L'art comme matrice narrative : 'Roman' de Yannick Haenel (original) (raw)

Yannick Haenel, la littérature pour absolu

Hermann, 2020

Quatrième de couverture : Yannick Haenel est une personnalité hors norme dans le paysage culturel. Son travail est une lutte pour faire une place à des valeurs souvent dénigrées : le besoin de sens, d’émerveillement, d’intériorité, de beauté, de désir ; il se démarque ainsi du pessimisme qui plombe un bon nombre d’œuvres contemporaines. Il offre un exemple de réflexion constructive sur le rôle éthique et politique nécessaire de la littérature et de l’art face aux pages douloureuses qu’écrivent l'Histoire et l’actualité. Il fait entendre une voix qui, malgré le malheur, relance le droit à la vie avec gravité autant qu’avec humour. Son but : engager vers un « retour des temps désirables ». À aucun moment il n’est question de nier la noirceur, mais de perpétuellement évoluer parmi les avalanches. Yannick Haenel ne cesse ainsi de proclamer et de vivre la littérature comme un facteur d’énergie et une joie imprenable.

Yannick Haenel, Renart contemporain

À L'épreuve, 2021

Il s’agit d’analyser la manière dont l’écrivain français Yannick Haenel a fait de la figure de Renart, dont il se revendique ouvertement et se veut l’héritier, un socle créatif mais avant tout postural. Il est dès lors question de voir comment la filiation imaginaire à cette figure culturelle spécifique conjugue un faisceau de traits singuliers ; comment l’auteur de Cercle (2007) la réinvestit de multiples manières, mais tout particulièrement dans la construction de sa persona littéraire, lui qui fait de la mise en texte de soi une assise ontologique. On souligne donc la manière dont, se revendiquant de la lignée de Renart, Haenel promeut une écriture « invent[ant] des ‘lignes de fuite’ luttant contre l’Un-sens immobile et fixé » (Grossman), de même que la manière dont la filiation fabulée, inscrite sur un plan imaginaire et charpentée au gré de l’édification de l’œuvre de l’auteur, se fait l’embrayeur d’une relance existentielle, d’un redécoupage des sphères d’expérience, et s’offre par conséquent, en servant un dessein autant politique qu’esthétique, comme un appel d’air, comme un élargissement des possibilités de vivre. Article consultable en ligne : http://alepreuve.org/content/yannick-haenel-renart-contemporain

Yannick Haenel et le cinéma. De la palpitation des images à la traversée de l’écran

French Forum, 2021

Yannick Haenel est un écrivain français cinéphile qui intègre ainsi de nombreuses références à des films dans ses textes. Le cinéma est un art important pour l’auteur de Cercle (2007) qui, au même titre que la peinture ou la musique, imprègne de manière non négligeable ses écrits où il est appréhendé comme un réservoir de puissantes expériences sensibles et réflexives. Cette dynamique est tout particulièrement à l’œuvre dans Tiens ferme ta couronne (2017), dont une des trois parties est précisément intitulée « Des films » et où la figure du cinéaste américain Michael Cimino, frère de cœur et d’esprit du personnage principal aussi narrateur, se révèle prépondérante. C’est en effet ce roman qui célèbre le plus intensément les noces entre le cinéma et la littérature, pour reprendre une formule employée par l’auteur lorsqu’il s’est vu remettre le prix Médicis pour ce livre. On s’arrête dès lors, dans le cadre de cet article, sur ce texte spécifique afin de voir quel imaginaire filmique il déploie et fait vibrer, comment littérature et cinéma s’y entrelacent, en activant notamment la tension visible-invisible depuis laquelle s’opère une singulière traversée de l’écran.

Du mur à la page. Poétique du graffiti dans 'Les Renards pâles' de Yannick Haenel

Mémoires du livre/Studies in Book Culture, 2016

[Article disponible en ligne à l'adresse suivante : http://www.erudit.org/revue/memoires/2016/v8/n1/1038033ar.html\] Que se passe-t-il lorsque la « littérature sauvage » trouve des passeurs dans le champ institué? Tel est le cas des graffitis dans l’oeuvre de Yannick Haenel, au sein de laquelle des phrases rapportées occupent toujours un rôle central, constituant la force motrice de l’écriture. Plusieurs de ses romans (Cercle, Les renards pâles, Je cherche l’Italie) intègrent à leurs intrigues des tags qui proviennent des murs des villes que parcourent les narrateurs haeneliens. Les Renards pâles, publié en 2013, exploite tout particulièrement ce processus. Les différents graffitis retranscrits et insérés dans la textualité du roman, loin de perdre leur statut « sauvage » en rentrant dans le rang de la forme livresque institutionnalisée, viennent, en tant que « phrases-talismans » investies d’une puissance sacrée, nourrir et renforcer l’aspect « vif » de l’écriture de l’écrivain français. Cette pratique scripturale singulière se voit également insuffler une portée politique – elle permet de rejouer deux notions déterminantes du politique : l’identité et la communauté –, mais surtout révolutionnaire et anarchique, en ouvrant à une autre voie, celle du symbolique. // PLAN : Un réseau de phrases – élan vital, force sacrée ; Portée politique – « de l’autre côté » ; Retour de l’origine – le symbolique, le poétique.

« André Chastel et "Le sac de Rome" comme récit », M. Métayer, A. Sotropa (éd.), Le récit de l'histoire de l'art. Mots et rhétoriques d'une discipline, Le Kremlin-Bicêtre, 2017, p. 157-178

En entreprenant d’écrire une histoire du sac de Rome, Chastel marque sa différence avec l’École des Annales pour laquelle, en dehors de la « longue durée », il n’y a point de salut. Pour autant, en focalisant son attention sur cet événement marquant de l’histoire de l’Italie, Chastel n’entend pas renouer avec la vieille histoire événementielle et positiviste qui fut justement critiquée par les historiens des Annales. Bien au contraire, l’histoire de l’imaginaire qu’il propose, par sa forme et ses ressorts diégétiques, semble tirer profit des réflexions historiographiques les plus neuves et les plus critiques à l’égard du positivisme : celles de Paul Veyne, de Michel de Certeau ou de Carlo Ginzburg. Au renfort de documents d’archives et par une lecture serrée des opérateurs narratifs du Sac de Rome, nous espérons montrer que, selon Chastel, l’écriture de l’histoire de l’art (et plus généralement celle des images) ne peut faire l’économie d’une « mise en intrigue ».

Introduction : Le roman sur l’art, à la croisée de la fiction et du discours critique

Revue de littérature comparée

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« Cap au libre ! ». Au sujet de l'oisiveté dans l'œuvre de Yannick Haenel

Projections. Revue culturelle plurielle, 2017

Avec la faculté d’extase, l’oisiveté peut être saisie comme la manière d’être patentée et même revendiquée des narrateurs des différents textes de Yannick Haenel. Seront ici explorés les traits constitutifs du régime d’être oisif qui, dans l’œuvre de l’écrivain français, s’établit entre errance, vide, et rejet de l'économique. Nous verrons, à l’avenant, comment cette modalité existentielle est également lisible à la lueur d’un enjeu politique spécifique.

Le Roman, une Histoire esthétique

Pour définir une bonne histoire, et ce que l'auteur de ces lignes considère comme constitutif d'une bonne histoire, il nous faut les étudier séparément, (I. Une expérience esthétique, II. Un récit intentionnel), afin de les réunir ensuite (III. Le récit esthétique d'une histoire). L'expérience esthétique s'intéresse aux effets (A) et au finalités (B) de l'histoire sur le lecteur. Le récit intentionnel utilise des outils dans un but de transmission (A), dont le choix est appuyé par la volonté du narrateur (B). Une histoire, pour être transmise au lecteur, va utiliser l'intentionnalité narrative dans l'esthétisme (A), afin d'obtenir un récit esthétique (B).

L'hymen des arts dans le livre Art Nouveau : amour de loin et union libre

Revue Romantisme, 2019

En 1890, Maurice Denis appelait de ses vœux une décoration du livre « sans servitude du texte » consistant en « une broderie d’arabesques sur les pages, un accompagnement de lignes expressives ». L’ornementation linéaire qui investit le livre à la fin du siècle semble mettre en œuvre ce programme. Le livre devient alors un lieu où s’expérimentent de nouveaux nouages entre les arts et où s’inventent de nouveaux rapports entre lisible et visible. De l’amour de loin mis en abyme par l’ornementation de Mucha pour Ilsée, princesse de Tripoli à l’union libre du vers libre et de l’arabesque dans les éditions Deman en passant par le corps à corps de la reliure nancéienne, l’Art nouveau nous incite à filer la métaphore de l’hymen des arts effectué en mineur dans le livre, considéré lui-même comme objet d’art.