Sur l’expérience liégeoise… : Commentaire au Colloque international « Psychopathologie phénoménologique. Dépassement et ouverture » - Liège 2017 (original) (raw)
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Comment et pour quelles raisons faire dialoguer la philosophie et la psychopathologie pour penser une psychopathologie phénoménologique féconde ? Ces rencontres internationales font le pari d’un dépassement des replis disciplinaires dans la perspective d’un dialogue avec la complexité inhérente aux sciences humaines. À l’heure des réductionnismes outranciers et des modélisations abusives repérables tant dans les pratiques que dans les théories psychopathologiques, l’enjeu sera d’ouvrir la réflexion à la richesse de l’expérience vécue dans et à travers la psychopathologie comme rapport au monde, à autrui et à soi-même. Si la philosophie et la psychopathologie ont, par le passé, entretenu des rapports étroits, il peut de nos jours paraître moins évident de faire dialoguer ces deux disciplines au sein même de la pratique (clinique et éthique) et de la réflexion (épistémologique et théorique). D’abord, les discours philosophiques peuvent sembler, aux yeux du praticien, ne laisser place qu’à des problèmes théoriques trop élaborés (ne rencontrant qu’imparfaitement la réalité des pathologies mentales et la singularité du sujet en situation). Ensuite, la spécialisation toujours accrue réclamée au sein de l’univers scientifique – entraînant pertes du dialogue et clivages disciplinaires – ne semble pas autoriser aux modes de pensée philosophiques un accès au terrain de la pratique clinique. Enfin, force est de constater que le paradigme actuel et dominant de la psychologie et de la psychiatrie reste imprégné par un discours scientiste tendant à réduire substantiellement, voire à nier, l’expérience vécue. L’objectif de ces rencontres internationales consiste à dépasser ces impasses apparentes en interrogeant les modalités selon lesquelles philosophie et psychopathologie peuvent entrer en dialogue et échafauder une « psychopathologie phénoménologique ». Cette discipline, historique et moderne, dont on comprendra l’adjectif « phénoménologique » comme un concept transcendant et non pas comme un cerclage disciplinaire, se donne pour objectif la compréhension de l’homme en situation et de ses modes de subjectivité. L’élaboration d’un savoir critique partagé qui émanera de ces échanges aura pour vocation de proposer des avancées dans les domaines de la description, de la compréhension et de la prise en charge des entités psychopathologiques en tant que manières d’exister mettant en jeu le rapport au monde, à autrui et à soi-même. Le dialogue que nous espérons créer en terres liégeoises est vaste et pourra se répartir sur les territoires de l’anthropologie philosophique, de l’éthologie, des neurosciences, de la socio-anthropologie et, bien évidemment, de la psychiatrie et de la psychologie cliniques. Ces champs du savoir prendront pour point d’ancrage l’événement de la rencontre intersubjective entre le praticien et l’individu affecté d’une psychopathologie. Tel est le sens fondamental de la démarche clinique entendue comme l’expérience de terrain qui détermine toute description psychopathologique. Trois axes thématiques seront développés : — Un premier axe consiste en la présentation d’études psychopathologiques consacrées à la schizophrénie, la dépression, les états maniaques et mélancoliques, mais aussi la personnalité borderline, l’anorexie, la psychopathie, la paranoïa, la personnalité perverse, les toxicomanies, l’alcoolisme, etc. La particularité de ce premier volet est de mettre à l’avant-plan l’aspect phénoménologique de ces diverses expériences dans une perspective intégrant les dimensions diagnostiques, pronostiques ou thérapeutiques. — Un deuxième axe interroge les apports des différents systèmes philosophiques (Phénoménologie, Daseinsanalyse, Psychanalyse, Herméneutique, etc.) à l’étude des sémiologies psychopathologiques, aux réflexions diagnostiques, aux perspectives prophylactiques ainsi qu’aux actes thérapeutiques. — Un troisième axe vise le déploiement, dans une perspective réflexive globale, de la contribution d’autres champs du savoir pour produire des avancées dans la compréhension de l’humain. Ainsi, par exemple, nous interrogerons les apports tant méthodologiques que descriptifs de l’anthropologie, de la sociologie ou des neurosciences, la psychologie projective (test de Rorschach, TAT , etc.), la criminologie, la place de l’émotion ou des conduites de liberté, l’étude de syndromes méconnus, etc. L’ambition de ce colloque est de réunir des spécialistes de renommée internationale issus du monde universitaire ainsi que des praticiens de terrain afin qu’ils puissent apporter leur précieuse expertise clinique au débat. Dans cet horizon d’ouverture et de recherche d’hétérogénéité, les participants au colloque pourront s’exprimer dans la langue de leur choix, mais devront fournir au préalable un texte en français qui sera distribué à l’assemblée ou utiliser un média (PowerPoint) en français qui sera la langue de référence du colloque. Cette disposition permettra aux univers académiques et cliniques de nouer au mieux le dialogue. Les propositions de communication sont attendues pour le 1er mai 2017 (réponse fin juin) et doivent être envoyées à l’adresse suivante : info.psychopatho-pheno@ulg.ac.be. Elles ne devront pas dépasser les 300 mots et seront accompagnées d’une brève présentation du ou des auteurs.
Colloque international Psychopathologie phénoménologique - Programme complet
Pré-colloque » À L'AN VERT (Rue Mathieu Polain, 4 à 4020 Liège) 20h Image et invisibilité de la clinique contemporaine Carte blanche à François MONVILLE et Gérald DESCHIETERE… Modération : Maud HAGELSTEIN (ULiège) François MONVILLE (Ecotone, ISoSL) et Gérald DESCHIETERE (Unité de crise et d'urgences psychiatriques des Cliniques universitaires Saint-Luc, UCL) MERCREDI 13 SALLE THIRY (Opéra) 13h30 Perspectives Anthropophénoménologiques pour les troubles non psychotiques. Trois questions de psychopathologie phénoménologique dans les névroses et personnalités pathologiques Georges CHARBONNEAU (Université Paris Diderot) SALLE THIRY (Opéra) : Session «Corps et sensation» Présidence Ch. MORMONT
Programme colloque international Psychopathologie phénoménologique Dépassement et ouverture.pdf
Pré-colloque » À L'AN VERT (Rue Mathieu Polain, 4 à 4020 Liège) 20h Image et invisibilité de la clinique contemporaine Carte blanche à François MONVILLE et Gérald DESCHIETERE… Modération : Maud HAGELSTEIN (ULiège) François MONVILLE (Ecotone, ISoSL) et Gérald DESCHIETERE (Unité de crise et d'urgences psychiatriques des Cliniques universitaires Saint-Luc, UCL) MERCREDI 13 SALLE THIRY (Opéra) 13h30 Perspectives Anthropophénoménologiques pour les troubles non psychotiques. Trois questions de psychopathologie phénoménologique dans les névroses et personnalités pathologiques Georges CHARBONNEAU (Université Paris Diderot) SALLE THIRY (Opéra) : Session «Corps et sensation» Présidence Ch. MORMONT
2019
À l’université de Liège, nouvellement créée (1817), l’enseignement de la psychologie, branche de la philosophie, précéda, et de loin, l’enseignement de la clinique des maladies mentales qui n’apparut clairement identifiée qu’en 1893 (Xavier Francotte, 1854-1931). Avant cela, cet enseignement n’était qu’un « enseignement oral, constitué de quelques leçons du cours de pathologie et thérapeutique des maladies internes », pompeusement nommées « Pathologie et clinique spéciale des maladies mentales » et attribuées à Jacques Frankinet, en 1835.
Psychopathologie phénoménologique : Apports contemporains et défis futurs
Neurone, 2017
Cet article retrace l'historique de la psychopathologie phénoménologique, née il y a 100 ans, et fait la synthèse des apports de la phénoménologie à la psychopathologie. Il a pour objectif, d'une part, de présenter l'un des apports récents de la psychopathologie phénoménologique à la connaissance d'une maladie mentale incontournable, à savoir la schizophrénie et, d'autre part, de souligner les défis et d'esquisser les perspectives et projets que cette discipline renaissante semble susciter.
2017
Arnaud Dandieu (1897-1933), théoricien du groupe personnaliste Ordre Nouveau, s’appuya comme Merleau-Ponty sur la psychiatrie phénoménologique d’Eugène Minkowski (1885–1972) pour prolonger Bergson tout en contestant les termes de son opposition entre durée vécue et espace abstrait. L’identification clinique par Minkowski d’un espace vécu procède déjà d’une approche phénoménologique de l’âme dans son lien charnel au monde. En une sorte de cogito de la chair, Dandieu peut alors refonder la pensée sur l’expérience psychophysique du réel comme tension féconde entre «l’autre en tant qu’autre» et «l’autre en tant que semblable», dont les points-limites seraient l’exclusion schizoïde et la participation syntonique.