Les Cahiers Linguatek (LCL), Revue biannuelle du Centre de Langues Modernes Appliquées et Communication Linguatek, Université Technique « Gheorghe Asachi » de lasi (Roumanie), n°1-2 (original) (raw)

2017, Proverbes baoulé : forme et valeurs

Le proverbe en tant qu’art oratoire occupe un rôle raisonnable dans les conversions africaines. Il s’invite dans tous les débats entre adultes et jeunes. Compte tenu de son caractère hermétique, du point de vue sémantique, sa manipulation par les plus jeunes devant les adultes est fortement déconseillée. En effet, un mauvais usage devant ceux-ci est perçu comme un affront. En étudiant le proverbe baoulé, il s’agit d’analyser son mode de construction en comparaison à la phrase usuelle, c’està-dire celle (de structure IP) ayant cours dans les conversations de tous les jours. De fait, il convient de préciser que la construction de l’énoncé proverbial se démarque grammaticalement de l’énoncé verbal usuel par un usage répétitif d’aspects négatifs, d’énoncés verbaux hypothétiques, emphatiques et interrogatifs. En prenant pour repère le Principe du déplacement de constituants en position ergative (initiale), cette étude a permis de savoir que dans l’énoncé proverbial baoulé, le déplacement du sujet engendre, en lieu et place d’un pronom résomptif, un pronom référentiellement vide. Mais en dépit de cette violation flagrante du Principe de projection étendue, tel que prescrit par Chomsky (1987), l’énoncé reste grammaticalement et sémantiquement acceptable par l’usage. Pour rappel, pour être acceptable, un énoncé doit contenir un sujet pourvu sémantiquement. Le second volet de cette analyse a mis en exergue les valeurs éthique et didactique du proverbe.