‘A la lisière de l’humanité: les chiens, l’affect et la division des espèces dans l’Angleterre du XIXe siècle’ (original) (raw)
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Étude visant à démontrer que cette biographie parodique de l’épagneul de la poétesse Elizabeth Browning recèle une intuition de ce qu’observent aujourd’hui les neurologues sur la manière distincte dont chacun des deux hémisphères du cerveau appréhendent le monde (chez l’homme comme chez l’animal) : ces deux saisies distinctes sont le fondement d’un psychisme équilibré et créatif à condition qu’elles s’associent harmonieusement tout en gardant leurs spécificités ; mais le cerveau humain souffrirait d’un déséquilibre depuis la première révolution industrielle en occident. Flush l’épagneul peut être vu comme la figure woolfienne d’un hémisphère droit oublié, et son rapprochement avec ses compagnons bipèdes (intellectuels figures de l’hémisphère gauche dominateur) comme une tentative de rééquilibrage du psychisme humain par une réparation des liens avec sa part « animale ».
En 1914, Bruxelles ne compte pas moins de 700 000 habitants. Il s'agit, avec Anvers, d'une des plus grandes villes du pays. Mais bien que les voitures -et surtout les vélos -se répandent de plus en plus massivement dans nos rues, il ne faut pas s'y tromper ! i Le rythme de la capitale, à la veille de la Grande Guerre, est encore celui d'un autre siècle où les chevaux, les bestiaux, les chiens et même les oiseaux occupent une place centrale dans le développement quotidien de la ville.
Un fil à la patte : les animaux à Genève au XIXe siècle
2008
Un fil à la patte: les animaux à Genève au XIXe siècle Alors que dans la ville actuelle, la présence animale répond généralement à une fonction ornementale ou affective, l'agglomération du XIXe siècle est le lieu d'une cohabitation autre entre les hommes et les bêtes. A Genève comme ailleurs, cette cohabitation est conditionnée par un ensemble de règles et de pratiques, auxquelles l'architecture donne parfois corps. De la simple barrière au bâtiment en dur, ces constructions instaurent toujours une distance, qui varie bien évidemment selon les animaux qu'elles concernent. Héros rustique du film de Merian C. Cooper, le gorille King Kong est l'emblème par excellence d'une animalité inquiétante, surgissant là même où on l'attend le moins: la big city. Le lieu, bien entendu, n'est pas choisi au hasard. L'histoire des villes montre que celles-ci ont été globalement pensées conlre-nature, repoussant les limites d'un dehors sauvage et excluant de leur périmètre ce qui les menace. Il est tout aussi vrai, cependant, qu'au sein de l'espace urbain, une place a toujours été concédée aux bêtes1. Naturellement, cette tolérance varie d'une époque à l'autre, (luctuant au gré des nécessités, des goûts et des dégoûts. Car autant que d'écologie, la présence urbaine de telle ou telle espèce animale est fonction des sensibilités. Elle est aussi relative aux techniques, et à l'économie: pensons à l'importance de la traction animale avant l'avènement de l'automobile. L'étude qui suit propose de traquer les bêtes à l'échelle d'une ville et sur la durée d'un siècle. Elle vise plus précisément à mettre en lumière les structures d'accueil (ou d'exclusion) qui leur ont été destinées, autrement dit le rôle joué par l'architecture et l'aménagement urbain. Bestia non grata Dans une Genève encore fortifiée, c'est-à-dire jusqu'au milieu du XIXe siècle, la ligne de défense est une ligne de partage: de l'extérieur à l'intérieur, certains animaux passent de la légitimité à la clandestinité. Le Règlement général de police de 1837 stipule en effet: «qu'il est défendu d'établir, dans la ville, des pigeonniers, ainsi que des étables à nourrir des porcs, des lapins, des cochons d'Inde ou toute autre espèce d'animaux nuisibles à la salubrité de l'air»2. Il en va de même de l'élevage des poules et autres animaux do basse-cour. L'absence de plaintes dénonçant des porcheries intra-muros indique que l'interdiction à leur égard était respectée3. Parmi les indésirables, il faut aussi mentionner les bestioles unanimement considérées comme nuisiblesrats, chenilles, punaises. Là encore, les archives nous renseignent sur les mesures d'extermination, mais leur efficacité réelle nous échappe. L'échenillage effectué dans les promenades publiques, par exemple, semble d'une efficacité relative, tant la pratique est répétée. Ces exclusions sans appel du territoire urbain sont doublées de radiations circonstancielles. Certains animaux largement tolérés en ville, comme le chien ou le cheval, peuvent en effet être repoussés, ou plus simplement éliminés, lorsqu'ils sont atteints d'une affection contagieuse, rage ou morve. En ce qui concerne les chiens, l'individu errant, c'est-à-dire sans toit, est largement assimilé à l'individu malade. Afin de «purger la ville» des chiens vagabonds, l'Administration engage dès 1803 les propriétaires à pourvoir leur bête de plaque de laiton attachée au collier4. Aux autres, elle réserve l'empoisonnement ou l'assommement dans la rue, avant de prévoir un «local éloigné des habitations» pour les garder quelques jours et les éliminer s'ils ne sont pas réclamés'. Capturés par les valets de villequi remplacent les chasse-gueux de l'Ancien Régimeles chiens errants sont tout d'abord détenus dans une casemate, ouvrage militaire en contrebas du quartier de Saint-Antoine. Bruyant, l'établissement est déplacé au milieu du XIX' siècle dans une cabane située dans le fossé extérieur de Rive, puis, en 1869, dans une construction édifiée à l'emplacement du Musée d'art et d'histoire actuel, enfin à la Queue d'Arve, à bonne distance cette fois-ci de l'agglomération. De la typologie de ces bâtiments nous ne savons rien, ou presque'; seul nous est connu le nombre de bêtes abattues7.
Dans la mouvance des dernières évolutions historiographiques dans le champ de l’histoire des animaux, cet article vise à introduire davantage de symétrie dans l’attention prêtée aux hommes et aux bêtes. Prenant pour exemple le cas du jardin zoologique de Londres, fondé en 1828, qui fait longtemps figure de modèle, il s’attache à mettre en évidence les évolutions qui marquent l’approvisionnement de l’institution en animaux ainsi que les infrastructures au sein desquelles vivent les bêtes, spécialement les primates. Il montre que, si la perception des difficultés de la vie captive par les hommes forme une permanence de l’histoire du zoo, les réponses apportées à celles-ci varient au cours du temps, de l’indifférence à la quête croissante d’améliorations. Malgré ces dernières, les recherches contredisent toute lecture finaliste, en mettant en évidence plusieurs permanences jalonnant l’histoire de l’institution.
Revue d'histoire du XIXe siècle, 2017
À partir de l’analyse des controverses qui agitent l’espace public britannique à la croisée des XVIIIe et XIXe siècles autour du jeu populaire du bull-baiting, il s’agit de restituer le processus d’affirmation de la première déclinaison de l’idéologie « animaliste ». Les critiques et conflits croissants que suscite la violence du sport mettant en scène l’affrontement d’un taureau et d’une meute de chiens bulldogs, ont en effet contribué à façonner l’idée de représentation politique des bêtes, dans le sens d’une focalisation exclusive sur les pratiques et relations aux animaux des membres des classes populaires. La démonstration s’opère en deux temps. Sont d’abord étudiées les dynamiques qui affectent l’équilibre et les mécanismes de la configuration du jeu du bull-baiting, contribuant alors à dé-compartimenter et à mettre au jour la brutalité intrinsèque au sport. On examine ensuite la politisation du rituel violent dans les premières années du XIXe siècle, politisation qui s’opère à l’aune de l’évolution des rapports de force au sein du parlement et du champ du pouvoir britannique.
Revue Semestrielle de Droit Animalier (RSDA), 2020
Qu'est-ce que la domestication si ce n'est l'inauguration d'une césure entre les animaux que l'homme parvient à asservir à la satisfaction de ses besoins et les animaux qui se maintiennent loin de lui et échappent plus ou moins durablement à cette emprise ? Le processus instaure en effet deux catégories d'animaux en une dichotomie devenue classique : les domestiques et les sauvages. La 6 e occurrence de l'entrée « domestique » dans l'édition du dictionnaire Littré de 1874 est explicite : « en parlant des animaux, il se dit par opposition à sauvage. » Sans aucun doute, cette distinction opère comme une summa divisio dès que l'on aborde la question des relations entre hommes et animaux. Alors que, d'un point de vue zoologique, on distinguerait prioritairement entre mammifères et ovipares ou entre les animaux selon leur espèce, leur milieu de vie ou leur alimentation, la relation homme-animal se jauge en fonction d'une plus ou moins grande proximité entre l'homme et les animaux. Pour le plus grand nombre des animaux dits domestiques, cela se traduit par leur mise en dépendance et leur exploitation. La domestication de l'animal s'engage en effet à l'initiative de l'homme, au dépend de l'animal.
2014
The following argument dog-legs through Woolf’s canine writings to Derrida’s naked feline encounter, and revisits (or pisses on the post of) his quarrel with Lacan over Poe’s “The Purloined Letter” with the purloined gaze of Poe’s silent (missing) lynx. To cut to the chase, the contention of this paper is that in the staged opening, “In the beginning”, of The Animal That Therefore I Am , in his parable of his naked encounter with the gaze of his silent ‘little cat’, who is of course no “figure of a cat”, and not an “allegory”, Derrida is hiding his ancient but unchanged debate with Lacan over “The Purloined Letter”, in plain sight. Le propos qui suit emboite le pas des ecrits canins de Woolf puis celui de la rencontre feline de Derrida, et revisite (maniere de marquer son territoire) la querelle de Derrida avec Lacan au sujet de « La Lettre volee » a l’aide du regard derobe du lynx silencieux (manquant) de Poe. Pour aller droit au but, mon propos vise a montrer que dans l'ouvert...