Goethe, Madame de Staël et Venise. Autour du "Voyage en Italie" et de "Corinne" (original) (raw)
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Venise, ville d’évasion et de reconstruction : Goethe à Venise aux XVIIIe et XIXe siècles.
Goethe a effectué deux voyages en Italie, et au cours de ces deux voyages a séjourné à chaque fois dans la cité des doges. La première fois en 1786, la seconde en 1790. Le récit qu’il nous en a fait dans son Voyage en Italie paru en 1816-1817, pratiquement contemporain du Rome, Naples et Florence de Stendhal, a été rédigé presque trente ans après son séjour et a été remanié pour fournir à son public une certaine image non seulement de l’Italie, mais principalement de lui-même comme poète. Or, ce récit sous forme de journal ne reprend pas tous les éléments contenus dans son journal personnel, dans celui destiné à Charlotte von Stein ou même dans les lettres à Charles-Auguste, mais est bien plutôt un réaménagement de ce qu’il a vécu. D’autre part, ses impressions italiennes ont été aussi consignées dans des ouvrages à caractère plus fortement littéraire comme le sont les Élégies romaines (1788-90/1795) ou les Épigrammes vénitiennes (1790/1795). Or, force est de constater que les images de la cité vénitienne sont là encore différentes de celles des autres ouvrages.
Lorsque le jeune Johann Wolfgang Goethe reçoit des mains de son père la maquette d'un bateau aux formes bizarres, il ne sait pas encore combien ce jouet sera porteur de sens et qu'il permettra d'ajouter au patrimoine intellectuel de l'Humanité une oeuvre magnifique, les fameuses Épigrammes vénitiennes dont on n'a compris le sens que bien après leur publication. Venise rappelait hier la mémoire du grand poète avec la pose d'une plaque sur la façade de la maison qu'il habita lors de son second séjour en 1790. La gondole miniature oubliée depuis longtemps par le conseiller du prince devenu un écrivain célèbre, poète renommé et philologue respecté dont la réputation dépasse depuis longtemps les frontières d'Allemagne, lui revint en mémoire ce jeudi 28 septembre 1786. Il décrit l'émotion très proustienne qui s'empara de lui lorsque, le navire sur lequel il avait voyagé sur le Brenta déboucha dans les eaux de la lagune de Venise, il vit s'approcher les gondoles venues prendre les voyageurs pour les mener jusqu'à la cité des doges. Un mois exactement après son anniversaire (Il a eu 37 ans un mois auparavant jour pour jour) et deux mois après celui de son père, Johann Caspar Goethe qui ramena de son périple italien cet objet qui fit tant rêver le fils. Une certaine manière de se retrouver chez soi. Ce voyage longtemps désiré et minutieusement préparé, qu'il remit déjà à deux reprises, le voilà enfin qui s'accomplit. Dans la tradition établie depuis une centaine d'années qui veut que tout jeune homme de bonne famille fasse ce Grand Tour sans lequel son éducation resterait incomplète, le Voyage en Italie dont il publiera le récit dans les années 1815-pratiquement en même temps que le Rome, Naples et Florence de Stendhal-est un peu une fuite. Goethe est une célébrité en Allemagne et sa renommée fait de lui un personnage très en vue. A la manière des people d'aujourd'hui, invité et fêté partout. ses faits et gestes sont suivis et commentés en permanence. C'est donc une personne publique qui part en catimini de Karlsbad où viennent d'être organisées de grandes réjouissances pour son anniversaire. Début septembre, fatigué de tout cela, sollicité voire harcelé, il part enfin. A chacune de ses précédentes tentatives et pour des raisons diverses, il n'avait jamais dépassé le col du Saint Gothard. Cette fois, il part pour de bon et le périple durera plusieurs mois. Comme le souligne Eric Leroy du Cardonnoy 2 , Goethe se doit aussi de mettre ses pas sur ceux de son père qui fit le même voyage en 1740. Les gravures et les objets que Johann Caspar ramena avaient frappé l'imagination du fils qui en resta fortement marqué. La maquette de gondole qu'il lui était interdit de toucher notamment... Mais compte-tenu de la personnalité de Goethe, ce voyage parfaitement préparé, autant qu'on pouvait le faire à son époque, tant matériellement que d'un point de vue culturel, devait parfaire et dépasser celui du père. Et c'est le coup de foudre pour la Sérénissime. Sa découverte de la République des Castors le remplit d'enthousiasme et de joie. Son Volkmann 3 sous le bras comme le feront cent ans plus tard les voyageurs avec leur Baedeker (et aujourd'hui le Guide Bleu ou le Routard), il arpente les ruelles étroites et les campi, visite palais et couvents, assiste à des séances du Tribunal, se promène au marché et le soir sur la Piazza, va au spectacle... Mais le plus important pour lui est ce retour en enfance que provoque l'arrivée à Venise vécue comme un nouveau départ pour cet homme célèbre de trente-sept ans... "Ainsi il était écrit dans le livre de la Destinée, à ma page, qu'en 1786, le 28 septembre à cinq heures du soir, heure de chez nous, j'apercevrais pour la première fois Venise, en débouchant de la Brenta dans les lagunes, et que peu après je débarquerais dans cette merveilleuse ville insulaire, dans cette république de castors,
Voyage et littérature : l'Italie de Hermann Hesse
Hermann Hesse ( 1877-1962 ) travelled through Northern and Central Italy in the early 1900s. We redraw his routes and examine the symbolic values associated with places and visited landscapes. His novelist’s approach (" Peter Camenzind ") is being compared with that of his travel diaries by relating his writing to his lived space. We compare his Germanic linguistic and cultural code with that of Jean Giono in its " Journey in Italy ".
Venise et ses télescopages magiques. La 'Venise intérieure' de Proust
DIX NEUF: Journal of the Society of Dix-Neuviémistes, 2023
Venice constitutes a literary topos in France, and many writers contribute to the so-called 'Venetian madness', including Marcel Proust. His 'Inner Venice' is formulated by following in the footsteps of John Ruskin and having his narrator stumble on the uneven cobblestones of a Parisian courtyard. This emblematic incident of the Recherche generates a telescoping of cities and memories that we propose to retrace relying on works of specialists such as Sophie Basch, Edward Bizub, and Émile Carassus, among others. RÉSUMÉ Venise constitue un topos littéraire en France, et maints écrivains contribuent à ladite 'folie vénitienne', dont Marcel Proust. Sa 'Venise intérieure' est formulée en marchant sur les pas de John Ruskin et en faisant trébucher son narrateur sur les dalles inégales d'une cour parisienne. Cet incident emblématique de la Recherche engendre un télescopage de villes et de souvenirs que nous nous proposons de retracer en nous appuyant sur des apports de spécialistes tel que Sophie Basch, Edward Bizub, et Émile Carassus, entre autres.
Germaine de Staël, citoyenne du monde. Le cosmopolitisme dans l'oeuvre staëlien.
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Dans son Histoire de la littérature française (1936), Albert Thibaudet évoque Germaine de Staël comme « le Napoléon de la vie des salons ». Forte de son ascendant dans les salons, dont le sien fait figure d’épicentre de la vie intellectuelle, l’écrivaine devient bientôt le centre d’un groupe résolument cosmopolite, salon d’un genre nouveau la suivant « partout où elle se trouve » : le Groupe de Coppet. Comment les écrits de Germaine de Staël reflètent-ils son souci permanent du cosmopolitisme ? C’est ce que nous examinerons au gré d’un parcours dans l’oeuvre staëlien, habité par une curiosité cosmopolite faisant de l’écrivaine une véritable citoyenne du monde.
À Venise avec Marcel Proust – Club Italie-France – Français
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Venise n’est pas qu’un thème dans À la recherche du temps perdu. Pour Proust Venise est un lieu de l’esprit et du coeur, un véritable parcours d’initiation, que tout lecteur est invité à entreprendre à son tour. Cet article s'adresse à un lecteur non spécialiste, mais désireux de rencontrer l'écriture de Marcel Proust: une invitation au voyage proustien à travers l'un de ses thèmes les plus significatifs.