Compte rendu du livre de Giuliano Danieli : « La musica nel mecenatismo di Ippolito II d’Este », Lucca, De Sono-LIM, 2018, 235 p., sur le site de la Société française d’étude du Seizième siècle (en ligne le 01/12/2021) : https://sfdes.hypotheses.org/2947 (original) (raw)
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Grands mélomanes et protecteurs de musiciens méconnus, les princes-cardinaux Alessandro d’Este (1568-1624) et Maurice de Savoie (1593-1657) occupent une place toute particulière dans le paysage culturel romain entre 1620 et 1627. En effet, ces prélats ont contribué à façonner la géographie urbaine, sociale et musicale de Rome à travers les espaces de sociabilité qu’ils ont créés ou fréquentés (palais, chapelles, églises, places, jardins ou encore villégiatures). Ces lieux étaient le théâtre d’une vaste activité musicale et culturelle grâce à laquelle se nouaient réseaux ecclésiastiques et réseaux séculiers dans un but d’affirmation politique, sociale et de l’identité nobiliaire. Ces cardinaux ont ainsi favorisé la production d’événements artistiques, miroirs de leur magnificence, ainsi qu’une circulation musicale singulière (musiciens, répertoires et styles musicaux, instruments de musique) entre leurs nations d’origine et la Ville éternelle. La présente communication propose d’étudier les significations culturelles et sociopolitiques des pratiques musicales qui s’inscrivent dans l’espace urbain. Pratiques musicales que l’on peut comprendre en tant qu’expérience musicale collective insérée dans un dispositif politique. Notre hypothèse est que l’expérience musicale, plus que les autres arts, dépasse sa fonction ornementale, qu’elle est partie prenante dans le « Grand théâtre du monde ». Ainsi, cette approche, à l’intersection de l’histoire sociale et de l’histoire culturelle, vise à penser l’histoire de la musique comme celle de l’influence sociale des évolutions des formes culturelles.
Ogni famiglia la sua storia. Dunque ogni archivio il suo sistema, il suo vincolo, in una costellazione infinita di casi, sembrerebbe. Eppure dalla nostra esperienza filtra la possibilità di un vincolo generalizzabile o perlomeno, di un percorso interlocutorio con le carte, anche le più disaggregate, che non dissolva l'ipotesi di un procedere sistematico, da proporre come piattaforma per i molteplici casi archivistici » 1 .
2021
In the role of Ferrarese Cardinal-Protector of France and Papal Legate, Ippolito II d’Este (1509-1572) spent a large amount of time traveling back and forth between his palaces in Italy (Rome, Ferrara) and France (Fonainebleau). In his diplomatic journeys, he was always escorted by large retinues of officials and artists, which enhanced his “magnificent” princely image and his political reputation. Accordingly, Ippolito’s household was continuously re-organised and fragmented: in each diplomatic mission, the cardinal selected a number of excellent servants to be accompanied by, and left the remaining courtiers in his other palaces, thus creating a complex system of parallel sub-courts, whose members could meet the taste and requirements of Ippolito’s important guests or hosts. In this paper, I examine the “mobility” of Ippolito and his court(s) during the most intense years of his political career, by focusing in particular on the complex history of the cardinal’s cappella musicale. Data derived from extensive research carried out at Modena’s Archivio di Stato show Ippolito’s criteria in selecting the most suitable cantori for each diplomatic mission, and the effects of these choices not only on the structure of his musical entourage over the years, but also on the form of his household as a whole, and on the cultural worlds which Ippolito and his court were part of. I claim that Ippolito’s frequent re-organisation of his sub-courts and cappelle musicali responded to the need of mediating between different musical-cultural tastes and political needs, with continuous negotiations and exchanges with the French, Roman and Ferrarese environments. My analysis applies the theoretical frame of the “mobility studies” to the research on the early modern musical patronage, with the ultimate aim of destabilizing static narratives about the Renaissance courtly life and of showing the role of cultural and musical mediators played by sixteenth-century diplomats.
Questo saggio è incentrato sulla figura del cardinale Annibale Albani come mecenate. Il contributo intende fare luce sulla diversità e complessità del mecenatismo musicale in un periodo storico particolare (quello della lotta contro il nepotismo), e quindi sullo stretto legame fra musica e affermazione ecclesiastica, fra il programma religioso di papa Albani e quello di suo nipote. Ciò consente di individuare un'altra forma di committenza nobiliare (in questo caso mecenatismo ecclesiastico), ma sempre fondata su rapporti clientelari, richieste di protezione e eventi musicali. Un aspetto rilevante che emerge dalla corrispondenza del porporato è la sua influenza sulla vita musicale di Roma, Urbino e Pesaro. Le lettere ci permettono di ricostruire il circolo musicale e religioso intorno al cardinale, offrendo nuove informazioni biografiche su vari compositori e musicisti, tra i quali spiccano sicuramente Alessandro Scarlatti, Paolo Benedetto Bellinzani, Agostino Tinazzoli, Giovanni Battista Martini e molti altri.
Cet article propose une analyse inédite des dispositifs musicaux mis en œuvre à l’occasion des élections abbatiales dans les abbayes prémontrées des circaries de Brabant, de Floreffe et de Flandres au 18e siècle. D’une importance cruciale dans l’histoire respective des abbayes, ces élections qui, en même temps qu’elles se conforment strictement à un déroulement ritualisé, révèlent aussi les particularités locales, s’articulent plus spécifiquement autour de trois moments : l’élection, l’installation et la bénédiction du nouvel abbé. Comme le démontre cet article, chacune de ces trois étapes successives bénéficie d’une présence musicale propre qui se décline essentiellement dans le chant liturgique et dans une variété de divertissements musicaux destinés à rehausser la solennité de l’événement. Des trois étapes du processus d’élection, la bénédiction abbatiale est sans conteste celle pour laquelle les abbayes recourent au dispositif musical le plus élaboré : en contrepoint aux usages liturgiques traditionnels, de nombreux divertissements en musique pouvaient avoir lieu, qui se déclinaient de la simple chansonnette à l’organisation de véritables concerts organisés en l’honneur du nouvel abbé. Sur la base d’un examen approfondi de plusieurs cas d’étude, cet article révèle la grande diversité des pratiques, mais surtout, il met en évidence les similitudes que partagent ces concerts abbatiaux avec le modèle mieux connu et mieux étudié du concert aristocratique. Ces deux formes partagent en effet une culture commune d’utilisation de la musique à des fins politiques, ainsi que des valeurs d’autocélébration du pouvoir, d’exaltation des vertus et du lignage, et la libéralité du mécénat artistique.
2020
Les correspondances où il est question de musique dans l’Italie du début du XVIIe siècle sont pour la plupart destinées à des princes et à leurs agents diplomatiques dans le but de régler des affaires concernant les déplacements, les candidatures – nécessitant des recommandations – et la rémunération des musiciens. Ces lettres concernent également la préparation de spectacles (privés, publics, profanes et religieux), la commande de partitions ou d’autres demandes pratiques (l’obtention d’une faveur ou celle, plus prosaïque, de papier à musique). Ces documents manuscrits à caractère privé montrent également la manière dont la volonté d’harmoniser le quotidien à travers la pratique musicale va de pair avec l’idée de gouverner à distance. En effet, les allusions musicales dans les échanges épistolaires se trouvent souvent insérées dans les affaires politiques et diplomatiques des personnages nobles. La lecture de quelques-unes de ces lettres montrera la diversité des liens sociaux qui unissent les musiciens à leurs patrons et permettra de vérifier que les effets d’innovation et de conservation (les temporalités) en musique, sont liés, dans le cas du mécénat à distance, aussi bien au caractère fonctionnel des pratiques musicales qu’aux goûts des commanditaires. Ces exemples confirmeront ainsi que la musique (sa création, sa transformation et sa diffusion) et la politique sont étroitement liées.