La construction de l'identité confessionnelle maronite à l'époque ottomane (original) (raw)
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Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences religieuses, 115 (2008), 241-245.
RÉSUMÉ DES CONFÉRENCES DE M. STEFAN WINTER, DIRECTEUR D'ÉTUDES INVITÉ, 2007 : « Les événements d'actualité au Liban les dernières années ont montré que l'équilibre politique parmi les communautés confessionnelles reste un problème aussi sensible et controversé que lors de la guerre civile. Si bon nombre d'historiens, ainsi que le grand public, sont d'accord pour dire que le confessionnalisme politique serait un phénomène récent (et donc artificiel), les théories selon lesquelles ses origines remonteraient au seul impérialisme ottoman ou à l'ingérence des pouvoirs européens tendent nécessairement à idéaliser et à méconnaître le vécu politique au Liban d'avant le xix e siècle. Cette série de conférences sur les rapports entre les communautés maronite et chiite fut proposée comme réexamen critique du système interconfessionnel libanais à l'époque moderne. Elle s'est donné pour objectif de mettre en lumière non l'expansion de l'émirat autonome des druzes, déjà largement traitée dans l'historiographie nationale, mais plutôt les changements qui ont eu lieu dans le rapport de force entre les maronites et les chiites au Liban-Nord, sous l'empreinte des réformes fiscales ottomanes du xvi e au xviii e siècle. En privilégiant la lecture de documents d'archives impériales ottomanes plutôt que des chroniques locales, elle visait à réinsérer la résurgence maronite et la montée de l'émirat Shihabi dans le contexte d'une restructuration fondamentale de l'administration provinciale par les autorités ottomanes. Si le féodalisme fiscal ottoman permit d'abord l'établissement de différentes dynasties hétérodoxes dans tout le haut-pays libanais, son déclin au xviii e siècle marqua à la fois l'émergence d'une nouvelle classe d'entrepreneurs commerciaux chrétiens et l'échec des familles de fermiers d'impôts traditionnellement chiites. »
L'héritage ottoman dans les recompositions de l'identité musulmane/bochniaque
2005
Dans les annees 1990, les recompositions de l'identite musulmane/bosniaque ont entraine une reinterpretation du passe ottoman de la Bosnie-Herzegovine. Les Musulmans/Bosniaques insistent sur leur identite europeenne et refusent unanimement d'etre consideres comme "Turcs", mais sont plus ambivalents et divises dans leur relation au passe ottoman. Toutefois, la question la plus importante et la plus delicate dans la construction d'une nouvelle identite nationale musulmane/bosniaque reste celle de l'islamisation, qu'il s'agit d'inscrire dans une continuite historique et de legitimer dans un contexte hostile.
Frontières religieuses à l’époque moderne, 2013
Nous savons désormais qu'une frontière, au sens concret comme au sens figuré, n'est pas un fait donné une fois pour toute, mais un instrument employé à construire et à remodeler des identités. C'est le lieu du conflit, mais aussi de l'échange, où se transforme et s'aménage constamment la définition d'un groupe par rapport à un autre. Il est donc vain, comme cela a été longtemps le cas, et comme cela se pratique encore, notamment à propos des chrétiens orientaux, de partir à la recherche de la nature essentielle et atemporelle de chaque groupe. La place des chrétiens dans l'Islam n'est pas donnée une fois pour toute, à travers un certain nombre de prescriptions. Elle est amenée au contraire à se déplacer au gré du contexte. D'autre part, elle n'est pas seulement déterminée par un face à face entre chrétiens et musulmans : la posture des membres d'une confession chrétienne par rapport à une autre est souvent plus déterminante dans la définition discursive d'une identité que celle qu'ils adoptent face aux autorités islamiques ou au groupe musulman majoritaire.
L'Église maronite, une identité prophétique et pontifex 1
A partir des cinq grands chapitres du texte synodal concernant l'identité de l'Église maronite, je vais dévoiler l'aspect prophétique et pontifex de son implantation historique et providentielle au Mont Liban, terre d'accueil et de mission monothéiste. 1. Une Église antiochienne syriaque à patrimoine liturgique propre 2. Une Église chalcédonienne 3. Une Église patriarcale à cachet ascétique et monastique 4. Une Église en pleine communion avec le Siège apostolique de Rome 5. Une Église incarnée dans son milieu libanais, oriental (multiconfessionnel) et dans les pays de l'expansion (diaspora maronite) Ces cinq grands titres de l'identité maronite vont être réinterprétés à la lumière de la vie pratique des Maronites. Une nette trilogie dont le premier angle est le foyer familial en ouverture horizontale très serrée avec la terre, lieu de labeur et de sanctification, pour renouer finalement avec l'angle de la foi et de la reconnaissance en Dieu Un et Trine, à l'intérieur même d'une structure ecclésiale où Marie trouve une place prépondérante comme Mère et Reine du Mont-Liban. 1. Etymologiquement, le mot est composé de pons (« chemin, pont ») et-fex de facio (« faire »). Le sens devient : « celui qui fait le pont [entre les dieux et les hommes]. En effet, un pont est aussi "ce qui relie. Le pontifex pourrait donc être aussi, de manière symbolique, celui qui établit le lien (religio) entre les hommes et les dieux. Cette conférence a été donnée à Ludwigshahen, Allemagne, pendant le Symposium du quatrième dialogue Germano-Libanais : Nation, Identité, Culture en Orient et en Occident et l'Avenir des minorités et des majorités : l'Unité dans la Complémentarité du 4 au 7 juillet 2013.
Proche Orient Chrétien, 2020
This article aims to revisit the impact of relations between Rome and the Maronite Church on his religious identity in the 16th century. The starting point is the manuscript kept in Florence (BNCF) of the Missale Chaldaïcum, one of the first publications in the West of Maronite liturgical books. This Missale drew a lot of ink from researchers who did not always agree on its history and impact. The author of this article intends to reopen the file, moving away from generalizations of catalogs and carrying out a detailed analytical update of the codicological data offered by the manuscript examined, focusing mainly on the marginal notes. We are in the presence of a whole research which will lead to perceive the identity of the Maronites of Mount Lebanon in the 16th century, starting from the liturgical reality that they lived. This reality which has been altered by the publication of the Missale, and which can only be identified by a comparison with the Florentine manuscript. On the other hand, the codicological observations and analyzes carried out by the author show a progression of knowledge in Rome concerning the liturgy and oriental theology.
Les moines maronites et le Saint-Siège
Au XX° siècle, Pie XI, lança les travaux d’un code canonique commun à toutes les Eglises Orientales, calqué sur celui de 1917. En 1938, de nouvelles constitutions communes pour les trois Ordres monastiques maronites remplacèrent les anciennes règles et constitutions. Les moines maronites étaient invités à mettre à jour leur mode vie conformément aux nouvelles constitutions. Pie XI pensait que « La promulgation du droit canonique oriental devrait aider les catholiques d’Orient à perfectionner leurs organisations […] Et que les institutions monastiques auraient avantage à connaitre quelques-unes des expériences des instituts latins. »
Saint Charbel Maklhlouf was a monk belonging to the Maronite Church, the first denomination, considering its number as well as its political weight, among the Christians in Lebanon. The Maronites have their autonomous Church, under the authority of a Patriarch whose see is located in Bkerke (Lebanon), but which is nevertheless a member of the Roman Catholic Church. This article does not mainly deal with the time in which Charbel lived (1828 – 1898), because there is very little to say about him during his live. It is more pertinent to focus on the discourses produced around him when his reputation reached a top, more than fifty years after his death, in a period going from council Vatican II and the first inter-communal struggles in Lebanon, to his canonisation, 1977, whereas the country got out the first violent phase of the civil war. The making of this Christian hero coincides with the emergence of other charismatic features in the political and religious context of the Arabic world in that period. Saint Charbel is rather an original figure in an Arab-Islamic context, overall because of his Roman Catholic stamp. But his consecration happened in a context which is not specific to the Maronite denomination: research of "authenticity" as opposed to "the Western influence", and production of a "national" and communal discourse. Not without some paradoxes.