration historique associant la préhistoire et la fin de l'histoire dans l'art et la pensée philosophique des années 1950-1960.