AAC Les usages politiques et sociaux de l'insulte (original) (raw)
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2024
Omniprésente dans la vie politique, l’insulte a curieusement peu retenu l’attention des politistes, du moins dans l’espace francophone. Après avoir étudié les raisons de ce désintérêt, cette introduction entend montrer, en s’appuyant sur les travaux d’autres disciplines (sciences du langage et histoire notamment), que loin d’être un phénomène anecdotique, l’insulte met en jeu des questions politiques cruciales abordées dans les contributions réunies dans ce volume.
Les conditions sociales de l’efficacité performative de l’insulte
Empan, 2021
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« "La violence verbale comme un exutoire. De la fonction sociale de l’insulte"
Signes, Discours et Sociétés [en ligne], n°8. La force des mots : valeurs et violence dans les interactions verbales, http://www.revue-signes.info/document.php?id=2614\. , 2012
La violence verbale est la manifestation d’une transgression des normes et d’une rupture du dialogue. Parmi ses formes, l’insulte est caractérisée par le recours à des termes dévalorisants ou méprisants envers un interlocuteur ou une tierce personne. L’objectif de la contribution est de comprendre la fonction sociale de l’insulte sur les forums internet dans le contexte de la crise ivoirienne de 2011. Les insultes dans le discours ont différentes formes syntaxiques. Elles sont de formes simples comme les substantifs du type des appellatifs axiologiques ou de formes composées. Les phrases de type impératif où le sémantisme des verbes dénote l’imprécation peuvent traduire des insultes. Du point de vue discursif et stylistique, les accumulations, la métaphore, la comparaison, l’hyperbole, la métonymie, la périphrase et les hypocoristiques sont des formes de l’insulte. Elles sont aussi tirées des langues locales. Les insultes sont échangées entre deux groupes clairement identifiés : les pro-Gbagbo et les pro-Ouattara. Elles manifestent chez les cibles des carences : bêtise, ignorance, lâcheté, déficit d’humanité, d’humilité... projetant ainsi, un idéal d’individu ou de norme qui lui ferait défaut. Pourtant, le comportement des internautes autorise une autre interprétation de la violence verbale. Les insultes sont des symboles de la liberté d’expression. Elles ont aussi, une fonction cathartique. Elles deviennent alors rituelles ; c’est le cas avec les « tokpè » où les locuteurs s’envoient des insultes mais qui ne sont pas ressenties comme telles ou des « gâte- gâte», démonstrations rhétoriques en milieu urbain. Ces dernières sont un facteur de solidarité culturelle. Les forums sont un lieu de rencontre où la prise de parole est encore possible, même pour exprimer des désaccords. La violence verbale à travers ces insultes perd son intensité, car elle devient un élément de routine des conversations numériques.
La langue qui fâche : quand la norme qui lâche suscite l’insulte
Argumentation et analyse du discours, 2012
À ceux qui font de petites fautes (Victor Hugo) Devenir blessant, c'est s'écarter de l'objet de la querelle (parce qu'on a perdu la partie) pour se tourner vers l'interlocuteur et s'en prendre d'une manière ou d'une autre à sa personne. […] Mais lorsqu'on devient offensant, on abandonne complètement l'objet et on dirige son attaque vers la personne de l'adversaire : on devient donc outrageant, méchant, offensant, grossier. Ce sont les forces de l'esprit qui interpellent celles du corps ou celles de l'animalité […] (Schopenhauer, L'art d'avoir toujours raison, 1830-1831).
De l’identité à la mémoire : l’insulte comme « outil d’analyse sociolinguistique »
Dans cette contribution, je fais une présentation synthétique de mes travaux menés sur l’insulte depuis quinze ans afin de mesurer le chemin parcouru et de voir comment se sont progressivement élaborées des conceptions « utiles socialement » de l’insulte linguistique. De l’insulte comme « identité négative » à l’insulte comme outil sociologique et comme outil mémoriel, je propose un modèle susceptible, me semble-t-il, d’aider plus largement à l’analyse linguistique et discursive du poids et de la charge des discours sociaux. Ensuite, munie de ces conceptions, je ferai un focus sur l’insulte au féminin à travers des répertoires et dictionnaires d’insultes parus récemment, qui illustre parfaitement je pense les questions d’identité et de normes sociales évoquées ci après.
L'injure politique à l'ère du numérique
Langues et littératures. Revue du Groupe d'Études Linguistiques et Littéraires N° 27, 2020
Avec l’ère du numérique l’injure, comprise comme « axiologique négatif », trouve un cadre idéal d’expression politique à la fois très attractif et fort problématique, en raison notamment des possibilités de contournement des logiques d’endiguement juridique et de containment médiatique de la parole considérée comme « vulgairement dissidente ». Ironiquement, l’injure n’est pourtant pas seulement le fait de citoyens marginaux anonymes, isolés et non maîtrisables abusant de manière inadéquate, excessive et indécente de leur liberté d’expression et de protestation. Elle est également le fait de hauts responsables politiques, marabouts, artistes, journalistes et célébrités dont les «dérives langagières » sont diffusées et partagées sur les réseaux sociaux.
Interprétation des insultes et relations de solidarité
Langue française, 2004
This article focuses on the empirical domain of the solidarity uses of certain insults in different varieties of French (standard, Quebec, Burgundy) from diachronic and synchronie points of view. "Solidarity uses" refers to the usage of axiological terms as terms of endearment to mark social proximity between subjects. This value is signalled by morpho-syntactic, prosodie and mimeo-gestural features indicating the speakers disposition towards the addressee. These psychological and social parameters conspire to attenuate the axiological term's argumentative program, which however can never be entirely evacuated. This argumentative program is nevertheless subordinated to pragmatics, which remains necessary in order to evaluate the extent to which the conventional lexical meaning is maintained in these uses. The attenuation of conventional meaning under solidarity uses shows the relevance of relational and attitudinal notions for the negotiation of meaning. It further establishes that at least in some cases, the analysis of linguistic interpretation require a multidisciplinary approach, most specifically where the relation between Semantics and Pragmatics is concemed.
L'insulte dans la circulation à Lomé : des mots aux mots
Langues et littérature : GELL, 2020
The insult, a common phenomenon to many cultures, is also frequent in Lomé. In that city, insults are often uttered by taxi-motor riders, commonly referred to as ''zémidjans''. During their discursive practices, there are interactions between French, the official language, and the national languages, most represented in Lomé, thus denoting linguistic contact and cohabitation. What are the recorded linguistic forms? What are the different lexical creation processes derived from these forms? What interactions do they have between the languages involved? What impact do these insults have on speakers and their environment? What are the prospects for harmonious cohabitation between people? These are the fundamental questions this study is trying to shed light on. The corpus of this study was recorded during conversations in intersections and at certain taxi-motors’ parking locations in Lomé.